Deux cent mètres pour cinq minutes de course, c’est peu. Mais, avec la torche olympique en main, c’est une toute autre histoire. Yan-Ali Silue, fait partie de la centaine de personnes sélectionnées pour porter la Flamme Olympique tout au long de son parcours dans les Pyrénées-Atlantiques, de Biarritz à Pau.
Pour lui, ces 200 mètres de relai qu’il parcourra lundi 20 mai après-midi dans les rues d’Orthez, sont plus que précieux. « Incroyable ! », confiait-il devant un parterre d’élus et de partenaires locaux, début mai à l’occasion de l’inauguration du cabinet dentaire rural d’Arzacq organisé par l’association sociale et médico-sociale L’Arribet. Des partenaires locaux qui le connaissent bien puisque c’est sur proposition du Département des Pyrénées-Atlantiques que Yan-Ali Silue a été sélectionné pour participer au relai de la Flamme Olympique.
Au MNA, on m’a proposé de me former aux métiers des soins et de l’aide à la personne, j’ai accepté d’abord, et puis j’ai aimé ça
Arrivé en France depuis la Côte d’Ivoire, après « un très long et fatigant voyage », que par pudeur et modestie il n’évoquera pas plus, c’est finalement au sein du service des Mineurs Non Accompagnés de L’Arribet, après un passage par l’Aide sociale à l’enfance, qu’il sera pris en charge, installé dans ce coin de campagne béarnaise.
« Au MNA, on m’a proposé de me former aux métiers des soins et de l’aide à la personne, j’ai accepté d’abord, et puis j’ai aimé ça », lâche-t-il dans un sourire qui ne le quitte pas.
A l’Institut de Formation des Aides Soignants de Sauveterre-de-Béarn, sur le site d’Arzacq, on lui apprend alors l’hygiène et le nettoyage des chambres. Après l’obtention de son diplôme d’ASH (agent de service hospitalier) en 2022, il a souhaité poursuivre sa formation, dans ces métiers que beaucoup rechignent à embrasser. Au mois de juin prochain, il obtiendra son diplôme d’aide soignant, pour travailler plus directement encore avec les personnes âgées et participer à leur bien-être. Un altruisme et une volonté à aider les autres qui se nourrissent du sentiment de gratitude, immense, qui l’anime. Une fierté aussi pour le jeune homme qui a également passé son permis de conduire.
Le respect génère le respect
« Toutes les épreuves que j’ai vécues n’ont pas été faciles mais je remercie l’association qui m’a permis d’avoir une chance ici, l’équipe des animateurs du service MNA, le maire de la commune mais aussi les personnels de la maison de retraite d’Arzacq où je travaille qui m’ont toujours supporté et encouragé… » La liste de remerciements paraît longue, mais il est important pour Yan-Seli de n’oublier personne. C’est aussi pour lui, une manière de rendre hommage à son père. « Il me disait toujours qu’il fallait être respectueux des gens qui vous aident, alors je le suis, ça compte pour moi. Je vis ici à Arzacq sans être pointé du doigt, ni jugé. Les gens sont au contraire bienveillants avec moi ». Dans le village béarnais, le respect génère le respect.
Pour moi fils d’Afrique, c’est un plaisir et un honneur de pouvoir porter la Flamme olympique et ainsi honorer mon pays d’adoption
Une attitude positive et de résilience qui force l’admiration de ceux qui, de près ou de loin, l’ont accompagné dans son parcours, bien conscients que malgré l’aide apportée, c’est d’abord par lui-même et grâce à sa propre détermination qu’il en est arrivé à ce degré d’autonomie et d’intégration, pour ne pas dire de réussite. Une forme de force intérieure et de dépassement de soi que ne nieraient pas les plus grands sportifs.
Concernant son rôle d’« Éclaireur » pour les Jeux Olympiques, puisque c’est ainsi que le protocole olympique nomme aussi les porteurs de la Flamme, on ne peut finalement trouver meilleur qualificatif pour le jeune homme. « Les Eclaireurs représentent la richesse et de la diversité de notre société », aime à souligner Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO de Paris. Une diversité, pétrie de tolérance et de fraternité, inspirante pour tout un chacun. « Pour moi, fils d’Afrique, c’est un plaisir et un honneur de pouvoir porter la Flamme olympique et ainsi honorer mon pays d’adoption », conclut Yan-Ali. Un honneur partagé par tout ceux qui le verront courir et sourire lundi prochain à Orthez, Flamme olympique en main.