« L’avenir de l’Hôtel du Palais de Biarritz passera aussi par l’avis des Biarrots »


Félix Dufour

"L'avenir de l'Hôtel du Palais de Biarritz passera aussi par l'avis des Biarrots"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 03/10/2020 PAR Felix Dufour

Vendredi soir, le temps était franchement de tempête à Biarritz pour la Première de Louis Bodin, Monsieur Météo sur TF1 sur les bancs du Conseil municipal de la station balnéaire vendredi soir au Centre Bellevue. Notamment à l’abord des délibérations 5 et 6 concernant respectivement, l’Hôtel du Palais et la Socomix qui le gère avec d’une part la décision de cession d’actions à la Caisse des dépôts et Consignations et d’autre part l’apport en comptes courants d’actionnaires.

« Un des gros dossiers qui a occupé une bonne partie du début de mandat, expliquait en préambule Maïder Arrosteguy. Quand nous sommes arrivés aux affaires, nous avons récupéré le dossier Hôtel du Palais en version Covid. C’est-à-dire que l’établissement n’a pas pu ouvrir en saison tel que c’était prévu et les travaux n’étaient pas financés. « Cet hôtel, c’est notre patrimoine et un atout majeur du tourisme et ce sont les Biarrots qui l’ont sauvé. Il y a deux ans de nombreux débats nous ont animés, et également séparés. En tout cas la municipalité précédente a entrepris une rénovation profonde et une sous-traitance de l’exploitation avec la chaîne d’hôtels Hyatt, une situation que nous devons gérer. La première question dont nous allons débattre est la cession d’actions à la Caisse des Dépôts et Consignations. On m’a répondu, la gestion d’un hôtel est-elle la vocation d’une ville. C’est une question que je risque de poser aux Biarrots. »

Une tranche de travaux  de 112 chambres et 10 millions d’euros

 C’est Édouard Chazouilleres, adjoint aux finances qui a présenté le projet de financement avec la cession d’action à la Caisse des Dépôts et Consignations, c’est-à-dire quelque part l’État, qui se propose d’entrer au capital de la Socomix, cet ensemble d’actionnaires chargés de gérer le Palais: « Sur ces 20 millions, 5 étaient apportés par les banques mais 15 n’étaient pas trouvés, aggravés par l’absence de recettes cet été, rappelait l’adjoint aux finances. Il n’était pas prudent de lancer des travaux sur cette dernière tranche qui devait finaliser 142 chambres, alors que le financement n’était pas trouvé et que nous étions dans un marché très incertain et un tourisme pour la partie internationale pas assuré. Il était imprudent d’aller dConseil Maider Arosteguyans cette voie. Plus prudent était de faire une première tranche qui permettrait de livrer un hôtel à 114 chambres pour Pâques prochain, date d’ouverture de l’hôtel, fermer l’hôtel en fin de saison puis entreprendre une tranche de travaux à l’automne et l’hiver 2021 pour livrer le Palais, définitivement terminé et rénové, à 142 chambres à Pâques, et pour l’été 2022, en considérant que le marché soit revenu un peu plus à la normale. Une tranche d’abord plus modeste qui soit plus finançable afin de se donner le temps de préparer le financement de la dernière tranche. Nous sommes allés frapper à de nombreuses portes, l’Europe dans le cadre du plan de relance européen, celui du gouvernement français, du Département, de la Région à Paris sur le sujet. »

Cette première tranche (10 millions €) sera obtenue par l’apport 2,4 millions d’euros fournis par la Ville sous forme d’avance de deux ans renouvelables, 4 millions d’euros par l’actionnaire minoritaire Jean-Claude Decaux Holding, et pour terminer 1,3 millions par la Caisse des Dépôts et consignations et 3,3 millions d’euros de Prêt garanti de l’État. « Ce délai nous permettra d’étudier le financement de la dernière tranche, les autres chambres et un embellissement de l’allée qui mène à l’entrée de l’établissement. »

