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David Labrunie rajeunit le métier de feuillardier
Ancré dans les traditions, David Labrunie s'est lancé dès ses 18 ans comme feuillardier. Un vieux métier, complémentaire au métier de tonnelier. L'arrondi de la couronne de châtaignier qu'il fabrique vient épouser le galbe de la barrique.
Le jeune entrepreneur David Labrunie pose devant l'entrée de La Feuillardière Labrunie, qu'il a installé à Domme depuis 2019 et la reprise de l'activité de son oncle. Les feuillards qui sont posés en fagots contre le mur à côté de la porte d'entrée offrent un beau visuel de la matière première utilisée par les feuillardiers.Sylvain Desgroppes | Aqui

La Feuillardière Labrunie, l'entreprise que David Labrunie a installé à Domme, en plein Périgord Noir, en 2019, est l'une des deux dernières entreprises dans ce secteur d'activité.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/06/2023 PAR Sylvain Desgroppes

Il a 22 ans, est animé d’une passion et d’une détermination sans faille, et veut promouvoir le métier de feuillardier dans lequel il s’est lancé. Une histoire de famille, de traditions locales, de savoir-faire qu’il ne veut pas voir disparaître. « J’ai toujours entendu les anciens dire qu’il ne fallait pas faire ce métier difficile, où l’on travaillait beaucoup, pour ne pas gagner grand chose », rigole David Labrunie.

Pourtant, le Bac en poche, à 18 ans, il n’hésite pas lorsque son oncle fait appel à lui. « Mon grand-père était feuillardier. Mon oncle, lui, avait une activité différente, il rachetait les feuillards et les transformait. Il avait repris cette entreprise en 2009, et voulait apprendre le métier à quelqu’un, transmettre ses connaissances », explique celui qui va apprendre le métier sur le tas.

De toute façon, il n’y a pas d’école ni de diplôme pour les feuillardiers. Il déménage alors l’entreprise de son oncle, située à Groléjac, vers Domme. En 2019 et 2020, il apprend le métier, les gestes, les tâches à faire. Il apprend aussi la vie d’un chef d’entreprise, et noue les contacts importants sur le terrain, avec les propriétaires de taillis, et avec les futurs clients de son entreprise.

Le métier de feuillardier est exigeant physiquement, comme ici lors de l’étape du planage, essentielle, qui demande beaucoup de maîtrise, de force mais aussi de finesse et de dextérité.

Le territoire de travail reste le même, ce fameux Périgord noir, l’un des berceaux des feuillardiers, que l’on trouve aussi en Charente, Haute-Vienne et Corrèze. « Avant, les feuillardiers étaient les paysans qui travaillaient l’été dans les champs. L’hiver, ils construisaient leurs cabanes directement dans les bois, près des taillis », évoque David Labrunie. Le taillis, point de départ de son métier.

Un métier complet

Lorsqu’un châtaignier est coupé, la souche émet des rejets, qui vont former le taillis. Tous les rejets d’une même souche sont appelés une cépée. Après trois à cinq ans, le feuillardier va couper le taillis, avec des brins de cépée qui mesurent deux à trois mètres de haut, et 3,5 à 4 centimètres de diamètre à leur pied. Sur une cépée, le feuillardier va sélectionner les barres les plus droites, avec le moins de nœuds possibles.

« Les barres sont ébranchées à la serpe, sans enlever l’écorce. Elles sont emmenées à l’atelier, où on les place sur un banc. On va entailler la barre avec la serpe, et à l’aide du coutre, et de la force des deux mains, on va fendre la barre en deux dans la longueur. On utilise ensuite la plane, le couteau du feuillardier, pour gommer les défauts de la fente et obtenir la même épaisseur sur tout notre morceau », décrit David Labrunie.

Des gestes répétés encore et encore avant d’être maîtrisés et faits en cadence. Ici, pas de machine, pas d’automatisation, tout se fait selon les sensations. Les barres obtenues après le planage sont passées dans la cintreuse pour leur donner la bonne courbure. Des lots de 24 feuillards réunis dans des meules permettent de former les couronnes envoyées aux tonneliers, qui s’en servent pour le cerclage des barriques.

Une fois le planage terminé, et après un dernier contrôle pour apporter les retouches nécessaires, place à l’étape du pliage. Les morceaux obtenus passent dans une cintreuse, puis sont rassemblés par 24 pour former une meule, ou couronne. C’est cet élément qui est vendu aux tonneliers.

La Feuillardière Labrunie compte plus de trente tonneliers parmi ses clients. Avec deux entreprises seulement en France, le travail ne manque pas. Mais la main-d’œuvre se fait rare, le métier est difficile, et il faut prendre le temps de former directement dans l’entreprise, sans aides… Mais David Labrunie ne désespère pas. Sa passion transpire à travers chacun de ses gestes, pour continuer de faire perdurer un métier rare.

La gaulette de châtaignier en déco de jardin et ameublement

Au Pays des Feuillardiers, dans le sud-ouest de la Haute-Vienne, quelques artisans feuillardiers perpétuent ce savoir-faire ancestral à l’image de Cyril Dupré à Pageas. Le feuillard, ces gaulettes de châtaignier fendues issues de taillis de 3 à 5 ans, est utilisé
notamment pour créer des décors et aménagements extérieurs. Sur cette commune, Roland Dijoux transforme par exemple les gaulettes en supports pour plantes grimpantes et objets déco pour le jardin. Installé au Chalard, Cyril Delage crée des objets déco contemporains à l’image de sa pièce la plus connue, un arbre d’hiver servant de corbeille à fruits. Alain Dupasquier valorise le châtaignier dans son atelier d’Aixe-sur-Vienne avec ses créations pour la maison et le jardin, pour l’aménagement d’espaces verts et la
décoration. Il compte ouvrir un atelier école pour former des volontaires à la fabrication du fauteuil iconique « Corbusier » et transmettre ce savoir-faire de la vannerie que maîtrise la famille Raffier depuis cinq générations à La Chapelle-Montbrandreix.

C.M.

En quelques mots...

Né en avril 2001 à Périgueux, David Labrunie surprend, étonne, séduit par sa jeunesse, qu’il accompagne d’une détermination sans faille, mais aussi d’une grande maturité dans sa façon d’aborder le métier.

Après le brevet des collèges, David Labrunie a passé un Bac professionnel Gestion des Milieux Naturels et de la Faune, à Neuvic d’Ussel en Corrèze. « Pour être près de la forêt, des bois, de la nature ».

Lancé dans sa carrière professionnelle de feuillardier depuis l’obtention de son Bac, il se heurte parfois à un manque de main-d’œuvre pour développer l’entreprise. Le métier est difficile, allier motivation et qualifications n’est pas simple.

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