Pourquoi un Tour de France du plein emploi solidaire ?


La caravane du « Tour de France du Plein Emploi Solidaire » a fait étape à Saint-Léonard de Noblat, le 23 avril pour appréhender les initiatives menées sur le territoire de Monts et Barrages. Elle sillonnera le pays jusqu’au 30 juin.

une caravane barioléeRIS

La caravane du Tour de France du plein emploi solidaire s'est arrêtée à Saint-Léonard de Noblat, le 23 avril, pour mettre en avant les initiatives locales en matière d'insertion et d'emploi durable.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 25/04/2024 PAR Corinne Merigaud

Elle ne passe pas inaperçue, cette caravane bariolée qui affiche des slogans sans équivoque contre la privation d’emploi et pour le plein emploi « un salaire plutôt qu’une allocation. »

Sur la Communauté de communes de Noblat, des citoyens travaillent depuis cinq ans pour qu’une entreprise à but d’emploi (EBE) voit le jour.  Cette structure inédite en Limousin pourra recruter des chômeurs de longue durée mais son ouverture est désormais suspendue. La délibération votée à l’unanimité, en février, par les 42 élus du Conseil départemental, co-financeur avec l’État, a été retoquée la semaine dernière. « Elle n’est pas conforme à la loi » lance Marie Bonnetblanc, directrice de l’EBE Noblatout,

Les dix premiers contrats d’embauche devaient être signés le 1er mai, date symbolique. « Ces citoyens ont inventé cette EBE pour créer de la supplémentarité, c’est-à-dire des activités pour répondre à des besoins non couverts sur le territoire.» Ainsi, des missions ont été identifiées que ce soit la rénovation de meubles, la couture avec réemploi de tissus, la fabrication de papiers en lien avec le Moulin du Got et des services à la population (transport). Mais la délibération du Département n’est pas conforme à la 2ème loi d’expérimentation de décembre 2020.

Ce n’est pas que le Département ne veut pas, mais il ne peut pas budgétairement parlant

Les conditions financières ont changé entre la 1ère loi d‘expérimentation de 2016 et l’actuelle puisque l’État demande maintenant 3000 € aux Départements pour financer chaque équivalent temps plein créé (ETP) au lieu de 580 € précédemment, l’État abondant à hauteur de 20 000 € .
« Le soutien du Conseil départemental est toujours là confirme Christelle Aupetit-Berthelomot, conseillère départementale du canton, mais l’Etat a changé la donne. On n’a plus la latitude d’aider l’EBE tel qu’on l’avait proposé. Il faut trouver une solution au niveau national et c’est en cours. Ce n’est pas que le Département ne veut pas, mais il ne peut pas budgétairement parlant. »

Une trentaine de personnes ont participé à cette étape du Tour de France de du plein emploi solidaire.

Ce revirement de situation inattendu a provoqué l’incompréhension des porteurs du projet et du Comité local pour l’emploi de Noblat. « C’est un bouleversement et une énorme déception remarque Claudine Giraud, présidente du CLE, le Département a déjà engagé 22 000 € pour construire ce projet. Il y a eu ce vote unanime des conseillers, et on est dans une impasse si un compromis n’est pas trouvé entre l’Etat et le Département. Ce refus d’ouverture de l’EBE est provisoire, on espère un agrément rapidement.»

« Faire voter une loi en 2026 »

Si le coût de ce dispositif peut sembler élevé, il faut tenir compte des retombées générées par chaque emploi créé. « Pour un chantier d’insertion de 212.525 €, le coût réel sera finalement de 69.987 €, ce qui coûte donc très peu explique Ilona Weinans de l’association Plein Emploi Solidaire. Dans la Nièvre où 5 EBE ont été créées, le président du Département m’a dit que pour 1 € dépensé, il en gagne 10 € et sans compter les effets induits. » L’association qui compte faire trois Tours de France entre 2024 et 2026 espère « faire voter une loi en 2026 pour pallier la 2ème loi d’expérimentation qui est loin d’être parfaite » estime-t-elle.

En attendant, les personnes qui devaient signer leur contrat de travail en CDI à temps choisi rongent leur frein, dépitées par ce retard et l’absence d’échéance. C’est le cas de Myriam, en colère et découragée après s’être investie bénévolement durant des années pour créer l’EBE. « Cette embauche sera repoussée dans le meilleur des cas, ou cette EBE n’ouvrira jamais. Je suis révoltée à l’idée que notre travail ait pu être fait en pure perte. Je me sens trahie et humiliée d’être considérée comme si peu digne de confiance et inutile. » A l’image de tous ceux qui escomptaient une embauche, elle attend une réponse « ferme et nette » du Département.

Aujourd’hui, 60 EBE relevant de l’économie sociale et solidaire sont conventionnées pour expérimenter le dispositif « Territoires zéro chômeur longue durée » imaginé par Patrick Valentin en 2015. Elle vise à mettre fin à la privation durable d’emploi. L’objectif est d’apporter une réponse adaptée à chaque personne concernée qui réside depuis plus de six mois sur un territoire habilité TZCLD.

 

Des structures d’insertion en place

Sur le territoire Monts et Barrages qui compte 23 000 habitants dont 8 500 actifs, le nombre de demandeurs d’emploi s’élevait à 1 250 fin 2023, dont 630 depuis plus d’un an, et 161 bénéficiaires du RSA. Autres initiatives mises en avant par la Tour de France du Plein Emploi Solidaire, les quatre entreprises ou chantiers d’insertion du territoire qui proposent au total 18,5 ETP comme le Relais Infos Services basé à Bujaleuf.

« Lors de sa création en 2006, nous étions dans une zone blanche et le but était de répondre aux besoins non couverts avec ce chantier d’insertion rappelle Sarah Anoman, aujourd’hui nous proposons 8,5 ETP ce qui représente 12 postes. » Les salariés du RIS assurent des travaux d’entretien de l’environnement, de parcs et jardins et du petit second œuvre en maçonnerie. Des travaux qui devraient se diversifier. Néanmoins, la mobilité reste un frein aux recrutements faute de moyens de transport. « Ces travaux sont physiques et plus difficilement accessibles aux femmes précise-t-elle, c’est pourquoi nous souhaitons développer de nouvelles activités ainsi que le nombre d’ETP pour attirer un public plus large. »

A Eymoutiers, l’ALEFPA gère depuis 2017 l’ESAT « Les Arsses » fondé en 1981 et offre 50 ETP à des travailleurs adultes en situation de handicap. « Le but est de répondre à l’enjeu de l’emploi pour tous en s’adaptant aux potentialités de chacun » indique la directrice. Les salariés effectuent diverses prestations que ce soit l’entretien d’espaces verts, le nettoyage de locaux, la blanchisserie, la préparation de commandes et la reprographie. Des structures reconnues qui ont fait leur preuve depuis longtemps.

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