Département rural et agricole, la Dordogne serait un terrain de jeu parfait pour le développement de l’agrivoltaïsme, dans la continuité de politiques prises en main depuis longtemps déjà par la profession. La chambre d’agriculture départementale est en effet dotée d’un service « Énergies renouvelables à la ferme et Plan Climat », où la question de l’énergie photovoltaïque mobilise trois salariés.
Jouant le rôle d’interface, en relation avec les développeurs et les agriculteurs, les salariés de la chambre d’agriculture accompagnent le mouvement actuel. « L’évolution s’est faite en deux temps. Il y a eu le photovoltaïque sur les toits de bâtiments agricoles, en place depuis quinze ans, et maintenant l’agrivoltaïsme », commence Philippe Brousse, conseiller agricole et transition énergétique.
« Tout le monde n’a pas la même perception de ces sujets. Pour certains, une exploitation agricole doit vivre de sa production agricole. Pour d’autres, on voit cela comme le développement d’une ressource supplémentaire », poursuit le salarié de la chambre d’agriculture. Les questionnements sont multiples sur l’intérêt de la mise en place d’installations photovoltaïques sur les exploitations.
Des projets
Après le vote de la loi APER (Accélération de la Production d’Énergies Renouvelables) le 10 mars 2023, la publication du décret fixant un cadre pour le développement de la production d’électricité solaire sur les espaces agricoles, naturels ou forestiers le 9 avril 2024 devrait accélérer les choses. Pour l’instant, en Dordogne, l’agrivoltaïsme est resté le plus souvent à l’état de projets.
« Depuis deux ans, on a eu des contacts avec 80 développeurs, et les agriculteurs sont aussi sollicités en direct pour se voir proposer des projets. On doit avoir une centaine de projets par an en Dordogne, mais quasiment aucun n’est raccordé », juge Philippe Brousse. Le cadre réglementaire est en place, les contraintes sont fortes, et un projet demande à passer plusieurs étapes avant sa validation.
Il y a une première réflexion, avec un préavis facultatif de la préfecture de la Dordogne, et un travail de la chambre d’agriculture de la Dordogne (charte agrivoltaïque et étude sur l’émergence du projet). Il y a ensuite la réalisation, avec des études menées par la chambre d’agriculture (étude préalable agricole, étude du potentiel agronomique du sol) et d’autres par des bureaux d’études spécialisés.
Peu de concret
Enfin, il y a la validation, après un passage devant la Commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) présidée par la préfecture du département, qui délivre le permis de construire. « Le développeur finance les travaux, bénéficie du revenu tiré de la production d’électricité, et reverse un loyer à l’agriculteur pour le foncier occupé », détaille Philippe Brousse.
Un projet tient lieu d’exemple en Dordogne, à La Tour-Blanche-Cercles. Il a été initié par un agriculteur, Patrick Busselet, dès 2016, et travaillé avec la société Valorem. Les panneaux couvrent un peu plus de 8 hectares. « Il s’agit de prairies à faible potentiel agronomique, que l’agriculteur met à disposition d’une jeune agricultrice installée avec un troupeau ovin », décrit le conseiller agricole.
Le rythme des permis de construire va-t-il s’accélérer ? De nouvelles productions agricoles vont-elles arriver ? « Beaucoup de projets sont ralentis, nécessitant des compléments d’informations. Il y a aussi beaucoup de projets ovins. Mais la recherche avance, en grandes cultures, maraîchage, truffes, élevage bovin, on sent qu’il y a des opportunités », termine Philippe Brousse.