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PUBLIÉ LE 10/04/2024 PAR Artur Bucaille“Notre idée est de décentraliser l’accès à l’énergie, et protéger nos clients des dérives capitalistes”. Voici les ambitions portées par Charles Lucazeau, coordinateur du pôle commercial de Enercoop Nouvelle-Aquitaine. Cela fait maintenant plus de 15 ans que cette coopérative citoyenne et solidaire d’énergie renouvelable a fait la promesse à ses clients de leur fournir une “électricité 100% renouvelable”, avec l’utilisation d’énergies photovoltaïques, hydrauliques, éoliennes et de la biomasse.
Installée depuis 2014 en Nouvelle-Aquitaine, Enercoop va inaugurer son premier parc solaire dans le petit village de Faurilles, en Dordogne, ce samedi 13 avril. Il produira près de 270 MWh par an, soit l’équivalent de 150% des consommations électriques des 35 habitants de la commune. Si ce chiffre peut paraître dérisoire, il est considéré comme une avancée pour l’ensemble des membres d’Enercoop Nouvelle-Aquitaine. En effet, pour devenir une référence chez les Néo-Aquitains, “on veut sortir de la logique du marché actuel, et embarquer dans notre projet des collectivités, pour mieux se développer”, explique Morgane Bénard, coordinatrice du pôle Energie de la région.
Pour Karine Oudot, présidente du conseil d’administration d’Enercoop Nouvelle-Aquitaine, l’objectif fixé par la SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires) Nouvelle-Aquitaine est clair : “couvrir 50% de la région d’ici 2030”. Sur la stratégie, la coopérative veut d’abord alimenter les plus petites bourgades, avant de s’attaquer aux grandes villes.
Une nouvelle orientation de la coopérative, qui vise également à se prémunir d’une éventuelle nouvelle crise énergétique. En 2022, alors que la hausse des prix de l’énergie fait rage, la nouvelle tombe : Enercoop Nouvelle-Aquitaine n’est plus en mesure de prendre de nouveaux clients. Pour limiter l’augmentation des prix auprès de leur client, la coopérative décide alors d’adhérer au programme de l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique), jusqu’en 2025. Ce dispositif, déployé par l’Etat, permet aux fournisseurs concurrents d’EDF d’obtenir un tarif régulé sur une partie de l’électricité nucléaire produite. “On a dû se plier à un modèle qu’on dénonce”, admet Charles Lucazeau.
La Nouvelle-Aquitaine, une région à conquérir
En mettant sa bonne conscience de côté, la coopérative a pu rouvrir ses portes à de nouveaux clients au début de l’année 2023, et relancer des projets laissés au placard. Rien qu’en Nouvelle-Aquitaine, ce n’est pas moins de sept nouvelles installations qui verront le jour dans les prochains mois. Pour l’horizon 2030, la coopérative travaille actuellement sur 30 projets d’une puissance maximale potentielle de 30 MW crête, et qui couvriront 8 des 12 départements de la région. (Voir notre encadré)
Il faut placer l’humain et l’intérêt général avant le profit
Pour arriver au bout de ses ambitions, Enercoop Nouvelle-Aquitaine met en avant un besoin de financement de 22 millions d’euros. Pour se faire, elle a récemment lancé une levée de fonds en part sociales, ouverte aux particuliers, aux particuliers et aux collectivités territoriales. L’objectif est de récolter 2 millions d’euros d’ici 2029, soit 400 000 euros par an, pour mener à bien l’ensemble de ses projets et ainsi couvrir la consommation de 22 000 personnes.
Reconnaissance du modèle coopératif
Au delà-de ces objectifs et projets commerciaux, Enercoop Nouvelle-Aquitaine souhaite aussi poursuivre son développement en communicant sur son statut coopératif. Elle organise chaque année un festival nommé “Onde de coop”, en lien avec le réseau des coopératives pour la transition, “Les Licoornes”. L’objectif est de donner de la visibilité à l’économie coopérative.
Face au constat du manque de reconnaissance du modèle coopératif et l’ambition de garder une certaine dynamique et attractivité au réseau de la coopérative, Sandrine Larrouy-Castera, coordinatrice du pôle coopération, explique qu’ « Enercoop organise des animations, et possède même un réseau social entre les sociétaires. » Autre ambition : « on souhaite créer des groupes locaux, et être des porte-paroles pour les habitants. Il faut placer l’humain et l’intérêt général avant le profit, et mettre en place des initiatives citoyennes » conclue-t-elle.
30 projets à venir dans la Région
En plus de l’inauguration de leur premier parc solaire à Faurilles en Dordogne, Enercoop Nouvelle-Aquitaine est en train de développer sept autres projets :
Dans le Lot-et-Garonne, deux parcs photovoltaïques seront mis en service début 2025, à Saint Aubin et Castillonnès.
Dans les Landes, à Saint-Paul-lès-Dax, la 1ère centrale solaire photovoltaïque 100% publique et citoyenne de Nouvelle-Aquitaine devrait voir le jour en 2025.
Du côté de la Charente-Maritime, plusieurs installations sortiront de terre pour répondre à la faible autonomie énergétique du territoire. Pour l’heure, quatre sites sont en cours de développement dans l’agglomération de Saintes. Les travaux pour un nouveau parc photovoltaïque dans la commune de Marans démarreront en 2028. Idem pour le lieu-dit de la Brie à Andilly-les-Marais, qui pourra se vanter d’avoir son propre parc photovoltaïque en 2025. Ce dernier devrait couvrir les besoins en énergie de 1050 personnes.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, Enercoop Nouvelle-Aquitaine s’est associé avec la société d’économie mixte Énergies Renouvelables pour lancer le développement de 6 parcs solaires.
12 autres projets sont, quant à eux, toujours en émergences.
Pour résumer, d’ici 2030, seuls les départements de la Corrèze, de la Haute-Vienne, de la Vienne et de la Gironde ne seront, pour l’instant, pas couverts par les nouveaux projets d’Enercoop Nouvelle-Aquitaine. La Charente-Maritime sort grande vainqueur, avec pas moins de sept projets dans son seul département.
