Les eaux souterraines de Bordeaux tempèrent la Cité du Vin


Depuis 2014, le chauffage et la climatisation de la Cité du Vin sont alimentés par un système géothermique. Cette technologie amène depuis 10 ans stabilité et économies financières à l’établissement touristique.

La cité du Vin vi du pont d'Aquitaine de Bordeaux.Enzo Legros | Aqui

Chaque année, 1500 mètres cubes d'eau sont pompés dans les nappes phréatiques pour alimenter les pompes à chaleur de la Cité du Vin.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/03/2024 PAR Enzo Legros

Nul visiteur ne se douterait que l’énergie utilisée pour chauffer les salles de la Cité du Vin prend sa source à 32 mètres sous ses pieds. Et pourtant, le chauffage et la climatisation du lieu touristique bordelais trouvent bien leur alimentation dans les nappes phréatiques du sol des Bassins à Flot.

L’établissement utilise le principe de la géothermie, qui consiste à se servir de l’eau naturellement chauffée à 17°C pour obtenir du froid ou du chaud à l’aide d’une pompe à chaleur. Cette technique, mise en place et exploitée sur le site par l’entreprise Mixener, permet d’économiser de l’électricité par rapport à une climatisation 100% électrique, et de passer d’un prix de 200€ le kilowattheure d’énergie thermique produit, à 30-40€.

La géothermie a aussi pour qualité d’optimiser le rendement des pompes à chaleur. Pour 1 gigawatt d’électricité utilisé, 3 à 4 gigawatts d’énergie thermique peuvent être produits. Chaque année, 1200m³ d’eau sont pompés dans les nappes phréatiques pour la consommation de la Cité du Vin.

Un système vertueux en hiver comme en été

L’eau prélevée est à chaque fois déversée dans la Garonne. « C’est une règle de base en géothermie, on rejette ce que l’on pompe », précise Samuel Ardon, référent régional au sein de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Les pompes à chaleur étant réversibles, l’eau peut autant être utilisée pour du chauffage que pour de la climatisation froide. Concrètement, soit l’eau prélevée est réchauffée pour émettre de la chaleur puis refroidit avant d’être rejetée, soit l’exact inverse. L’eau déversée dans la Garonne reste quoiqu’il arrive à la même température qu’au départ (17°C) afin de ne pas bouleverser la biodiversité du fleuve, selon Mixener.  

Pompes à chaleur de la Cité du Vin.Enzo Legros | Aqui

Les pompes à chaleur ont une puissance de 1200 kw pour la production de froid, et 700 kw pour le chaud. Elles sont totalement silencieuses.

Pour la Cité du vin, la centrale géothermique représente aussi une valeur sûre, puisqu’elle n’est jamais tombée en panne depuis son installation en 2014. « Cela demande très peu d’entretien, c’est extrêmement fiable », indique Gérard Mazeau, ingénieur de l’entreprise bordelaise qui exploitera l’installation jusqu’en 2046.

Lors des mesures d’entretien, qui coupent le système, une seconde machine de secours prend le relais, ce qui n’impacte donc pas la température du lieu d’exposition. Ce détail est en fait capital pour la Cité du vin lorsqu’elle accueille des œuvres d’art. Si les températures fluctuent en la présence d’œuvres, elle s’expose à une amende de 300 000€. Pour éviter cette sanction, des pièces détachées sont présentes par précaution sur le site.  

Pas une solution accessible pour tous les publics

La géothermie a déjà fait ses preuves dans la métropole de Bordeaux, notamment dans le quartier de Mériadeck, où de l’eau est pompée d’une nappe phréatique à 1000 m de profondeur depuis 1983. Dans le quartier Euratlantique, 150 bâtiments sont alimentés de la même manière. Dans l’habitat, la géothermie n’est pas toujours utilisable mais reste tout aussi simple. « C’est le même système mais à petite échelle », explique Gérard Mazeau.

En revanche, le coût de cette technologie la rend tout de même peu accessible (plus de 10 000 € pour une maison de plus de 100m²). Si son utilisation peut être considérée comme vertueuse, la construction d’un réseau de chaleur coûte très cher en termes d’émission carbone. L’entretien régulier du réseau de chaleur est aussi plus facile pour une entreprise spécialisée dans l’énergie, que pour un particulier. 

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