La bonne recette du nouveau restaurant d’insertion


La Cuisine au pluriel a ouvert ses portes, le 20 novembre, en accueillant et formant des personnes en insertion. Il affiche complet à chaque service.

équipe du restoCorinne Merigaud | Aqui

L'équipe de "La cuisine au pluriel" accueille des personnes éloignées de l'emploi ou sans qualification pour les former afin qu'elles retrouvent un emploi. .

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/01/2024 PAR Corinne Merigaud

Pour Bédour qui a fui la guerre en Syrie en 2012, ce nouvel emploi est vécu comme une belle opportunité. En poste depuis le 13 novembre, elle est la première personne accompagnée par l’association « La cuisine au pluriel ». Elle ne ménage pas son énergie pour préparer les plats servis, à midi, au restaurant éponyme du 74, avenue Garibaldi à Limoges. « Je vais apprendre la cuisine française, j’ai commencé par la crème brûlée et à midi, j’ai préparé une volaille rôtie aux potimarrons » explique-t-elle avec enthousiasme.

Installée à Limoges avec son mari et ses quatre enfants, elle a travaillé précédemment en intérim au restaurant des agents de La Poste durant dix mois. La nouvelle ambiance de travail lui convient parfaitement de même que la préparation. « La carte change souvent et tout est fait maison avec de bons produits, précise Bédour. Je prépare un dessert différent chaque jour, des pâtisseries syriennes comme les Baklawas et les nids de Kadaif aux noisettes. On partage donc nos recettes.»

Ce restaurant social et solidaire est un tremplin pour des personnes éloignées de l’emploi qui peuvent se former tout en travaillant, grâce à contrat unique d’insertion de 35 h, aidé par l’État, pour une rémunération égale au SMIC. « Après, j’aimerais travailler après dans un restaurant français pour apprendre de nouvelles recettes », souhaite Bédour.
Ce midi-là, le restaurant affichait complet avec 44 couverts pour un menu qui a déjà trouvé sa clientèle à 17,90 € avec entrée, plat et dessert.

« Entreprendre différemment »

Ce projet de restaurant social et solidaire est né dans la tête de Vanessa Rouchon, et d’Ornella Fiard voilà dix-huit mois. Après une carrière dans la banque, elles voulaient changer d’horizon en replaçant l’humain au coeur de leur projet. « On gérait une équipe de dix personnes mais on ne se retrouvait plus dans les méthodes de management lance Vanessa Rouchon, tout ça manquait de sens. On avait envie d’entreprendre différemment via l’économie sociale et solidaire, bien que ce modèle de restaurant soit peu connu dans le département. »

Les fondatrices étaient à la recherche d’une activité qui rassemblerait les valeurs d’engagement, du partage, de l’inclusion et de la solidarité. « La cuisine est universelle, c’est le partage de différentes cultures enchaîne Ornella Fiard. Nous voulions aider les personnes éloignées de l’emploi à en retrouver un. »

Anthony, le chef cuisinier accompagné de Vanessa et Ornella, les fondatrices de l’association, ont déjà démontré que ce restaurant est bien implanté dans ce quartier populaire.

Après plusieurs visites, elles dénichent un restaurant fermé pour cause de retraite au coeur d’un quartier très fréquenté, proche de leur ancien lieu de travail. Elles savaient qu’il manquait un établissement pour les salariés de ce quartier. Elles lèvent des fonds auprès d’une banque et bénéficient de l’aide au démarrage AMPLI de 20 000 € accordée par la Région (fonds FSE) et d’un accompagnement de France Active. Leur projet a aussi bénéficié du soutien de l’incubateur de l’économie sociale et solidaire.

Six salariés dans 3 ans

Le restaurant propose un service le midi, du lundi au vendredi, dans deux salles. Pour le premier recrutement, les candidatures sont arrivées en nombre. « Une personne du PLIE accueillie dans les locaux du CIDFF nous a mis en relation et ce partenaire nous a proposé le profil de Bédour âgée de 39 ans témoigne Vanessa, ça a matché direct ! Elle avait une petite expérience et surtout l’envie d’apprendre la cuisine française. »

Les porteuses du projet ont choisi un modèle économique hybride avec un contrat de travail en partie pris en charge par l’État mais l’association paye les cotisations sociales et la TVA. Dans trois ans, l’effectif devrait être de six salariés en CDI à temps plein. Un second recrutement est en cours pour janvier. Trois stagiaires en insertion éloignés de l’emploi ou sans qualification sont actuellement accueillis.

Quant au chef cuisinier Anthony Cousin, il est ravi d’avoir rejoint l’équipe. « Je suis également formateur, confie-t-il. Je me suis spécialisé dans l’accompagnement socioprofessionnel et j’avais envie de m’ancrer quelque part après avoir travaillé dans une dizaine d’établissements. »

Sa carte fait la part belle aux produits locaux avec une cuisine traditionnelle qui s’ouvre sur la culture des personnes accueillies. Il est déjà satisfait des progrès de Bédour. « Elle capte vite, elle est pleine d’énergie, elle prend des initiatives et a envie d’apprendre de nouvelles recettes qu’elle s’empresse de noter. J’aime transmettre et je vais donc leur passer un maximum de clés. » Et Bédour ne manque pas de le surprendre avec les délicieuses pâtisseries de son pays.

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