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D’hier à aujourd’hui, la Résistance chevillée au corps
Anne-Marie Montaudon, présidente de l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance vit en Haute-Vienne. Dans le contexte politique actuel, son inquiétude n'entache pas sa combativité à porter les valeurs de la résistance.
Anne-Marie MontaudonCorinne Mérigaud

Anne-Marie Montaudon préside depuis deux ans l'Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la résistance qui compte un peu moins de 7 000 adhérents.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2024 PAR Corinne Merigaud

Elle annonce d’emblée la couleur « Je ne suis pas une fille de… ». Une phrase qui plante le décor d’un parcours atypique, forgé à force de convictions. Depuis deux ans, la Limousine, Anne-Marie Montaudon préside l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance (ANACR). Une fonction qu’elle partage avec un Breton. Cette association a été créée en mars 1945 par les Francs Tireurs et Partisans Français, élargie ensuite à toutes les familles de pensées de la Résistance. Elle s’est inspirée du Programme du Conseil National de la Résistance.

Transmettre et résister

Deux mots caractérisent cette ancienne fonctionnaire de l’Education nationale née à Bourges en 1943 : transmettre et résister. Pour comprendre son engagement, il faut remonter à l’enfance de cette fille unique. Son père technicien aux PTT ne lui parlait jamais de la seconde guerre.

« Il avait été prisonnier en Allemagne mais comme il manquait des gens pour entretenir le réseau des postes, il avait été rapatrié en 1942 raconte-t-elle. Il m’a juste parlé un peu, un ou deux ans avant sa mort. Il se souvenait de ces femmes qui étaient maltraitées dans un camp qui jouxtait le sien. Il allait dans des châteaux pour remettre la ligne de téléphone ou la couper. Il me disait des bribes de choses. Il a fait passer la ligne de démarcation une fois à un Anglais à Vierzon. Il avait été approché pour faire de l’espionnage. C’est tout ce que je sais. »

Taiseux, l’homme trouvait normal d’agir ainsi et il n’a jamais demandé que ses actes soient reconnus. « Il ne parlait pas de résistance, il disait juste avoir rendu service, que c’était son devoir et que cela ne devait pas faire l’objet d’une conversation. Il n’était pas vantard du tout. »

Mort à 20 ans en 1944

Anne-Marie Montaudon grandit donc dans une famille marquée par la guerre mais dans laquelle on ne parle pas de ces années sombres. Elle apprit bien plus tard, par des cousins, qu’un jeune homme résistant membre de sa famille, Daniel Crétin, alors élève à l’école normale d’Angers, était mort à 20 ans en 1944.

« Je lisais beaucoup, j’étais très curieuse et bonne élève raconte-t-elle, à 21 ans, j’ai rencontré mon mari et j’ai entendu parler de la Résistance. J’ai plongé dans son histoire, celle d’une famille de résistants déportés dont deux ne sont pas revenus. » L’un de ses frères Gabriel Montaudon dit « Tino » était l’un des proches de Georges Guingouin, celui qu’on surnomma le préfet du maquis.

Un peu moins de 7000 adhérents

L’heure de la retraite venue, elle s’installe en 2001à Châteauneuf-la-Forêt et adhère au comité local de l’ANACR dont faisait partie son mari.

« Un jour, on m’a demandé de donner un coup de main et je suis devenue trésorière puis secrétaire et présidente en 2015 se souvient-elle. Lors du congrès de Limoges, en 2006, il y eut la création de l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance qui a regroupé l’association Les Ami(e)s de la Résistance, créée en 1970, rassemblant des femmes et des hommes qui se reconnaissaient dans les valeurs de la Résistance. »

Une façon de transmettre le flambeau et de poursuivre le combat des résistants, une fois leur parole éteinte.

ANACR

En 2019, elle s’inclinait devant la tombe du soldat inconnu, symbole de tous ceux qui sont morts pour la France.

Anne-Marie-Montaudon est alors élue secrétaire nationale de l’ANACR. Son but est de perpétuer la mémoire de ceux qui ont menés des actes de Résistance pour libérer le pays de l’occupant allemand. C’est la seule association de mémoire de la Résistance en France. Elle regroupe aujourd’hui un peu moins de 7 000 adhérents. « Il reste 80 à 100 résistants en France qui sont membres de l’association signale-t-elle, certains ont plus de 100 ans. Le dernier résistant du Mont-Gargan René Arnaud, qui était porte-drapeau sur les commémorations, est décédé début mai à 99 ans. »

Si on doit avoir un premier ministre d’extrême droite, ce sera une angoisse. Un gouvernement RN peut réécrire l’histoire. Combien de fois Le Pen l’a fait ?

Dans ce haut lieu de la Résistance limousine, de terribles combats ont eu lieu du 18 au 24 juillet 1944 et coûtèrent la vie à 38 maquisards. La 80ème commémoration de la bataille du Mont-Gargan est programmée le 21 juillet à 10 heures.

« Je rédige le discours depuis dix ou onze ans mais, au moment où je vous parle, je ne sais pas encore ce que je vais dire. Tout dépendra du résultat des législatives. Si on doit avoir un premier ministre d’extrême droite, ce sera une angoisse. Un gouvernement RN peut réécrire l’histoire. Combien de fois Le Pen l’a fait ? C’était inimaginable en France qu’un pouvoir fascistoïde arrive au pouvoir par les urnes… comme Hitler.»

Continuer la lutte

Abasourdie par une telle perspective, elle rappelle que les statuts de l’ANACR s’appuient sur le Programme du Conseil National de la Résistance. Montrant sa carte d’adhérente, elle nous lit un passage des statuts de l’association. « L’ANACR lutte contre les idéologies d’inspirations fascistes, le négationnisme, la xénophobie, tous les racismes et toutes les formes de discrimination, elle se prononce pour la sécurité des personnes et des Etats… pour la défense des Droits de l’homme et de la paix. »

Elle ne compte pas rester les bras croisés et prévient que l’association formera un rempart contre toute forme de résurgence du fascisme. « Il faudra continuer la lutte car je pense qu’il y aura des actions publiques estime la présidente, nous ne resterons pas sans rien faire, nous n’acquiescerons pas. Nous pourrons nous associer à d’autres pour manifester par exemple. Tous les moyens légaux seront employés. » Une détermination sans faille pour cette humaniste prête à défendre la mémoire et les valeurs de la Résistance.

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