Eau: la redevance sur le prélèvement va augmenter


Le Parlement de l’eau du bassin Adour Garonne se donne les moyens d’une politique de l’eau à la hauteur des enjeux du réchauffement climatique. Comment ? Par l’augmentation générale de la redevance sur le prélèvement en eau, "pour la bonne cause".

Eau qui coule dans une baignoirekarolina grabowska

Particuliers, industriels, agriculteurs, tous les usagers de l'eau vont être soumis dès 2024 à une hausse de la redevance sur le prélèvement en eau

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/10/2023 PAR Solène MÉRIC

Il y aura « un avant et un après ce comité de bassin », « c’est un temps historique de prise de décision ». L’heure était à l’enthousiasme ce 11 octobre à la sortie du comité de Bassin Adour Garonne, à Toulouse.
« Il y a un premier changement de paradigme au niveau national qui fait que Bercy ne prélèvera plus les Agences de l’eau sur leur recette, comme il le faisait jusque là. C’est assez majeur », pose Alain Rousset, président du comité de Bassin. Dès 2024, cette mesure permettra ainsi à l’Agence de l’eau Adour Garonne, de pouvoir désormais utiliser l’entièreté de ses recettes soit une augmentation de fait de son budget de 30 M€. Une bonne nouvelle, car c’est de l’argent en plus pour soutenir la mise en place de projets visant à l’adaptation au changement climatique autour de l’enjeu de l’eau.

2,5 euros de plus sur la facture d’eau

A cette augmentation de budget va s’en ajouter une autre, de 30 M€ également, qui sera elle, directement liée à la hausse de la redevance prélèvement pour tous les usagers, comme l’autorise le projet de loi de finances 2024. Assez contenue pour les particuliers, qui devraient en moyenne subir une augmentation de 20 % de cette redevance, soit de 2,5 € de plus sur leur facture d’eau à l’année, la hausse de cette fiscalité environnementale sera plus sensible pour les autres usagers de l’eau. « + 50 % pour les acteurs industriels, +80 % pour les centrales nucléaires, +60 % pour les usages agricoles », liste Aude Witten, directrice générale ddjointe de l’Agence de l’eau Adour Garonne.

Pour ce qui est du monde agricole, tout en précisant qu’il est difficile d’établir en valeur monétaire une moyenne de l’augmentation, au regard de la diversité des cultures et des modes de culture, elle fournit néanmoins un exemple : « en ce qui concerne le maïs grain irrigué à 1 500 m³ d’eau par hectare, la redevance devrait augmenter de 7 €/ha » estime-t-elle. Ce à quoi Alain Rousset s’empresse d’ajouter que « concernant les agriculteurs, pour 1 euro prélevé, c’est 1,70 euro qui est injecté dans l’accompagnement vers l’agroécologie ».

Priorité à la sécurisation de l’eau potable et à la sobriété

Car en effet, l’augmentation du budget des Agences de l’eau de 60 M€ en 2024, avec l’objectif de + 100 M€ en 2027, a bien pour vocation d’accompagner les acteurs, et les collectivités territoriales dans les projets de lutte contre le changement climatique ou d’adaptation à ce changement. « La rénovation des stations d’épuration, le soutien à des mesures liées à la qualité de l’eau, à la création de réserve, à l’agroécologie, la restauration du grand cycle de l’eau, la réutilisation des eaux usés… », liste notamment Alain Rousset.

Après les deux étés 2022 et 2023, qui ont vu plusieurs centaines de communes connaître des difficultés d’accès à l’eau potable, la sécurisation de l’approvisionnement reste une priorité stratégique forte des investissements à venir de l’agence de l’eau Adour Garonne. Sur ce plan le préfet coordonateur de Bassin, Pierre-André Durand a rappelé l’existence un appel à projet de 20M€ « afin d’appuyer les collectivités dans leur démarche de sécurisation et de sobriété pour lutter contre les fuites sur les réseaux d’eau potable».

Enfin, autre objectif stratégique adopté par le Comité de bassin ce mercredi: la sobriété des usages visant à diminuer la consommation globale d’eau de 10 % d’ici 2030 sur l’ensemble du bassin. Un objectif avoué de la hausse de la fiscalité environnementale sur la redevance prélèvement, et qui s’inscrit dans la droite ligne du plan eau du Gouvernement.

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2 Comentaires

2 commentaires

  • Richet G., le 17/10/2023 à 17h02

    Les contributions pour la distribution ou le traitement seront nettement plus importantes pour les autres usages (agriculture, industrie et nucléaire). Si tous les usagers réduisaient leur consommation et rejets, les frais de traitement de l’eau se réduiraient. Mais surtout, si la facturation était en fonction du volume de la consommation de chacun, ce serait plus équitable. Ceux qui sont vraiment pénalisés, ce sont les foyers à personne seule qui sont économes : cela leur revient entre 15 et 18€/le m3 contre à peine 5€/m3 pour les particuliers qui consomment plus de 100 m3/an.
    Si ces derniers veulent réduire de 2,5 € leur facture, il leur suffit de réduire un tout petit peu leur consommation (par exemple, 1 chasse d’eau en moins de temps en temps).
    Quand on protège la ressource eau, qu’on réduit la fréquence et/ou le temps de douche, qu’on se déplace en vélo, on réduit obligatoirement ses coûts et en plus, on fait du bien à la planète! Il serait temps de facturer un prix au m3 d’eau (abonnement compris): il y aurait une vraie prise de conscience, et on n’ouvrirait plus le robinet sans réfléchir. Il y va de la durabilité de la ressource et de son partage.


  • Muriel Guyot, le 13/10/2023 à 18h52

    Comme d’habitude, c’est dans la poche du particulier que l’on va chercher la ressource financière peu importe son niveau de consommation ou de revenu. Personne ne se pose la question de savoir si le revenu suit les augmentations. Même si c’est pour une bonne cause cela devient ingérable financièrement pour les petits revenus


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