Guillaume Barucq attend la candidate de la démocratie participative…

Il ne faisait pas l’ombre d’un doute que la question de l’Hôtel du Palais allait remettre en selle l’écologiste Guillaume Barucq et l’avocate et candidate de l’UDI aux municipales Nathalie Motsch. En abordant le sujet de manière différente. Vindicatif pour le premier qui s’était auparavant chauffé la voix sur la fermeture des plages -qu’il regrette- à 22 heures cet été: « En ce qui concerne la première délibération (cession d’actions à la CDC), c’est la consécration d’un engagement qui avait été annoncé lors du précédent mandat et c’est plutôt une bonne nouvelle. Par contre, la deuxième délibération me pose de gros problèmes. Sur la forme. C’est une délibHôtel Palais travauxération qui nous engage sur tout le mandat. Or, Madame le maire, je suis un peu en colère sur cette forme. Vous ne nous avez prévenus de rien sur ce dossier. Pas un coup de fil, pas une réunion. On en est à découvrir les dossiers dans la presse. Ça pose quand même un problème, pour une candidate qui s’est posée comme une candidate de la démocratie participative, ça va être compliqué. Sur le fond, c’est la chronique d’une catastrophe annoncée! On n’était pas seuls à l’énoncer et vous avez participé à cette alerte. On se retrouve dos au mur et vous vous retrouvez dans une situation défavorable. Vous avez hérité d’un bébé, ça ne devait pas être facile, mais ça n’empêchait pas de travailler dans la concertation… »
Et le doc surfeur de regretter que le groupe Hyatt, gestionnaire n’ait pas versé un sou pour ces travaux. Et que l’on n’ait pas pris au sérieux, en octobre 2018 son appel au président Macron pour financer des travaux d’un palace qui recevait le G7… Et Guillaume Barucq de conclure: « pourquoi ne pas faire appel à Stéphane Bern? »

Maïder Arosteguy, qui partage un certain nombre de remarques de l’élu d’opposition tout en faisant remarquer qu’il y a confusion entre démocratie participative et opposition lance la question « Mais vous posez une question centrale que votre prédécesseur n’a pas posée: « Une ville a-t-elle vocation à gérer un palace? De l’avis des personnes que j’ai consultées, dont Bercy, la réponse est non! Mais aujourd’hui, notre responsabilité est de rouvrir l’hôtel. Je suis dans la pire période que l’on puisse imaginer d’autant que toute l’hôtellerie de luxe affiche un taux de remplissage de 10% comme me l’a dit le directeur du groupe Europe d’Hyatt. Nous avons l’ardente obligation d’avancer et de mettre le palace en état de recevoir les clients. Pour en revenir à votre question je tiendrai mon engagement en consultant les Biarrots lorsque nous serons en mesure de nous séparer de la Socomix. Mais à pas à ce jour »

…Et Nathalie Motsch,  un recours auprès du tribunal administratif

« Il y a des dossiers qui engendrent de la polémique, celui-là inspire une grande désillusion ». Nathalie Motsch, ancienne adjointe de Michel Veunac et candidate de l’UDI aux municipales annonce la couleur, de la tristesse dans le gâchis qu’il a généré. Beaucoup d’entre vous démarrent leur premier mandat et vous vous retrouvez confrontés à un héritage pas facile, financièrement lourd, juridiquement complexe et médiatiquement incompréhensible. J’en parlerai de manière très sereine avec vous puisque encore une fois vous héritez d’un passé et vous n’êtes pas responsables de la situation dramatique à laquelle vous êtes confrontée ce soir. »

Et l’avocate de rappeler l’historique de ce palace « jusqu’à la précipitation des travaux pharaoniques en vue de la préparation du G7. Pour financer ces travaux, on pourrait parler de lifting impérial il a fallu sacrifier l’assurance vie des Biarrots. À travers deux délibérations: une intervenue le 3 juillet 2018, avec un emprunt de 5O millions d’euros auprès de deux banques. Mais à la Socomix. On a transféré les murs qui appartenaient à la ville à la Socomix, moyennant une redevance de 920 000 euros par an, et surtout pendant 75 ans. Ce dossier engage, parmi les autres dossiers de ce mandat, les finances de la ville dans des conditions exceptionnellement graves. Une délibération qui a fait l’objet d’une fronde de la part des élus: dix-sept d’entre eux dont Madame le maire se sont opposés à cette situation. Le bail emphytéotique consent un droit de propriété éphémère, c’est-à-dire que pendant 75 ans, trois-quarts-de- siècle, l’ensemble des attributs des droits à la propriété est conféré à la Socomix; Concrètement, on peut vendre! Et l’actionnaire majoritaire fera ce qu’il veut! »
Selon l’avocate, son recours contre la dite délibération ayant conduit à ce bail serait le seul moyen pour reprendre le contrôle des murs de ce qu’elle qualifie « un puits sans fond » qui conduit droit dans le mur.

Les deux délibérations ont été (largement) adoptées par 31 voix pour la première et 30 pour la seconde. Prochain épisode incandescent de ce début de mandature: le Biarritz Olympique. Maïder Arosteguy devra assurément s’inspirer de l’obstination de Simone Veil et du charme d’Eugénie de Montijo pour affronter cette nouvelle épreuve.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Pyrénées-Atlantiques
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles