Le gaz vert déjà source d’énergie dans ma cuisine


Regardez votre gazinière ou votre chaudière: elles brûlent peut-être du gaz vert. La Nouvelle-Aquitaine est en tête pour la part de cette énergie non fossile. Décrié quand il est importé, le gaz devient vertueux quand il est produit dans nos fermes.

La part de gaz vert issue des méthaniseurs du territoire, va doubler d'ici 2026 dans les réseaux gaz de Nouvelle-Aquitaine.GRDF

La part de gaz vert issue des méthaniseurs du territoire, va doubler d'ici 2026 dans les réseaux gaz de Nouvelle-Aquitaine.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/11/2023 PAR Cyrille Pitois

Le gaz revient de loin. Stigmatisé au titre des énergies fossiles, il est banni des sources énergétiques compatibles avec le développement durable par l’imaginaire collectif. Et le voici pourtant qui revient par la grande porte verte. Grâce à la méthanisation, cette technique de production du gaz sur nos territoires, à base de sous-produits issus de l’élevage, des cultures ou même des déchets de la filière agro-alimentaire. Et ça marche déjà !

Sans que vous le sachiez, le gaz vert arrive déjà dans votre cuisine. Sa part est encore modeste, mais en pleine croissance.

Déjà 120 méthaniseurs en production

Souvenez-vous, le bannissement de la chaudière à gaz comme mode de chauffage des logements était programmé pour 2026. En réalité cette interdiction n’a aujourd’hui plus cours. Le gouvernement a fait machine arrière. Parce que le gaz change de couleur. A la fin de l’année, plus de 5 % du gaz distribué dans les réseaux de la région, sera d’origine non fossile, alors qu’on est à 3 % au niveau national.

Vaste région agricole, la Nouvelle-Aquitaine peut compter sur des volumes de bio masse, le carburant des méthaniseurs, particulièrement importants. Et le Conseil régional subventionne les porteurs de projets. Le résultat se fait sentir : les méthaniseurs se développent. On en compte 120 en fonctionnement aujourd’hui sur le territoire des douze départements de Nouvelle-Aquitaine, dont une soixantaine qui sont connectés au réseau. Les autres alimentent des circuits de chauffage locaux.

Une ressource non fossile largement sous exploitée

« Ce chiffre de 5 % est une moyenne, » indique Arnaud Bousquet, directeur régional Nouvelle-Aquitaine de GRDF, Gaz réseau distribution France. « La part peut varier chez le consommateur en fonction de sa proximité géographique avec une source de production et des options choisies auprès de son fournisseur d’énergie. Ainsi, sur le bassin d’Arcachon, en été donc hors période de chauffage, la part de gaz vert peut atteindre jusqu’à 30 % sur le réseau, du fait de la production en proximité. »

Arnaud Bousquet, directeur régional Nouvelle-Aquitaine GRDFGRDF

Arnaud Bousquet, directeur régional Nouvelle-Aquitaine GRDF


L’autre chiffre encourageant c’est que la filière ne méthanise que 3 % de sa ressource disponible. « La quantité de biomasse encore sous exploitée montre le potentiel énorme qui reste disponible et l’encouragement de la filière va permettre d’aller beaucoup plus vite pour passer du gaz fossile au gaz vert, » prévoit Arnaud Bousquet. « Aujourd’hui, on a la certitude de doubler la quantité de gaz vert produite d’ici fin 2026. »

Cent nouveaux projets d’ici trois à cinq ans

L’augmentation du prix du gaz fossile depuis la guerre en Ukraine et les tensions sur la ressource, ont fini d’ouvrir un boulevard au gaz vert. « Avec la crise du gaz russe qui a provoqué une hausse des tarifs du gaz fossile, les pouvoirs publics ont doublé les ambitions nationales en gaz vert et la politique de soutien produit ses effets : on voit revenir un flux de nouveaux porteurs de projets, » se réjouit Arnaud Bousquet. Principalement des agriculteurs ou des groupements d’agriculteurs (80%), mais aussi quelques collectivités comme la métropole de Bordeaux avec deux sites.

Méthaniseur, c’est un nouveau métier. Quand il y a des problèmes sur un site c’est un problème d’exploitation. Il y a des solutions. D’ailleurs l’acceptabilité des installations gagne du terrain.

« Nous recensons aujourd’hui plus de cent nouveaux projets dans la région susceptibles d’injecter du gaz vert dans nos réseaux d’ici trois à cinq ans, » décompte Arnaud Bousquet, qui constate aussi que les recours contre ces installations sont moins systématiques parce que les riverains connaissent mieux le gaz vert. Les installations sont aussi plus performantes, par exemple pour la maîtrise des odeurs. « Méthaniseur, c’est un nouveau métier. Quand il y a des problèmes sur un site c’est un problème d’exploitation. Il y a des solutions. D’ailleurs l’acceptabilité des installations gagne du terrain. »

En traitant sur place des résidus de culture ou d’élevage, l’agriculteur peut devenir autosuffisant en engrais pour son exploitation, avec au passage de la création d’emploi local et des compléments de revenus pour l’exploitation agricole. Le cercle vertueux de l’économie circulaire à partir de déchets. Le plus gros site de la région est à Mourenx, près de Lacq en Pyrénées-Atlantiques où Total énergies collecte et méthanise les déchets de 150 agriculteurs. Le nouveau gaz de Lacq complètement détaché des ressources fossiles.

Des tarifs « sur mesure »

Pour consommer du gaz vert à domicile, il n’y a donc rien à faire. Juste à attendre que sa part continue de grimper dans la distribution par le réseau. Pourtant, il y aussi moyen de devenir militant en souscrivant un abonnement qui garantit une proportion de gaz vert plus élevée. Plus cher? Pas forcément. A chacun d’évaluer sa consommation et de comparer les prix sur le très utile et astucieux site du médiateur de l’énergie.

Alors que la filière gaz semblait un peu endormie, l’urgence de la transition environnementale a réveillé sa capacité à innover. « La méthanisation permet de créer de l’énergie française et durable en créant des emplois à partir de déchets. On a beaucoup de raisons d’espérer de cette révolution énergétique ! » s’enthousiasme Arnaud Bousquet.

Infos pratiques !

La semaine de la méthanisation a lieu du 4 au 8 décembre dans le cadre du programme MethaN-Action, dans les douze départements de la région Nouvelle-Aquitaine. L’occasion de découvrir le nouveau métier de méthaniseur, nouvelle cartouche pour l’équilibre économique des exploitations agricoles.
La Nouvelle-Aquitaine compte 122 méthaniseurs en fonctionnement dont 80 unités de méthanisation agricole, 19 de méthanisation industrielle, 12 unités territoriales, 10 stations d’épuration des eaux usées (STEP) et une unité de traitement des ordures ménagères résiduelles après traitement mécano-biologique.

Pour 1,5 million de tonnes de matières méthanisées, presque la moitié provient des effluents agricoles et un quart des déchets de l’industrie agro-alimentaire. 

La méthanisation a permis en 2020 de produire l’équivalent de la consommation énergétique de près de 40 000 foyers néo-aquitains.

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