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Célia Terki, athlète malvoyante: « Le sport m’a sauvé la vie »
À 22 ans, l'athlète handisport de l'US Talence s'entraîne pour les Jeux paralympiques de 2024. Déjà multi médaillée, elle a aussi un message à faire passer au sujet du handicap.
une jeune femme dans un stade avec des lunettes de soleil : Célia TerkiAurélien Marquot

La maladie de Célia Terki, une dégénérescence maculaire, lui a été diagnostiquée à l'âge de 9 ans.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/11/2023 PAR Manon Gazin

La voix posée, elle raconte son histoire, qui en inspirerait plus d’un. Elle décrit humblement son parcours, et le message qu’elle souhaite faire passer. À 22 ans, Célia Terki cumule les médailles d’or et d’argent dans sa pratique, l’athlétisme, et souhaite un jour créer une association pour les déficients visuels et les aveugles. Son prochain objectif ? Les Jeux paralympiques 2024.

La jeune athlète, originaire de Lyon, évolue au sein de l’US Talence. Son lien au sport remonte à son enfance, alors qu’on lui diagnostique une dégénérescence maculaire à l’âge de 9 ans. « J‘ai deux tâches au centre de ma vision, qui grossissent, » explique la sprinteuse. « Ma rétine est en train de se détruire petit à petit. » La maladie lui créé également une grande sensibilité à la lumière, qui lui cause des migraines. 

Mettre « toute sa frustration dans le sport »

Ses premiers symptômes « apparaissent à l’école. » Il lui faudra attendre « plus d’un an, » avant qu’un diagnostic ne soit posé, personne ne semblant prendre au sérieux ses douleurs à la tête. « J’ai vécu beaucoup de harcèlement, parce que je commençais à porter mes lunettes de soleil, et que je demandais beaucoup plus d’attention aux profs. » Puis, tout s’enchaîne. Elle est basculée dans une école spécialisée à Villeurbanne (Rhône), où elle découvre la pratique du sport : « J’y ai mis toute ma frustration. Je ne sais pas pourquoi, ça m’est venu directement. »

Aurélien Marquot

La jeune sprinteuse a déjà remporté de nombreuses médailles, et dédie son quotidien à l’athlétisme.

Elle s’essaye au torball (un sport de ballon destiné aux personnes déficientes visuelles), à l’escalade ou encore à la natation. Puis la course. « Pendant ma première course, j’étais guidée par ma prof de sport, parce que j’avais un peu peur de courir. Et au final, ça s’est super bien passé. » Son école l’encourage à s’inscrire dans un club d’athlétisme, et l’aide même à financer sa participation. « Un jour, il y a eu un stage national où on se faisait repérer par des entraîneurs. Il y avait un pôle sur Bordeaux. Et l’entraîneur du pôle m’a demandé si je voulais bien l’intégrer. »

« L’athlétisme m’a encore sauvée »

En 2018, encore adolescente, elle intègre alors le CREPS de Bordeaux, avant de participer l’année suivante aux Jeux Européens de la Jeunesse. Puis à ses premiers championnats d’Europe en 2020, et les championnats d’Europe Elite en 2021. « Le sport m’a sauvé la vie, » affirme la jeune femme. « Parce que je n’avais plus d’espoir. Le médecin m’a dit que j’allais perdre la vue, je ne savais plus quoi faire de ma vie. »

Elle cumule aujourd’hui un palmarès bien rempli : championne de France du 200 mètres en 2020, médaille d’or au meeting international Elite de Dubaï sur 400 mètres en 2022, première au meeting international Elite de Tunisie sur 100 et 400 mètres, médaille d’or au meeting international Elite de Suisse sur 400 mètres… entre autres.

Les championnats d’Europe Elite l’ont particulièrement aidée, alors qu’elle venait de perdre son père cette même année, raconte-t-elle : « Je n’avais plus du tout la force de continuer. J’étais vraiment au fond du gouffre. Et l’athlétisme m’a encore sauvée. »

Une revanche sur la vie

Aujourd’hui, le quotidien de la sportive est rythmé par les entraînements en vue des Jeux Olympiques : « C’est beaucoup de sacrifices. Tu dors athlé, tu manges athlé, tu vis athlé. » Mais elle l’affirme : cet objectif lui « tient à coeur. C’est aussi un combat pour montrer que je suis encore là. »

Une revanche, alors que sa déficience visuelle impacte grandement sa vie de tous les jours. « Je n’ai pas la même vie que les autres filles de 22 ans, » résume-t-elle. Faire ses courses lui prend « presque deux heures » et passer son permis, ou faire du vélo ou de la trottinette seraient pour elle « trop dangereux. »

Si elle ne vit pas de son activité sportive, la jeune femme peut compter sur le soutien de sa famille. Après s’être lancé dans un BTS Management commercial opérationnel (MCO), elle a préféré arrêter pour se consacrer à ses entraînements. « Je n’arrivais plus à suivre, et les cours n’étaient pas adaptés pour moi, » explique-t-elle. « En parallèle, j’essaye de faire des petites formations sur mon PC. Je fais aussi un peu de mannequinat. »

Passer un message positif

Au-delà de ses objectifs personnels, Célia Terki tient également à faire passer un message sur le handicap, notamment en intervenant dans les écoles. « J‘aurais adoré voir des personnes paralympiques venir dans mon école et nous dire qu’il y a de l’espoir, » affirme celle qui a elle-même été harcelée à l’école.

« J‘ai envie d’envoyer une image positive aux autres, qui sont peut-être dans la même situation que moi, » explique-t-elle. « Ne restez pas dans votre canapé, à ne rien faire, à écouter ceux qui vous disent que vous ne pouvez rien faire. Parce que ce n’est pas le cas. »

A-t-elle peur de concurrents en particulier pendant les JO ? « Non, moi je les attends, » répond-t-elle fièrement. 

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