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« La photo, c’est irremplaçable, c’est le témoignage »
Ancien photographe de presse pour l'agence de presse Reuters, Régis Duvignau vient d'ouvrir sa galerie à Bordeaux. En 40 ans de carrière, il a parcouru les quatre coins du monde et a immortalisé de nombreuses personnalités et évènements majeurs.
Manon Gazin | Aqui

Régis Duvignau s'est rendu dans plus de 40 pays pour Reuters.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 19/04/2024 PAR Manon Gazin

En 35 ans à l’agence de presse Reuters, il a sillonné « entre 40 et 50 pays ». L’Europe, le Rwanda, la Somalie, la Yougoslavie sont passés dans l’objectif de son appareil photo. Et il y a capturé des conflits, de la nature brute, et plus globalement, de l’humain. À bientôt 62 ans, ce « bordelais d’origine », comme il se décrit, vient d’ouvrir sa galerie d’art au 115 rue Pasteur, quartier Caudéran à Bordeaux. 

« J’aime l’humain, parce que j’aime les gens », résume-t-il. De 1985 à 2020, Régis Duvignau a couvert des conflits, des compétitions de sport internationales, des festivals de films. On pouvait le croiser au festival de Cannes, de Berlin, de Venise. En Espagne ou en Angleterre, où il couvrait les compétitions de Formule 1. Ou pendant les voyages papaux, lorsqu’il suivait Jean-Paul II et Benoît XVI dans leurs déplacements.

« Je ne travaillais pas, j’étais juste heureux »

Le tout en étant basé à Bordeaux comme responsable de la région sud-ouest. « Je faisais tout ce qui pouvait se présenter » raconte le reporter photographe. « Beaucoup de choses passionnantes et qui m’ont passionné. Et qui m’ont permis de me dire que je ne travaillais pas, j’étais juste heureux »

Cette année, Régis Duvignau a fêté symboliquement sa 40ème carte de presse. Son rapport à la photographie a commencé très tôt. « À 13-14 ans », avec des polaroïds et des petits appareils que son père lui achète. « À force d’en faire, à mes 18 ans, j’ai voulu être photographe. Mais pas n’importe lequel. Je voulais de la photo pour témoigner, et donc je voulais être photographe de presse »

Il s’achète du matériel et passe par plusieurs formations, dont l’école de Vevey en Suisse et l’école Louis Lumière à Paris. Il fait ensuite ses premiers pas dans le métier grâce à des piges au journal Sud-Ouest et au Courrier Français, puis enchaîne avec l’Express et l’AFP. Avant d’être contacté par Reuters en 1985. « J’étais basé ici à Bordeaux comme responsable régional. Ça représentait entre 35 et 40% de mon temps. Le reste, ils m’envoyaient où ils voulaient, ou j’allais là où je le demandais ». La clé de son métier ? « La réaction et la débrouillardise »

« Une forme de drogue »

Sa carrière sera jalonnée de rencontres et de moments hors du commun. « Je me suis retrouvé dans la chambre du pape, avant la bénédiction […] C’est un moment », reconnaît-il. « Quand je mange avec le Dalaï-Lama, ce sont des moments où l’on se sent… Peut-être pas privilégié, mais on où on a conscience qu’on est dans une situation assez unique »

Un quotidien rythmé par les imprévus, qui a même fini par être addictif. Le photographe se souvient par exemple du festival de Cannes. Cet évènement, à lui seul, implique plus de semaines de terrain, des journées allant de 6h30 à 2 heures du matin, ponctuées de photo calls, de conférences de presse, de sorties et de soirées. « Et puis tout d’un coup ça s’arrête, et ça laisse un vide. On n’a qu’une envie, c’est de repartir. C’est une forme de drogue »

Manon Gazin | Aqui

L’ancien reporter vient d’ouvrir sa propre galerie, Le 115, à Caudéran.

 

Toujours une valise de prête

Un mode de vie qui le suit d’ailleurs toujours. Habitué à partir en urgence et être tout le temps en déplacement, sa voiture est sa « deuxième maison. Là, je peux partir trois semaines en vacances. Il y a tout ce qu’il faut. J’ai toujours une valise ou un sac prêt ». Très attaché à Bordeaux, l’ancien reporter a toujours tenu à rester ancré dans ce secteur, malgré tous les déplacements qu’implique son activité : « Je ne vois pas d’autres lieux où vivre en France. On a tout ici ».  

Si ce choix de vie est celui qui lui convient, Régis Duvignau le reconnaît : « le retour de la médaille, c’est la vie privée ». D’autant plus qu’il faut aussi réussir à rassurer ses proches lorsque l’on part dans une zone de conflit, par exemple. « Mais les deux fois où j’ai été blessé, ça a été par un tir de flashball que j’ai pris dans l’épaule pendant une manifestation de gilets jaunes, ce n’était pas en Yougoslavie », sourit-il. « Et lorsque je suis tombé d’un gradin de sept mètres de haut à Roland-Garros », raconte le photographe, dont le bras gauche ne peut plus se tendre complètement depuis. 

Après autant de terrain et d’expériences, il avoue pourtant ne pas avoir   « d’événement majeur qui sort du lot. Mais je crois que tous me sont précieux », dit-il après une courte réflexion. « On me demande parfois : Quelle est votre meilleure photo ? Je réponds toujours : c’est celle que je n’ai pas encore faite ».

Et maintenant ?

Dans la continuité de son activité, l’ancien reporter a créé en 2023 sa société de production, Ekrin-Production, afin de réaliser des documentaires, de la  communication visuelle corporate, de la photo et de la vue aérienne par drone. Et en mars dernier, il a ouvert sa galerie d’art, Le 115, à Caudéran. « Pour le plaisir de partager mes images, de les montrer, de les vendre. De travailler un peu dans l’art, parce que c’est quelque chose qui m’a toujours séduit », explique-t-il. L’occasion pour lui d’exposer son stock de 480 000 images.

La boucle est bouclée pour le photographe, qui expose désormais dans le bâtiment où il a grandit. Le 115 rue Pasteur était en effet sa maison familiale, mais également le local de la bijouterie-horlogerie de son père. Régis Duvignau est d’ailleurs né dans le bâtiment d’en face, et est arrivé au 115 lorsqu’il avait « trois jours »

Un conseil qu’il donnerait à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le métier ? « Vas-y », tout simplement. « Mais pas n’importe comment, n’importe où et pour n’importe quoi. Et ne commence pas avec du lourd ». Et de conclure, « La photo, c’est irremplaçable, c’est le témoignage. Donc témoignons »

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