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Mahdi et Sekou (Episode 2): au travail pour l’insertion
Sekou Cherif et Mahdi Hussaini, immigrés, font partie des quarante salariés du GEIQ BTP 64 dont l’objet est l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi dans le BTP en Béarn et Soule. Ils y ont croisé la route de José Moreno, chargé de mission
Mahdi José et SekouSolène MÉRIC | Aqui

José Moreno, ange gardien des temps modernes veille à ce que le parcours de Mahdi et Sekou se passe au mieux dans leurs entreprises et pour l'obtention de leurs diplômes

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/10/2023 PAR Solène MÉRIC

A leur arrivée à Pau, Mahdi et Sekou, ont été accueillis par le Prahada Adoma. Le premier en 2018, le second en 2021; avec la volonté ferme de s’assurer un avenir et une stabilité en France sans mégoter sur les efforts. Apprendre la langue, suivre des formations, apprendre un métier, trouver un logement, passer le permis de conduire… Leur « envie de bosser », est un trait commun. Sekou le souligne, « Personne n’a besoin de me dire ‘‘va travailler !’’ Nous, on veut avoir une nouvelle vie demain et une famille aussi. Être bien et être bien avec les autres».

Accéder à un diplôme et à un métier

« Consolider leur parcours pour entrer dans le monde professionnel » et leur ouvrir des perspectives à long terme, tel est justement le rôle du GEIQ BTP 64 (à Lescar) en leur permettant d’accéder à un diplôme et à un métier par le biais d’un contrat en alternance. C’est ce qu’explique José Moreno, chargé de développement de la structure, dont Mahdi et Sekou sont désormais les salariés. 

Mahdi a rencontré l’équipe du GEIQ dont José, à l’issue d’un contrat d’insertion de deux ans auprès de l’association d’insertion Pépinière environnement. « L’association m’avait donné le contact d’une entreprise dans le bâtiment, un secteur qui me plaisait. J’y ai fait un stage de 15 jours ». C’est cette entreprise, Batibat, qui a contacté José Moreno pour imaginer une suite possible à ce projet professionnel naissant. « Avec son caractère et son sérieux, Mahdi a convaincu tout le monde! Nous l’avons embauché au GEIQ pour mettre en place son parcours d’insertion et un contrat de professionnalisation au sein de Batibat ».

Il fallait que je travaille, je ne pouvais pas rester à ne rien faire toute la journée.

Si Mahdi travaille déjà dans l’entreprise situé à Serres-Castet près de Pau, c’est à partir de début novembre que les choses sérieuses vont vraiment commencer pour lui. Il va démarrer une formation de plaquiste de deux ans à l’AFPA.

Pour l’heure, il a suivi des cours de remise à niveau auprès de l’Afept, dans différents domaines : géométrie, maths mais aussi informatique et bureautique. « L’AFPA travaille beaucoup sur ordinateur pour la formation de plaquiste,  il fallait qu’il connaisse cet univers-là avant de commencer la formation », explique José Moreno. Mise à niveau aussi en français. Après le suédois Mahdi s’était en vérité mis à la langue de Molière dès le début de son premier contrat d’insertion. « C’est pas facile » reconnaît-il, « mais il a bien progressé » nuance de suite José Moreno, véritable coach en estime de soi. 

De son côté, dés qu’il a pu obtenir à la préfecture de Bordeaux son récépissé l’autorisant à travailler, Sekou a rejoint l’accueil du GEIQ BTP 64 à Lescar. « Il fallait que je travaille, je ne pouvais pas rester à ne rien faire toute la journée ! ». Avec son expérience marocaine du câblage, il veut travailler dans le secteur de l’électricité.

José Moreno le met alors en contact avec l’entreprise Lo Piccolo, à Billère. Il le conduit même devant la porte pour passer un entretien. « J’étais en concurrence avec un autre candidat, mais le chargé de projet a choisi de me faire confiance pour un contrat d’apprentissage », se rappelle le jeune homme sourire aux lèvres.

Côté formation, c’est au Greta qu’il se forme à un CAP électricité en alternance depuis l’an dernier, trois semaines sur les chantiers, pour une en formation.

La vie en entreprise

José Moreno, sorte d’ange gardien des temps modernes, les suit de près dans leur parcours, faisant le lien entre l’entreprise et le centre de formation. Il veille aussi à leur intégration en milieu professionnel. Dans toute entreprise la vie n’est pas un long fleuve tranquille, encore moins quand on est immigré. « Il y a eu des incompréhensions au début entre Sekou et un salarié. J’ai fait le médiateur, en lien aussi avec le tuteur dans l’entreprise. Nos salariés du Geiq sont en formation, ils ne sont pas des manœuvres… Sekou a su mettre de l’eau dans son vin face à cette situation. Les entreprises sont nos partenaires, donc chacun est volontaire pour que tout se passe bien ».

Sekou confirme: « Je ne cherche pas les problèmes. Je sais d’où je viens et ce que j’ai du traverser», complète-t-il au souvenir de cet épisode, désormais derrière lui. 

Maintenant devenu maître dans l’art de rénover « entièrement et proprement l’électricité d’un appartement entier », Sekou va bientôt changer d’équipe. Un incontournable « pour monter en compétence. Travailler avec une nouvelle équipe, c’est aussi un bon exercice d’adaptation », commente José.

Un peu de sérénité pour le futur

La priorité, pour Sekou comme pour Mahdi, c’est bien d’« avoir le diplôme ». Un graal qui leur permettra à l’issue de leur contrat en alternance, soit de rester dans ces entreprises, soit d’en partir, diplômés et armés d’une belle expérience. Un atout aussi pour leur avenir en tricolore.

Sekou s’est vu attribuer l’an dernier une carte de séjour d’une validité de 10 ans, de quoi oser un peu de sérénité pour le futur. D’autant plus que son travail sérieux et appliqué dans l’entreprise pourrait déboucher sur un contrat plus durable.

Mahdi quant à lui, va voir son récépissé renouveler au 6 novembre sans savoir pour combien de temps. Seule certitude : « il faudra débourser 250 euros pour avoir le papier auprès de la préfecture ». L’intégration a un prix, dans tous les sens du terme.

Je veux que ma fille ne manque de rien, je vais faire tout pour elle, quoi que ça me coûte.

Mahdi se prépare à quitter son studio de 24m2, pour un appartement plus grand. José est en effet là aussi pour les accompagner dans leurs démarches auprès des HLM ou encore pour obtenir le permis de conduire. Respectueux de la sphère privée de chacun, il sourit avec Sekou quand celui-ci évoque Madja, sa petite fille de 2 ans, et Mahdi, son épouse restée en Iran. Sept ans qu’ils ne se sont quasiment pas vus. « Elle a enfin pu demander un passeport. Dès qu’elle a ses papiers, je vais essayer de la faire venir. J’espère en début d’année 2024 ». Une arrivée qui serait un beau cadeau pour les 31 ans de Mahdi.

Pour Sekou, orphelin de père à 9 ans, désormais papa à son tour, la réussite est plus que jamais une obligation de résultat. « Moi j’ai manqué de plein de choses dans mon enfance, je sais ce que c’est d’avoir faim, ou d’être expulsé. Je veux que ma fille ne manque de rien, je vais faire tout pour elle, quoi que ça me coûte, je ferai tout et de mon mieux. »

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