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Vanessa Feuillatte, Première danseuse engagée
Première danseuse de l’Opéra de Bordeaux, mais pas seulement. Vanessa Feuillatte nous ouvre les portes de sa loge et se confie sur son parcours, celui d’une femme engagée et dévouée aux autres. Simplicité, grâce et volonté faites femme.
Vanessa Feuillate, Première danseuse de l'Opéra de BordeauxCamille Juanicotena | Aqui

Vanessa Feuillate, Première danseuse de l'Opéra de Bordeaux dans sa loge avant son cours de danse.

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 28/06/2023 PAR Camille Juanicotena

Entrée des artistes. Vanessa Feuillatte nous donne rendez-vous dans les coulisses du majestueux Opéra de Bordeaux. Une porte en bois poussée, quelques marches montées et nous voilà dans la petite loge de la jeune femme. Des grands miroirs ornent les murs, les tenues de ballet et autres tutus habillent la scène. Vanessa prend place, se met à l’aise et se prépare pour son cours de danse. Elle répète en effet, pour le ballet Don Quichotte qu’elle interprète très prochainement sur la scène du Grand Théâtre.

Ces gestes, elle les connaît par cœur depuis toute petite. Tirer, plaquer, rouler, ajouter les pinces, ce chignon elle le fait depuis qu’elle à 3 ans. C’est dans une petite école de quartier, à Boulogne-Billancourt (Paris), que Vanessa Feuillatte découvre la danse. « Ma grand-mère m’amenait voir des ballets. Dès que j’ai découvert ça, je savais que je voulais en faire mon métier » confie-t-elle.

Vanessa Feuillatte se prépare dans sa loge pour son cours de danse en vue du ballet de Don Quichotte. Tout près d’elle en photo, ses trois enfants. Une fierté de combiner maternité et carrière à haut niveau.

Danser pour la musique

Petite, Vanessa Feuillatte dansait sur n’importe quelle musique, de tous genres. « Je dansais vraiment par rapport à la musique » raconte-elle. Elle débute son épopée par de l’éveil musical. À 8 ans, elle entre à l’école de danse Janine Stanlowa, à Paris. Pendant trois ans, Vanessa Feuillatte évolue au sein d’une formation en sport étude. 14 à 15h de cours de danse par semaine, elle découvre les « cours de classique, de caractère, de mimes, de contemporain, d’assouplissement, etc ».

Je ne rentrais pas du tout dans le moule. Ils m’ont complètement éteinte

Toujours animée par la danse et la musique, elle choisit de tenter sa chance à l’Opéra de Paris, à Nanterre. Reçue après le concours, Vanessa Feuillatte reste dans la compagnie jusqu’à ses 15 ans. « Je n’ai pas du tout aimé ». Son visage se ferme. Son sourire du début laisse place à un regard dur, qui laisse transmettre un passage difficile de sa carrière de danseuse. À 38 ans aujourd’hui, rien n’est oublié de ces souvenirs douloureux.

« Je ne rentrais pas du tout dans le moule, ils m’ont complètement éteinte. J’étais assez malheureuse » déplore-t-elle. L’injustice, la jalousie, la compétition, Vanessa Feuillatte a tenu, le plus possible, grâce à un mental de fer qui semble toujours la caractériser. Renvoyée à 15 ans, la jeune fille commence à douter.

Faire une pause pour mieux repartir

Son ami et voisin de toujours, Benjamin Millepied tente de la remotiver et lui propose de le rejoindre au New York city ballet. « Pour moi, il n’y avait que l’Opéra de Paris », mais après son expérience décevante, elle écoute son ami danseur, et le rejoint aux Etats-Unis. « Je vais à New York et je suis prise » sourit-elle.

Après cet épisode new-yorkais, Vanessa Feuillatte part à la rencontre des Londoniens. « Je vais à Londres et je suis prise au Royal ballet de Londres ». En un mois, la jeune femme est retenue au sein de deux grandes compagnies. Pourtant, elle choisit de faire une pause. « Je ne savais même plus pourquoi je dansais. J’avais de la peine de ne plus ressentir la passion que j’avais lorsque j’ai débuté ». Des émotions qu’elle partage à sa maman. « Elle me faisait confiance, elle était à l’écoute et elle a accepté ».

Vanessa Feuillatte reprend alors la vie d’une adolescente normale, sans sport étude. Peu à peu, le manque de la danse se fait ressentir. « Je prenais des cours tous les soirs, comme ça pour mon plaisir ».

Théâtre, faculté, ou danse ?

Lors de cette période, Vanessa Feuillatte se découvre une passion pour le théâtre et le cinéma. A 17 ans, elle fait un stage aux Cours Florent, « ils m’ont proposé de rester pour la rentrée » explique-t-elle. En parallèle, elle est acceptée en Licence Langues Etrangères Appliqués ainsi qu’en Art thérapie.

Malgré ces différentes opportunités, la danse est toujours dans un coin de sa tête. Elle décide alors de partir se mesurer à d’autres danseurs qui veulent entrer dans des compagnies, « comme ça, par curiosité ». A cette époque, le concours d’entrée à l’Opéra de Bordeaux se présentait. « J’y suis allée en touriste et j’ai été engagée » rigole-t-elle.  

Vanessa Feuillatte s’entraînant aux côtés du corps de ballet l’Opéra de Bordeaux en vue du ballet Don Quichotte dont elle joue le rôle principal : Kitri.

Face à ces quatre choix, Vanessa prend vite sa décision : « Je suis rentrée à l’Opéra de Bordeaux à 17 ans, c’était une évidence ». Depuis, elle gravit les échelons. En décembre 2011, la jeune femme est nommée première danseuse.

S’engager pour se relever

Après un divorce difficile, Vanessa Feuillatte se dévoue aux autres. « J’ai essayé de prendre le temps de mettre mon art au service de la danse et des autres ». Elle commence à agir dans les hôpitaux, devient marraine du don du sang, intervient à la maison des parents à Pellegrin, agit auprès des enfants grands brûlés, travaille avec les Fées bleues qui œuvrent pour les grands prématurés, « le milieu pédiatrique me touche encore plus », glisse la fière maman de trois enfants.  

« Pour moi, pour être heureuse il faut que j’aille aider les autres » poursuit-elle. Une manière aussi pour Vanessa Feuillatte de partager son art, son métier « si rare ».

J’étais honorée d’avoir cette distinction Forbes même si je ne voyais pas ma légitimité

Récemment, elle est intervenue dans la maison d’arrêt de Gradignan. « J’apprends à ces femmes à se réapproprier leurs corps » souligne-t-elle modestement. Tous ces engagements ont été récompensés par une distinction Forbes. En 2020, Vanessa Feuillatte fait partie des 40 femmes françaises les plus influentes, classement du magazine américain Forbes. « Je ne voyais pas ma légitimité là-dedans, j’étais touchée, mais ça n’a rien changé ».

Des projets futurs ?

« La maison d’arrêt de Gradignan m’a parlé d’actions auprès d’enfants handicapés mais rien n’est encore fait. Sinon, j’aimerais développer mon association, Cœur d’étoile. L’objectif c’est de promouvoir la danse en offrant des bourses à des enfants qui n’ont pas les moyens. Et puis, je continue de former mes élèves dans mon école de danse au Bouscat. » Car il y a ça aussi dans ses valeurs, la transmission. 

L’heure tourne. Vanessa troque ses vêtements de ville pour une tenue plus adéquate. Son chignon est tiré à quatre épingles, il est temps pour elle de rejoindre le corps de ballet et de suivre les répétitions en vue du ballet Don Quichotte

En quelques mots...

Vanessa Feuillatte, première danseuse de l'Opéra de Bordeaux

Vanessa Feuillatte incarne le rôle de Kitri, rôle principal du ballet Don Quichotte chorégraphié par José Carlos Martínez. 

Quand ? le 2 et 3 juillet pour voir Vanessa Feuillatte – le ballet est à l’affiche du 30 juin au 11 juillet

Où ? Opéra de Bordeaux 

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