Cyanobactéries : pourra-t-on se baigner cet été ?


Avec le retour des beaux jours, de nombreux vacanciers apprécieront de se baigner dans un étang ou un lac. Mais on y retrouve des cyanobactéries, nécessaires à la biodiversité, mais aussi potentiellement dangereuses. Et qui surtout, se prolifèrent.

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Les cyanobactéries, reconnaissables à leur couleur, peuvent devenir dangereuses lorsqu'elles prolifèrent. Certaines synthétisent des toxines, appelées cyanotoxines, qui peuvent être nocives pour l’homme et l’animal.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2024 PAR Manon Gazin

Réduction de la biodiversité, pollution de l’eau potable, intoxications… La prolifération des cyanobactéries, ces organismes microscopiques qui se développent dans les eaux douces, fait bien des ravages sur son passage. Problème : ces derniers semblent se propager davantage à cause du changement climatique. À l’approche de la saison estivale, durant laquelle bon nombre de personnes apprécieront de se baigner dans des lacs, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a fait le point. 

« Ces proliférations ont des impacts », résume simplement Christophe Laplace-Treyture, ingénieur de recherche en hydrobiologie à l’INRAE. Au cœur de la discussion du jour : les cyanobactéries, des micro-organismes présents sur terre depuis deux milliards d’années, dans les eaux douces et salines. Si leur présence en elle-même n’est pas un problème (elle est même très utile en matière de photosynthèse et d’oxygénation de la planète), elle peut le devenir lorsqu’elles prolifèrent. D’autant plus que certaines sont capables de synthétiser des toxines, appelées cyanotoxines, qui peuvent être dangereuses pour l’homme et l’animal.

Une menace pour la flore et la faune locale… 

Du côté environnemental, les cyanobactéries ont d’abord un effet sur la  réduction de la biodiversité. En premier lieu en réduisant la transparence des eaux.  » Cette réduction de transparence a un impact sur les autres producteurs primaires qui ont besoin de cette lumière pour se développer », explique Christophe Laplace-Treyture. La mort et la dégradation de ces organismes entraînent également une consommation d’oxygène importante.  » Le milieu naturel va se retrouver avec un déficit, voire carrément un manque total d’oxygène », affirme le chercheur. 

La faune, de manière générale, peut se retrouver menacée. Les oiseaux, les poissons, les animaux sauvages ou même les vaches, qui s’abreuvent des eaux contaminées ou des individus (comme par exemple les mollusques) présents dans l’eau, peuvent être victimes d’intoxications, voire en mourir.  Les chiens, qui apprécient de se baigner et de boire de l’eau douce pendant leurs balades, sont régulièrement victimes de ces organismes. 

…mais aussi pour l’Homme

L’être humain est loin d’être en reste. Les conséquences de la présence des cyanobactéries commencent avec l’aspect esthétique et olfactif de l’eau, qui peut en repousser certains à se baigner. Mais cela peut aller jusqu’à la contamination d’eau potable, ou des intoxications. Ces dernières se font par « deux voies principales », selon Christophe Laplace-Treyture : la peau ou les muqueuses, et l’ingestion.  » Cela peut altérer des cellules du foie, ou avoir des effets reprotoxiques […] Mais aussi perturber le système nerveux […] ou avoir des effets sur la peau ou les muqueuses. « 

Un phénomène qui, selon le chercheur, « s’est aggravé par un certain nombre de conditions ». À commencer par les conditions météorologiques et le changement climatique. « Il suffit que les luminosités soient un petit peu plus élevées et que les températures dépassent les 20 degrés pour favoriser ces proliférations ». Il y a aussi un certain nombre de facteurs hydrologiques complète le chercheur : « notamment lorsque l’on assiste à une baisse des vitesses de courant dans un cours d’eau ».

Surveillance sanitaire de l’ensemble des zones de baignade

Ce dernier a cependant tenu à nuancier les choses. « Les événements extrêmes, comme une pluie plus abondante ou du vent, vont au contraire dans certains cas avoir des effets inverses. Parce que cela va par exemple déstratifier des colonnes d’eau, réagiter le milieu, et décrocher des éléments dans des cours d’eau »

Le phénomène, bien que notable, ne doit cependant pas être une source de panique. Les proliférations peuvent être « complètement étalées sur un plan d’eau », tout comme « sur une petite zone particulière ». Voire  « n’arriver qu’une seule fois sur une zone de baignade sur plusieurs années », a tenu à le souligner Christophe Laplace-Treyture. 

En France, il existe trois niveaux d’alerte de prolifération : « Vigilance », « Alerte1 » et « Alerte 3 ». L’ARS vise à assurer chaque année la surveillance sanitaire de l’ensemble des zones de baignade recensées sur le littoral et sur les plans d’eau intérieurs de la région. Mais il reste difficile de garantir une sécurité totale pour les baigneurs. « On est dans des choses relativement délicates, et souvent imprévisibles en l’état actuel des connaissances scientifiques. On peut arriver à prédire sur quelques jours, mais difficilement plus », a conclu Christophe Laplace-Treyture.


 

Une surveillance particulière à accorder aux chiens

« Malheureusement, quasiment chaque année, on constate le décès de chiens, notamment suite à des promenades avec leur maître », a souligné Franck Martin, directeur départemental adjoint de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) Gironde. Durant les périodes estivales et de chasse, de nombreux chiens sont empoisonnés en se baignant et en s’abreuvant dans les eaux stagnantes.
Les symptômes arrivent très vite, et la mort de l’animal s’ensuit bien souvent une heure à deux heures après avoir bu, « des symptômes d’abord neurologiques vont apparaître », a expliqué le chef du service de santé et protection animale. « On va constater des tremblements, des difficultés à respirer. On peut aussi avoir des formes hépatiques. Tout dépend des toxines. Dans ce cas là, on va constater quelques heures après des vomissements, qui, là aussi, peuvent aller jusqu’à des choses très graves ».
Le directeur départemental a ainsi tenu à rappeler qu’il est important dans cette situation de contacter au plus vite un vétérinaire, et de prévoir de quoi alimenter en eau son animal lors des balades en nature.

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