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Changer la loi pour sauver son métier ?
Être « simple » citoyenne et participer à la création d’une loi, c’est possible. La preuve ? Nadine Cavalheiro. Avec deux collègues, elle a pensé et rédigé une proposition de loi pour revaloriser leur métier de secrétaire de mairie.
une femme à son bureauSolène MÉRIC | Aqui

Nadine Cavalheiro, secrétaire général de mairie à Sallespisse dans les Pyrénées-Atlantiques

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/02/2024 PAR Solène MÉRIC

Raz-le-bol. « A entendre les gens, on ne fait rien de nos journées ! Beaucoup pensent qu’être secrétaire de mairie, c’est répondre au téléphone et gérer l’agenda du maire, alors que ce n’est pas du tout ça ! » lâche Nadine Cavalheiro, secrétaire de mairie à Sallespisse. Installée à son bureau, séparé par une porte (ouverte) de celui du maire, elle en est visiblement blessée. L’élu, pourtant, est le premier à le reconnaître : « Nadine, c’est simplement la personne la plus indispensable de cette mairie ! »

Toujours avec le sourire

Bien sûr, elle répond au téléphone, comme aux mails et aux courriers, et accueille « toujours avec sourire » les administrés. Mais elle navigue surtout de dossiers d’urbanisme en dossiers d’état-civil, de préparation de conseil municipal en finances publiques, de comptabilité en inscription aux écoles, de gestion de payes en compte rendu de réunion, et mille et un autres aspects techniques, administratifs ou juridiques de la vie de la commune.

C’est ça qu’elle aime d’ailleurs dans son métier : « passer du coq à l’âne, toucher à tous les domaines, être là pour les administrés… même quand c’est hors de mes attributions directes. » Une polyvalence du poste qui, c’est certain, empêche l’ennui. Le tout, en continuant à se former tous les mois : « les lois évoluent, on n’a pas d’autres choix que de se tenir au courant », explique-t-elle.

On est payé au SMIC. Quand on regarde la charge de travail et les responsabilités que l’on a, ça n’est ni normal ni valorisant

Si elle pratique ce métier depuis 10 ans, d’abord au sein du service des remplacements du CDG 64, cela fait 5 ans, qu’elle est en poste à Sallespisse. Elle ne regrette pas de s’être relancée dans une année de fac de droit à Pau à 30 ans pour cette réorientation professionnelle, comme beaucoup de ses collègues.

Pour autant, rien n’est pour le mieux dans le meilleur des mondes. « On est quasiment payé au SMIC. La plupart d’entre nous, rentrons dans le métier en catégorie C. Quand on regarde la charge de travail et les responsabilités que l’on a, ça n’est ni normal ni valorisant ». D’autant que les évolutions de carrière sont difficiles. Quant à passer le concours catégorie B : « ça demande une vraie préparation. Ça n’est pas facile entre notre temps en Mairie et la gestion de la famille », souligne cette maman de trois enfants.

Le député

Face à ce « raz-le-bol », elles ont été deux puis trois à se mobiliser auprès du député David Habib « pour savoir s’il n’y avait pas quelque chose à faire ». Les encourageant à travailler ensemble sur les points faibles de leur statut et leur demande, elles se sont lancées.

Soucieuses d’embarquer au plus large dans leur projet, elles ont communiqué auprès de leurs collègues du secteurs pour avoir des remontées, sur leur métier et manière dont elles le vivaient. « On a eu énormément de retours, avec beaucoup de choses négatives, et un certain nombre de personnes vraiment au bord du burn out. Ça a fini de nous convaincre qu’il fallait faire bouger les choses !».

Voir comment juridiquement on pouvait faire évoluer la loi

Soirs et week-ends, elle ont fait le bilan des récriminations reçues et dresser des propositions et des pistes d’amélioration. « Le député Habib nous a alors mis en contact avec une assistante parlementaire pour voir comment juridiquement on pouvait faire évoluer la loi, jusqu’à arriver à une proposition de loi. On a encore beaucoup travaillé ! ». Dans le même temps une proposition de loi est arrivée du Sénat, avec un poil d’avance. « C’est celle-là qui a été retenue pour le parcours législatif de la loi. Mais l’assistante parlementaire nous l’a présentée. Il y a avait beaucoup de choses que nous pointions aussi. »

Si ça n’est pas vraiment « leur » texte qui a été présenté aux parlementaires, la fierté est bien là. « Lorsque M.Habib a pris la parole à l’Assemblée nationale, il a parlé de nous et de nos revendications. On était assez fière, et je le suis toujours, la loi a été adoptée à l’unanimité ! » Le manque de reconnaissance a donc bien été reconnu. Au point que désormais on doit dire « secrétaire général de mairie ».

Vigie un jour, vigie toujours !

Surtout, parmi les satisfactions : la création d’une passerelle vers la catégorie B pour les secrétaires de mairie pouvant justifier d’une certaine expérience. Une reconnaissance dans le grade et par conséquent aussi dans le salaire. Sur la formation, la loi aussi va changer les choses, en créant un diplôme officiel et reconnu pour ce métier. Nadine espère aussi que dans ce diplôme, il y aura une place plus large pour les stages, que ce que proposent les formations actuelles.

Elle, qui se destinait plus jeune à devenir enseignante, se fait un devoir d’accueillir des stagiaires. Clin d’oeil du destin, c’est à Sallespisse qu’elle avait elle-même fait son stage lors de sa formation, bien avant de savoir qu’elle en serait un jour la Secrétaire générale de mairie titulaire.

Désormais, Nadine attend avec impatience les décrets d’application de la loi. « On nous a dit que ce serait pour le mois d’avril. Pour l’instant on n’a pas d’informations précises.  Mais je reste très attentive, il ne faut pas que cette loi soit un coup d’épée dans l’eau ! » Vigie un jour, vigie toujours !

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