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GENS D'AQUI !
4 min
PUBLIÉ LE 01/02/2024 PAR Enzo LegrosAgathe Sennesal le dit elle-même : « Dans ma vie j’ai beaucoup marché par opportunité. » Alors, lorsque le Salon du Cheval lui propose, pour la deuxième année consécutive, de réaliser des démonstrations de Clicker Training, une méthode d’entraînement équin basée sur le renforcement positif qu’elle défend et promeut au quotidien, la jeune femme saute sur l’occasion.
« Ils m’avaient contactée l’année dernière pour m’inviter en tant qu’influenceuse sur cette méthode d’entraînement. Mon père m’a poussée à proposer des démonstrations et je me suis retrouvée à faire une démo par jour », raconte la formatrice en comportement et bien-être équin de 26 ans. Cette année, la bordelaise originaire de Lille assurera neuf démonstrations et tiendra un stand sur les quatre jours du Jumping.
Un déclic venu des Etats-Unis
Si Agathe Sennesal en est là aujourd’hui, c’est d’abord grâce à son parcours. Etudiante à l’école d’ingénieurs en agronomie ISA de Lille de 2015 à 2020, elle obtient un master en éthologie appliquée au Texas en 2019, et complète sa formation à Sacramento avec Pat Parelli, célèbre entraîneur équin et gourou du Clicker Training. Elle raconte :
« La méthode mondiale travaille les chevaux selon le système « je marque un comportement par le retrait d’un stress », je pensais que j’allais continuer de me former sur ça. Mais en arrivant chez ce monsieur, je l’ai vu apprendre aux chevaux à créer des mouvements à partir de « targets », avec des claquements de langue et des bonbons. Il m’a expliqué que si on était capable d’apprendre des choses à un orque comme ça, il n’y a aucune raison qu’on n’y arrive pas sur un cheval. Mon cerveau a fait erreur 404 page not found. »
C’est avec une vision de l’équitation chamboulée, qu’elle retourne en France. Elle applique ses acquis à Mérignac sur Tangka, un cheval nullement docile, acheté « à l’état sauvage » pendant son adolescence. Elle parvient à lui apprendre des mouvements et décide de partager l’évolution du comportement de l’équidé sur les réseaux sociaux. Son compte Instagram rassemble rapidement une communauté de plusieurs milliers d’internautes, et devient une vitrine du renforcement positif (R+).
De l’auto-entreprise à Authiaka
Après avoir reçu de nombreuses demandes de coachings et conseils, elle commence à proposer des cours individuels. « Mon travail, c’est de voir comment le cheval va communiquer avec la cavalière et comment il réagit aux exercices », explique-t-elle. Elle propose ensuite un entraînement adapté au caractère et attributs de chaque cheval, en suivant les principes éthologiques du R+. Sa mission consiste aussi à corriger les erreurs des cavaliers.
« Il y a beaucoup de personnes qui font du Clicker mais qui donnent 2 rations de foin à leur cheval. C’est comme dans les parcs aquatiques, parfois ils privent les animaux de nourriture avant, ce n’est pas du tout éthique » regrette-t-elle.
En France on est en retard sur les formations, beaucoup de choses sont en anglais.
Elle se lance dans l’animation de stages d’initiation au renforcement positif en août 2020, et finit par traverser la France entière, et même la Suisse. Des frais kilométriques écrasant et un chiffre d’affaires grandissant : Agathe doit créer sa société, qu’elle nomme Authiaka. Alors que des burn-out se développent au fil des mois, une idée lui vient : créer des formations en ligne depuis Bordeaux.
« En France on est un peu en retard sur les formations, beaucoup de choses sont en anglais. Il y a quelques personnes qui font du Clicker mais ce sont des cours de 1h pour apprendre au cheval à être poli. Ça ne le met pas du tout en valeur, considère-t-elle. Tu peux apprendre à un cheval à être monté avec le Clicker. » Sa première formation d’éthologie sur le comportement du cheval, basée sur 150 références scientifiques, est mise en vente en juillet 2023. Elle publie le 1er février 2024 son premier cours de Clicker Training, nommé « Target 1 ».
Vaincre son bégaiement
En plus de mettre en lumière son métier, son intervention au Jumping de Bordeaux lui permet de se lancer un défi personnel : vaincre son bégaiement. Elle en souffre depuis ses 12 ans, âge auquel elle vit très durement le divorce de ses parents. C’est à cette période que ses grands-parents lui offrent Tangka. « J’ai une amnésie donc je ne me rappelle pas de ce qui s’est passé avant mes 12 ans, confie-t-elle. J’étais complètement éteinte et face à un cheval qui ne comprenait pas ce qu’on attendait de lui non plus, on a essayé d’être une épaule l’un pour l’autre. »
Tangka m’a sauvé la vie, c’est grâce à lui que j’ai retrouvé la parole.
Aujourd’hui, Agathe est catégorique : « Tangka m’a sauvé la vie, c’est grâce à lui que j’ai retrouvé la parole. » Son retour au Jumping est aussi une manière d’accepter son bégaiement. « Il y a des personnes qui rougissent, qui se grattent, moi mon truc c’est le bégaiement », exprime-t-elle en expliquant « ne plus le considérer comme un handicap mais comme une force. Des gens m’ont félicitée à mon premier Jumping parce qu’ils ont vu que j’ai surmonté ça », raconte-t-elle. Elle tentera de reproduire la même performance devant le public de la carrière Silvana du Salon du Cheval, du 1er au 4 février.
En quelques mots...
Agathe Sennesal mènera 9 démonstrations de Clicker Training au Jumping International : trois le jeudi à 12h, 17h45 et 20h15, trois le vendredi à 11h45, 16h15 et 19h30, deux le samedi à 12h15 et 21h, et une le dimanche à 12h30.
Elle participera le jeudi à la remise des prix du Challenge Bien-Être équin en tant que membre du jury à partir de 18h.
Elle animera également une conférence sur les métiers de la communication dans le milieu du cheval jeudi à 15h, et une autre sur le renforcement positif le dimanche à 16h.
