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Pierre Nerguararian le visionnaire, quitte le Bassin de Lacq
INDUSTRIE - Il est des individus qui comptent dans le destin des territoires. Pierre Nerguararian, président bénévole du GIP Chemparc, dédié à la revitalisation du Bassin de Lacq est de ceux-là.
Pierre Nerguararian Solène MÉRIC

Pierre Nerguararian va quitter la présidence du GIP Chemparc dédié au retournement industriel du Bassin de Lacq

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/06/2024 PAR Solène MÉRIC

C’était une des annonces fortes de l’assemblée générale de Chemparc en ce 25 juin. Son président Pierre Nerguararian s’apprête à passer la main, après 12 ans de bénévolat à ce siège. « Douze années fantastiques pour moi. J’ai beaucoup d’affection pour ce bassin », confie-t-il volontiers.

Incontournable figure du monde industriel béarnais et au-delà, il faut dire qu’il connaît bien ce territoire d’industries dont il a vu les évolutions stratégiques se mettre en place, avec sa participation active. Affecté à plusieurs reprises sur le bassin de Lacq tout au long de sa carrière, il y a été ingénieur dans les années 1990, puis Directeur général de Total Exploration Production France de 2004 à 2007, avant de prendre la présidence du groupe en Russie.

Retour aux affaires sans regret

C’est à son retour en 2012, année de sa retraite, que David Habib, alors député et maire de Mourenx, et son prédécesseur de l’époque Jacques Jestin, lui proposeront de prendre la présidence du GIP. « Je vous avoue que j’ai d’abord dormi pendant 6 mois, rit l’homme à la vie professionnelle intense. Puis en juin 2012 j’ai accepté la proposition, j’étais en capacité de reprendre du service ! », sourit-il.

Un retour aux affaires sans regret. Celui qui reçoit l’assentiment de l’ensemble des partenaires du GIP, des élus locaux de tout bords, dont Patrice Laurent, le président de la communauté de commune de Lacq-Orthez, propriétaire du foncier du GIP, François Bayrou, en passant par le président du Conseil régional Alain Rousset mais aussi et surtout des industriels du bassin, qu’ils soient grands groupes ou PME, peut être fier du travail accompli et de la dynamique en place. « Il y a une ambiance sur ce bassin », commente-t-il.

Le bilan est bon, on peut en être fier, nous avons su maintenir les emplois. L’objectif des 10 000 emplois sur le bassin d’ici 10 ans est réaliste

Le chef d’orchestre attentif et passionné de ce groupement de bonnes volontés, imaginé il y a un peu plus de 20 ans pour envisager l’avenir industriel du Bassin de Lacq post exploitation du gaz, sait séduire, convaincre en douceur, et faire les bons liens entre les acteurs. Et quand il le faut « mettre un peu d’huile dans les relations entre porteurs de projets et acteurs locaux si nécessaire ». N’oubliant jamais l’objectif initial et permanent confié au GIP : maintenir l’emploi sur le Bassin de Lacq.

« Durant ces 12 années, il y a eu bien sûr des périodes difficiles, mais le bilan est bon, on peut en être fier. Nous avons su maintenir les emplois au niveau de l’emploi des années 80, au plus fort de l‘extraction gazière. 8 000 personnes continuent à travailler sur Lacq. L’objectif des 10 000 emplois d’ici 10 ans est réaliste » L’homme, humble et modeste, un temps vice-président de la CCI Béarn, préfère toujours le nous au je.

Voir dans l’échec l’opportunité du rebond

En homme de réseau et de passion, sa vision de l’industrie permet de repérer les opportunités mais aussi admettre quelques « échecs », à l’image d’un projet autour des batteries du futur.

« J’avais envisagé avec Alain Rousset, qu’on fasse des batteries ici. On avait un centre pilote qui devait être fait, mais en traitant avec Total, avec Stellantis, je me suis vite rendu compte qu’un jour, en effet, il y aurait des batteries, que notre idée était bonne, mais que ce ne serait pas dans le Sud Ouest pour des raisons évidentes de problèmes sociaux à régler dans d’autres centres industriels. Dunkerque par exemple serait bien plus intéressant. » Le présent lui a donné raison, pour autant, lui qui aime à voir dans l’échec l’opportunité du rebond, précise vite qu’à défaut de les fabriquer, le bassin de Lacq va les recycler ces batteries. Preuve en est avec l’entreprise Carester en cours d’installation et qui devrait entrer en fonctionnement dès 2026.

Chemstartup, c’est un peu mon bébé

Parmi les réussites et les fiertés qu’il accepte avec modestie de mettre à son compte : la création de Chemstartup. « C’est un peu mon bébé », confie-t-il à voix basse. L’auto-satisfaction pour ce grand modeste adepte de la mise en avant du travail d’équipe et de ses collaborateurs n’est en effet pas dans ses habitudes. Mais sur ce sujet, il peut difficilement faire autrement, car cette idée est directement liée à sa vie professionnelle antérieure.

« Quand j’étais chez Total Energies à la fin de ma vie professionnelle, nous étions un groupe à être allé au MIT de Boston pour voir comment cette université très renommée était capable de créer des start-up et comment elle arrivait à prendre des choses qui se faisaient au niveau d’un laboratoire pour en faire de l’industrie derrière. », raconte-t-il. L’occasion de constater que dans ce système américain, « ils avaient un maillon très important qui nous manquait ici cruellement entre le chercheur qui travaille à la paillasse et l’industriel qui veut développer un produit : le stade du pilote ».

Avec Chemstartup, est née une entité qui compte désormais 50 à 60 chercheurs travaillant à la mise en place de process pour permettre l’industrialisation de découvertes issues de la recherche. « C’est passionnant ! C’est comme ça par exemple, qu’en 2013, sont arrivés 5 jeunes ingénieurs, qui ont créé M2i. Ils sont aujourd’hui 250 et travaillent dans 51 pays. » Une petite fierté pour l’homme qui insiste « il faut toujours laisser leur chance aux jeunes, y compris s’ils ont connu un premier échec, c’était le cas de ces 5 jeunes là, mais ils ont su rebondir. Et quel rebond ! ».

Le choix du successeur

A l’heure de quitter Chemparc, le président encore en poste jusqu’au 31 décembre 2024 est encore et toujours optimiste, et note la notoriété grandissante du GIP. « Depuis 2 ou 3 ans, ça s’accélère mais plus encore depuis un an ». Il faut dire que le GIP cumule les labellisations nationales, projette une nouvelle extension de Chemstart’up, et travaille à un nouveau programme d’actions pour les trois ans à venir. C’est sans inquiétude, si ce n’est sur les élections à venir, qu’il laissera les rênes à un successeur dont il a déjà le nom en tête, sans pour autant le dévoiler. « C’est un processus à mettre en œuvre, on a besoin de six mois, même si la personne en question serait partante », précise-t-il. En attendant le président ne lâche pas la barre.

L’assemblée générale du 25 juin a notamment permis de faire le point sur sept des projets majeurs prêts à s’installer sur le Bassin de Lacq à une échelle de 10 ans. Des projets répondant aux enjeux de la décarbonation de l’industrie, pesant un total de 3 milliards d’euros d’investissement sur le Bassin et qui génèreront près de 1 550 emplois industriels directs.

Avoir un temps d’avance et l’esprit ouvert, et si c’était ça le secret de Pierre Nerguararian ?

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