Un an après, quel bilan de la fin de l’éclairage nocturne ?


Depuis le 2 janvier 2023, nombre de lampadaires bordelais n'éclairent plus la nuit. Lors d'une réunion publique, la mairie a dressé le bilan de cette décision à l'époque contestée... et qui à certains égards, dont le point de la sécurité, le reste.

Les éclairages publics sont désormais éteints entre 1h et 5 du matin à BordeauxJuliette Huard - Aqui

Les éclairages publics dans le quartier des Chartrons, rue Notre-Dame. 57% des rues de Bordeaux sont éteintes entre 1h et 5h du matin.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/04/2024 PAR Artur Bucaille

Cela fait déjà 1 an et 3 mois que plus de la moitié des rues de Bordeaux sont plongées dans le noir, entre 1h et 5h du matin. Cette mesure tire son origine d’une idée écologiste. L’objectif principal, porté par la mairie de Bordeaux, était d’abord de protéger la biodiversité, en protégeant les espèces animales sensibles aux lumières nocturnes, et nous permettre d’admirer les étoiles. Mais l’aspect économique est bel et bien aussi entré en compte.

Pour répondre à la crise économique de 2022, on a dû faire des choix”, explique Laurent Guillemin, adjoint au maire chargé de la sobriété énergétique. Une décision qui semble porter ses fruits, puisque la facture électrique de la ville a baissé de 13% entre 2022 et 2023. La mairie prévoit même une diminution de 29%, d’ici 2025. Des économies qui viennent amortir les moyens déployés pour mettre en place ce nouveau système d’éclairage, puisque “le coût de l’extinction des lumières, avec l’installation d’un nouveau système, s’élève à près de 200 000 euros”, admet Laurent Guillemin. 

Si les aspects économiques et écologiques semblent indéniables, la question de la sécurité des citoyens a aussi été évoquée. Et c’est peut-être ici que le bât blesse.

Un sentiment d’insécurité persistant

Il y a une baisse de 27% des crimes entre 1h et 2h du matin”, rapporte Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité. Si les effectifs de la police municipale vont augmenter, passant de 160 à 180 policiers d’ici la fin d’année, et atteignant les 200 en 2025, l’adjoint au maire assume que “ces statistiques n’occultent pas le sentiment d’insécurité”. Un sentiment partagé par de nombreuses femmes, puisque “87% des bordelaises sont ou ont été victimes de harcèlement”, constate Claudine Bichet, adjointe au maire chargée des finances et de l’égalité femmes/hommes. 

Face aux élus, les bordelais et bordelaises n’ont pas mis longtemps à exprimer leurs ressentis quant aux résultats de cette mesure. Psychologiquement, c’est la terreur (…) je suis dans le noir total”, explique avec effroi une bordelaise, soutenue par les applaudissements des près de 80 personnes présentes dans la salle. “Je ne vois rien, je suis repérable”, s’en exclame une autre. “Ce n’est pas une impression, mais un constat d’insécurité”, déplore un bordelais. 

Nous mettons en place des lieux refuges, qui prendra en charge les personnes victimes de harcèlement et d’agression”, se défend Claudine Bichet. Avant d’enchaîner, “seul 1% des déplacements piétons sont en lien avec les rues concernées par l’extinction des lampadaires”. De son côté, Laurent Guillemin assure que la ville continue “de donner un éclairage décent”.

Des solutions déjà trouvées ?

Pour répondre aux inquiétudes des citoyens, la mairie a dressé la liste des solutions qu’elle compte mettre en place. “Sur le court terme, nous allons renforcer les effectifs de police, et installer des communications aux arrêts de bus”, liste Claudine Bichet. Le réseau Demandez Angela, qui vise à lutter contre contre le harcèlement sexiste et sexuel dans l’espace public, sera intensifié. 

De nombreux habitants se sont plaint de ne pas voir apparaître dans leurs rues des lampadaires à détection de mouvements, ou bien de ne pas laisser un réverbère sur deux allumé, plutôt que de tous les éteindre. “La réponse technologique est compliquée. Dans la réalité, ce genre de technologie n’est pas encore au point”, déplore Laurent Guillemin. “Le réseau de lampadaires a été conçu sous forme de guirlandes. Si on en éteint un, on les éteints tous, on ne peut pas faire d’entre-deux”. Mais il tient à rassurer les bordelais, en expliquant que les élus ont “fait le choix de challenger les gros distributeurs (…) si tout se passe bien, nous devrions pouvoir déployer des détecteurs de mouvements d’ici 5 à 6 ans”.

Pas sûr que cela ait beaucoup rassuré dans les rang du public. Les bordelais et bordelaises mécontents, devront en premier lieu surtout être patients.

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