Bordeaux met les gaz autour du carburant durable


L’université de Bordeaux, l’Aéroport de Bordeaux et la Fondation Bordeaux Université lancent une série d’études théoriques et pratiques visant à faciliter la création d’un véritable pôle régional autour des carburants d’aviation durables.

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L'Université de Bordeaux, la Fondation de l'Université de Bordeaux et l'Aéroport de Bordeaux, veulent impulser dans la région, un effort de réflexion sur le champ des possibles en matière de carburants d'aviation durables. Objectif : prendre un coup d'avance dans le développement de ces filières.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/03/2024 PAR Solène MÉRIC

L’évènement, discret, remonte au 14 février dernier. Industriels et académiques se sont réunis autour de l’Université de Bordeaux, de l’Aéroport de Bordeaux et de la Fondation Bordeaux Université dans le cadre d’un comité de lancement du projet  « SAF, vers des carburants d’aviation durables produits en Nouvelle-Aquitaine certifiés, traçables, avec des ressources locales, au service de la filière aéronautique française ». L’ambition est de travailler simultanément sur le développement de plusieurs filières industrielles, de la production de ressources biosourcées ou synthétiques, jusqu’à l’avitaillement des aéronef en passant par leur transformation, raffinage et stockages. Objectif : placer dès aujourd’hui la Nouvelle-Aquitaine en pôle position de la course à la transition du secteur aérien.

Pour mémoire, les « SAF », Sustainable Aviation Fuels, ou Carburants d’aviation durables, sont des carburants alternatifs au kérozène d’origine fossile, produits à partir de ressources biosourcées ou de synthèse. Ils sont, pour faire simple, et en attendant l’avion long courrier électrique, le graal d’une aviation espérée jusqu’à 80 % moins émettrice en CO2. Autre gros avantage : pas besoin de revoir la motorisation des aéronefs pour les utiliser. Précurseur sur le sujet, l’aéroport de Bordeaux Mérignac est, depuis l’été 2022, le premier aéroport commercial français de plus d’un million de passagers à proposer une offre permanente de carburant durable aux compagnies aériennes.

6% de SAF à 2030, c’est 6 millions de litres rien que pour l’aéroport de Bordeaux, contre 500 000 litres délivrés aujourd’hui.

Ce carburant produit à partir d’huiles de cuisson usagées sur des sites français de TotalEnergies est mélangé à hauteur de 30 % avec du carburant traditionnel. En 2023, ½ million de litres de ce biocarburant ont été distribués sur le tarmac bordelais. C’est un commencement… mais le pas est encore grand. « En 2030, la règlementation européenne imposera 6% de SAF sur la consommation totale de carburants ce qui, à trafic constant, représenterait 6 millions de litres rien que pour l’aéroport de Bordeaux, contre 500 000 litres délivrés aujourd’hui. » , calcule Simon Dreschel, président du directoire de l’aéroport.

Si la région entrevoit déjà des projets industriels se monter à plus ou moins long termes autour de ces carburants dits verts, les freins au développement sont encore nombreux : surcoût, complexité de la logistique à mettre en place, acceptabilité, notamment au regard de l’origine ou de la disponibilité des ressources, au regard d’usages prioritaires tels que l’alimentation.

Autant d’enjeux qui motivent, selon Michel Dubarry, président de la fondation Bordeaux Université, à ce que « dans l’intérêt général, nous devions partager nos visions industrielles et académiques pour déployer aujourd’hui et demain les solutions SAF les plus vertueuses. »

Un pôle d’expertise scientifique unique

Pour ce faire « un pôle d’expertise scientifique unique » associant l’Université de Bordeaux, Bordeaux INP, l’Inrae et l’université de Bordeaux est mis en place afin d’apporter des réponses scientifiques aux questions industrielle, logistique et agronomique. Concrètement des spécialistes en économie de l’innovation, travailleront sur « une cartographie des acteurs, des solutions et des politiques gouvernementales de soutien » qui aura vocation à passer au crible les opportunités et contraintes, perçues et réelles, tant du point de vue des coûts, que des réglementations, de la disponibilité de la ressource ou de l’acceptabilité.

D’autres experts se pencheront sur « la modélisation d’un jumeau numérique pour définir et piloter des chaînes logistiques fonctionnelles et optimisées », tout en tenant compte de l’offre, de la demande, des liens logistiques disponibles et des incertitudes qu’elles soient climatiques, géopolitiques ou autre.

Aide à la décision et dynamique collective

Enfin, le projet s’étend jusqu’au champ, avec une expérimentation en Relay Cropping (plantation de deux espèces végétales en même temps) qui permettra aux chercheurs d’étudier le potentiel d’une filière agroindustrielle locale « n’entrant pas en concurrence avec l’alimentation et permettant de générer de nouveaux revenus aux agriculteurs tout en favorisant la séquestration de carbone dans les sols et en limitant l’utilisation de produits phytosanitaires », expliquent les partenaires. Sacré défi… Il s’agit au total de « construire des outils d’aide à la décision pour la conception, le dimensionnement et le futur pilotage de filières SAF », synthétisent-ils. 

Lancé pour 4 ans, ce projet d’études a déjà reçu l’appui financier de l’Aéroport de Bordeaux, Airbus, EDF, Elyse Energy, Groupe Socatra, Suez et Terega, et qui sera piloté dans le cadre d’un comité qui pourra s’élargir ou inviter à d’autres acteurs-clés qui souhaiteraient y contribuer financièrement ou techniquement.

Présidé par l’ancien ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, il a de toute façon vocation à s’élargir le plus largement possible « dans une dynamique collective au service du territoire, menée et partagée avec l’ensemble des industriels des futures filières (producteurs, transformateurs, transporteurs, utilisateurs), les acteurs institutionnels et la société civile ». De premiers résultats sont d’ores et déjà attendus sous 12 mois.

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