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Elle fabrique des fromages artisanaux « made in » centre-ville
Un job d’étudiant peut bousculer un destin tout tracé. C’est ce qui est arrivé à Marion Lachaise. Elle a ouvert une fromagerie à Limoges et récemment une laiterie urbaine qui emploient 9 personnes. Les clients sont conquis, les producteurs aussi.
Marion LachaiseCorinne Merigaud | Aqui

Après l'ouverture de sa fromagerie en centre-ville de Limoges, Marion Lachaise a ouvert une laiterie urbaine.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/04/2024 PAR Corinne Merigaud

Pour financer ses études, Marion Lachaise travaillait au magasin Biocoop de Feytiat. Contre toute attente, elle va gravir les échelons un à un pour devenir responsable du magasin. Bien qu’elle ait obtenu un Master en management médico-social, elle ne dirigera pas de maison de retraite. En 2017, huit ans après ses débuts dans le métier, elle décide de voler de ses propres ailes.

Le fromage, une évidence

« C’est un métier de contact et de rencontres avec des petits producteurs locaux mais j’en avais fait le tour raconte Marion Lachaise. Comme le bien manger fait partie de mes valeurs, j’avais envie de me lancer, d’ouvrir une boutique indépendante. Et le fromage c’était une évidence. »

A défaut de trouver une fromagerie à son goût à Limoges, elle se dit qu’il y a « un truc à faire pour rendre ce produit plus jeune » et baisser la moyenne d’âge de la clientèle. A l’Ecole nationale des industries du lait et des viandes d’Aurillac, elle va se former six semaines pour apprendre à fabriquer des fromages fermiers.

J’ai réussi à rendre le fromage accessible, un étudiant qui a 5 € en poche peut en acheter

La fromagerie ouvre en septembre 2017. Le challenge est osé car elle s’installe à 300 m d’une institution locale, une fromagerie qui a pignon sur rue depuis des décennies. Un mois après, elle embauche un premier salarié.

Avec du lait provenant de deux élevages locaux, la fromagère prépare des yaourts nature et fruités dans des pots en verre consignés.

Aujourd’hui, ils sont cinq à vendre des fromages de toutes les AOP françaises mais également de Suisse, d’Italie et de Grande-Bretagne. « J’ai tous les profils de clientèle car j’ai réussi à rendre le fromage accessible remarque la gérante, un étudiant qui a 5 € en poche peut en acheter. »

« Les éleveurs sont contents quand ils me voient »

Comme la boutique a trouvé sa place, elle avait envie d’aller de l’avant. Marion est comme ça, toujours une idée qui lui trotte dans la tête. Celle-ci est dans l’air du temps, elle va fabriquer des yaourts et les vendre dans des pots en verre consignés. Elle collecte son lait dans deux fermes situées à Nexon et au Vigen, à 20 km de Limoges. « Les éleveurs sont contents quand ils me voient sourit-elle, je n’ai jamais discuté le prix ! Je leur achète leur lait de vache plus cher que la grande distribution, ça valorise leur production.»

Le plus original, c’est qu’elle a ouvert une laiterie en ville, au Sablard, à l’entrée de Limoges. C’est la première du genre sur le département et même en Limousin, la deuxième en Nouvelle-Aquitaine après celle de Bordeaux. L’investissement s’élève à 850 000 € dont 450 000 € en matériel avec, notamment, l’achat d’une cuve de 800 litres et d’une unité de pasteurisation de 200 litres. Limoges Métropole a accordé une aide à l’immobilier de 20 000 € et une subvention de la Région est attendue. Haute-Vienne Initiative lui a octroyé un prêt d’honneur et France Active Nouvelle-Aquitaine s’est porté garant.

« Mon but n’est pas d’être riche mais d’être heureuse »

Ouverte depuis le 15 novembre, la laiterie de 220 m² se situe au pied d’un immeuble neuf et cossu. Les passants peuvent assister, depuis la rue, à la fabrication des yaourts et du fromage. Aidés par trois salariés, Marion Lachaise produit chaque semaine 500 pots de yaourt nature et fruités, déclinés en 12 variétés, et 100 kilos de fromage. Elle a mis au point deux fromages à pâte molle le « Limouchon » et la « Tomme du Sablard ». Elle vend aussi du fromage blanc au lait frais et du lait pasteurisé.

« Je suis une fonceuse et je crois tellement à ce projet poursuit-elle, mon but n’est pas d’être riche mais d’être heureuse. Je suis épanouie même si je ne peux pas dire que je dors bien toutes les nuits. Quand on monte une boîte, on pense boulot mais c’est intégré dans mon schéma.»

La trentenaire travaille d’arrache-pied « depuis 8 mois » pour obtenir l’agrément sanitaire. « Cela m‘ouvrira les portes des appels d’offres commente-t-elle, je voudrais proposer mes yaourts dans les cantines de Limoges. » Son objectif est de transformer 1000 litres de lait par semaine soit 50 000 litres par an.  « Je ne veux pas grandir à tout prix mais pérenniser l’entreprise et rester artisanal » assure Marion. Ses journées sont bien remplies, 12 heures de travail, mais elle réserve le mercredi et le dimanche à la vie de famille. Elle a toutefois renoncé aux balades à vélo car elle a… la tête dans le guidon.

Tout est dit sur la vitrine de la laiterie, le consommateur sait comment sont fabriqués les yaourts et les fromages.


« C’est une grande fierté de reconnaître les femmes qui entreprennent »

Néanmoins, elle a pris une journée pour monter à Paris après avoir été sélectionnée par Matignon parmi 101 cheffes d‘entreprises de toute la France, une par département. « C’est une grande fierté de reconnaître les femmes qui entreprennent et cela m’a fait du bien, raconte-t-elle. J’ai rencontré des filles de profils différents mais au final, nous avons les mêmes problèmes. On échange presque tous les jours, on s’encourage quand on a un doute ou un coup au moral. C’est agréable de ne pas être seule. »

La solitude du chef d’entreprise, elle ne la connaît que trop bien. « Les clients ont toujours été bienveillants depuis l’ouverture de la fromagerie », mais elle rigole parfois lorsque « certains demandent à voir mon mari… en fait, c’est mon salarié. » Comme quoi certains esprits doivent encore s’ouvrir à l’entrepreneuriat au féminin.

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1 Commentaire

Un commentaire

  • Joanes, le 12/4/2024 à 20h53

    Bonsoir, je dirais un seul mot : bravo!.
    Je me permets de le dire car nous sommes du métier. Nous achetons en blanc du fromage Ossau Iraty produit uniquement par les Bergers, nous les affinons puis les vendons.
    A notre petit niveau, nous permettons à des bergers de vendre un produit et non de la matière première(lait).


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