Avant ce jour tragique où furent exécutés 643 enfants, femmes et hommes, Oradour-Sur-Glane ressemblait à une bourgade ordinaire avec ses commerces, ses artisans, ses agriculteurs, son médecin et ses villageois. En quelques heures, le village s’est transformé en ruines. Pour raconter et redonner vie à ce paisible bourg, les écoliers d’Oradour ont été accompagnés durant l’année scolaire par leurs professeurs ainsi que par l’illustratrice Zad, l’auteur Didier Jean et le photographe Pierre Berland.
Le projet pédagogique « Raconte moi mon village » a pu se concrétiser avec l’appui de François Musson, inspecteur de l’Education nationale et de Karine Texier, conseillère aux arts visuels pour l’enseignement. Le service éducatif du Centre de la Mémoire d’Oradour (CMO) a participé activement en ouvrant ses archives pour la recherche, notamment, de photos anciennes du village. Les écoliers ont pu également découvrir l’exposition permanente et visiter le village martyr.
Après des mois de préparation, où chacun a su trouver sa place, le résultat est à la hauteur de leurs efforts. « L’album est très beau remarque Babeth Robert, directrice du CMO, l’histoire et le narrateur sont de très bon choix. Cet album a été écrit par des enfants pour des enfants de 7 à 107 ans, il parle d’Oradour à hauteur d’enfant. Les dessins sont magnifiques, très colorés, parfois sous forme de croquis ce qui fait vraiment un très bel ensemble. »
Le volume 2 en cours
Edité par le CMO, cet album de 48 pages a bénéficié du soutien financier de la DRAC, de la municipalité d’Oradour et de l’Association nationale des familles des martyrs. Il est disponible à la librairie du Centre de la mémoire (13€). En complément, une exposition des dessins originaux est présentée dans le couloir qui mène à la galerie des visages. Ce travail d’éducation à la citoyenneté, à l’histoire, à l’enseignement artistique et culturel aura eu le mérite d’éclairer les écoliers sur l’histoire de leur village. « On s’est rendu compte que certains enfants d’Oradour découvraient le village martyr pour la première fois le jour de la commémoration remarque-t-elle, on se disait que c’était vraiment dommage car c’est leur premier patrimoine de proximité. » Un second tome est en préparation pour évoquer le village après le 10 juin 1944. Il sera publié avant la fin de l’année scolaire en vue de la commémoration des 80 ans du massacre.
L’architecture à l’étude
Par ailleurs, des journées d’études « Oradour et l’architecture » ont été organisées par le Centre dans le cadre du programme ANR « Ruines », les 22 et 23 septembre, en collaboration avec Gilles Ragot, professeur d’histoire de l’art et Béatrice Fournet-Reymond, architecte. « L’objectif était d’étudier l’architecture de l’ancien village, du nouvel Oradour et du Centre de la mémoire en présence de l’architecte qui a travaillé sur le Centre et de celui qui travaille sur le projet de reconfiguration relate la directrice, il s’agissait aussi de répondre aux enjeux actuels de construction en lien avec le nouveau plan local d’urbanisme et de voir la façon dont on accompagne les ruines. »