Stimuler des patients sur le plan cognitif, affectif, social et moteur par l’intermédiaire des animaux : voilà le métier d’Estelle Dodelin. Depuis 2014, la jeune femme de 33 ans est médiatrice animale. Jeudi 27 octobre, elle est intervenue à l’Ehpad « La Chêneraie, » situé à Bordeaux, où elle propose ses services depuis 2015. L’objectif ? Faire travailler les résidents sur différents aspects, via des exercices en relation avec les animaux.
Ce jour-là, Estelle Dodelin intervient à l’Unité des Soins Adaptés (USA), auprès de patients souffrant de « troubles cognitifs apparentés », avec neuf de ses fidèles compagnons. Certains résidents sont habitués à ces stimulations, d’autres la rencontrent pour la première fois. Pendant une heure, la Landaise opère auprès de cinq patients. Elle propose à une résidente de brosser son chien Hatchi, pour stimuler sa motricité. « Vous avez bien travaillé », dit-elle à la patiente une fois l’exercice fini. Elle lui demande ensuite de donner l’ordre au chien de s’asseoir, pour solliciter sa parole.
C’est super ce que vous faites
Elle fait ensuite intervenir ses deux perruches et sa poule, pour faire travailler la sensorialité d’un autre résident. Dans certains cas, elle pose simplement son chat, son lapin ou son cochon d’Inde dans les bras ou sur l’épaule des personnes âgées. Ces dernières donnent parfois à manger aux animaux, en leur tenant une pomme ou une carotte. Lorsque l’arrière-petite-fille d’une patiente, qui vient lui rendre visite, semble avoir peur de son chien, la médiatrice prend le temps de faire une activité avec cette dernière pour qu’elle reprenne confiance en cet animal.
A chaque fois, elle demande autorisation aux résidents avant de commencer l’exercice, et discute avec eux, notamment sur la relation qu’ils ont avec les animaux dans leurs vies. Certains d’entre eux sourient quand ils la voient entrer dans leurs chambres. « C’est super ce que vous faites », lui glisse la fille d’une résidente, présente pendant l’atelier.
Des retours très positifs
Elle peut également faire travailler leur mémoire, ancienne comme immédiate : « On peut faire appel à des souvenirs anciens : s’ils ont eu des animaux, comment ils s’en occupaient, qu’est-ce qu’ils en faisaient, où est-ce qu’ils les recevaient… », explique-t-elle. Ces ateliers, qui se déroulent la plupart du temps en groupe, sont aussi un vecteur de lien social entre résidents. « Et c’est aussi l’occasion de leur rappeler des bons souvenirs avec leurs animaux », explique la médiatrice animale. « Ce sont des bons moments qu’ils vont revivre ».
A la fin de son intervention, Estelle Dodelin dresse un bilan sur un ordinateur de l’établissement. Elle indique quels patients ont été consultés, et quelle a été leur réaction aux différents exercices. Pour cette intervention d’une heure, la médiatrice animale touche 180 euros, « frais de déplacements inclus ».
Selon cette dernière, les retours des résidents sont globalement « très positifs » : « Une personne qui n’est pas bien quand on arrive va faire des petits exercices, et repartir avec le sourire. Il y a un réel impact qu’on peut constater », dit-elle en souriant.
En quelques mots...
Après un DUT Animation sociale et socioculturelle, Estelle Dodelin suit des études de psychologie. Durant sa troisième année, elle effectue un stage dans une clinique vétérinaire, et obtient l’Attestation de Connaissances pour les Animaux de compagnie d’espèces domestiques (ACACED). S’en suit un deuxième stage, cette fois avec une zoothérapeute. La jeune femme intervient également auprès d’enfants de tous âges, pour des activités d’éveil et de préventions contre les morsures. De plus, elle propose ses services aux détenus du centre de détention de Bédenac, en Charente-Maritime. Possédant 40 animaux à son domicile, elle ne travaille qu’avec ses propres fidèles compagnons.