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Célia Pelluet défie les lois de l’humour et de la matière
Célia Pelluet est chercheuse en physique quantique, primée au niveau national, et humoriste. Sur les scènes bordelaises, elle vulgarise les sciences, raconte son quotidien et plaide pour la place des femmes dans les domaines à dominante masculine.
Clémence Losfeld

La doctorante a reçu en octobre dernier le prix Jeunes talents France, décerné par la Fondation L’Oréal en partenariat avec l’Académie des sciences et l’Unesco.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/01/2024 PAR Manon Gazin

Quand elle n’est pas en laboratoire pour mener ses recherches en physique quantique, elle est sur les planches des comedy-club bordelais. À tout juste 27 ans, Célia Pelluet mène sa thèse sur l’universalité de la chute libre depuis l’espace, au sein de l’Institut d’Optique d’Aquitaine, à Talence. « En dehors de ça, je suis humoriste sur scène, et un peu musicienne », résume-t-elle simplement. 

Le 11 octobre dernier, la doctorante a remporté pour ses travaux scientifiques le prix Jeunes Talents, décerné par la Fondation L’Oréal avec l’Académie des sciences et l’Unesco. La chercheuse ne compte pas s’arrêter là. « J’aimerais me spécialiser vers les technologies quantiques pour l’espace », explique-t-elle. Tout en préparant son premier seule-en-scène, qui vise, entre autres, à vulgariser les sciences.

« Ça m’a tout de suite fascinée »

« Dès l’école primaire », la scientifique, qui est née et a grandi dans l’Ain, se passionne pour l’espace. « Ça m’a tout de suite fascinée […] J’avais une Barbie astronome, je lui avais fait un bureau où elle avait des photos de nébuleuses et d’étoiles sur les murs ». Elle est « la seule scientifique de la famille » comme elle le dit elle-même. Son père est kiné, sa mère infirmière ; des parents « qui nous ont éduqués à aimer travailler et à avoir un sens de la rigueur« , et qui l’ont toujours soutenue dans ses choix. 

Novespace

La chercheuse lors de la campagne de vol de mars 2022 de Novespace, qui permet la réalisation de vols paraboliques scientifiques.

« J’ai une sœur qui fait de la musique et une autre qui a fait Sciences Po ». Elle, très vite, comprend qu’elle veut « aller dans les laboratoires. Dès le collège, j’écrivais sur la fiche métier que je voulais devenir astronome« . 

Six mois dans le désert d’Atacama 

Après un cursus scientifique, et une école d’ingénieurs à Palaiseau (Essonne), elle entame une année de césure, qui va l’amener à passer six mois au Chili, dans le désert d’Atacama. Là-bas, elle effectue un stage avec les ingénieurs qui cherchent à améliorer le système du plus grand télescope terrestre, le Very Large Telescope. « J‘ai postulé à plein d’observatoires, et j’ai été prise dans celui de mes rêves« , résume-t-elle. 

Puis, pour son master et son doctorat, elle se dirige vers Bordeaux, à l’Institut d’Optique. « Ici il y a de la recherche en quantique et en spatial, des domaines qui m’intéressaient beaucoup ». Aujourd’hui, elle effectue donc ses recherches au Laboratoire de Photonique, Numérique et Nanosciences (LP2N) du campus de Talence.

En octobre 2023, elle a fait partie des 35 lauréates à remporter le prix Jeunes Talents 2023 de « Femmes pour la Sciences » par l’Académie des Sciences. « J‘étais surprise, parce que c’est un prix très compétitif« , raconte la doctorante. « Quand j’ai rencontré les 34 autres lauréates, je me suis rendue compte de la fierté de faire partie de ce groupe de chercheuses. J’y ai vraiment rencontré des femmes incroyables »

Clémence Bajeux

La jeune femme a plusieurs casquettes, dont celles d’humoriste et de chanteuse.

 

L’humour « un peu par hasard »

Quand la jeune femme n’étudie pas la science de la lumière, elle grimpe sur les planches des comedy-clubs de Bordeaux. Une passion qui lui est venue lorsqu’elle était en école d’ingénieurs, et qu’elle a participé au ZUPdeCO Campus Comedy Tour. Une expérience qui s’est faite « un peu par hasard« . 

« J’étais au Bureau des Arts et il fallait des candidats. On a écrit un sketch avec un pote un peu en urgence« , détaille Célia, qui a « toujours aimé faire du théâtre« . Le sketch plaît, et les deux candidats atterrissent en finale à La Cigale. Le désormais humoriste Paul Mirabel, qui était dans la même promo que les deux étudiants, remporte la compétition. Mais l’attrait pour la discipline et la scène ne disparaît pas : « J’ai vraiment pris le virus et j’ai enchaîné les scènes de stand-up« . 

« Souvent, on se sent seule »

Dans ses sketchs, dont on peut avoir un aperçu sur son compte Instagram, elle vulgarise les sciences, et parle de son quotidien de chercheuse, souvent en chanson. « J’aimerais vraiment que les gens ressortent de la salle en ayant moins peur de ce qu’est un chercheur« . Une dualité qu’elle « aime bien réussir à maintenir« . Même si, reconnaît-elle volontiers, dans ces deux milieux très masculins, en tant que femme, « on se sent souvent seule ».

« Il y a une dynamique bizarre quand on est la seule fille quelque part. Parfois, juste celle de ne pas forcément se sentir en sécurité. Notamment lors des conférences scientifiques. Et dans le stand-up, ça peut être les coulisses du plateau, où tu vas être avec six hommes », explique-t-elle. 

Des inégalités depuis toujours

Une situation qui la suit depuis ses études, durant lesquelles le nombre de filles dans ses promos a diminué au fil des années. « Dans mon labo, il y a une autre doctorante dans mon groupe de recherche. Sinon, ce ne sont que des garçons« . 

Des inégalités dans l’accès à ces filières qu’elle analyse dès l’enfance, y compris dans la sienne : « Par rapport à mes camarades garçons qui ont fait les mêmes chemins, moi, quand j’étais gamine, on ne m’a pas offert tout de suite un télescope, on ne m’a pas emmenée visiter des trucs de science.« 

A travers son stand-up, un signal est envoyé : « Sans trop le faire exprès, je pense que le message qui ressort, est qu’il ne faut pas mettre les gens dans des cases« . 

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