Jusqu’au 23 mars 2025, le musée des Beaux-Arts de Pau, vous offre un an de Voyages ! Et quels voyages. « Ce nouvel accrochage à travers la thématique Voyages, permet d’aborder tous les fonds du Musée et toutes les époques », confirme Muriel Fourcade, directrice par intérim du musée des Beaux-Arts de Pau. « Nous avons voulu embrasser le voyage au sens le plus large. Voyages des œuvres, des artistes, et les raisons pour lesquelles ils voyagent, voyages des icônes… Nous avons aussi beaucoup travaillé sur les textes des salles qui expliquent les partis-pris », ajoute-t-elle.
Il y a dans ce nouvel accrochage une volonté affirmée, et c’est vrai, un peu libératrice, « de mettre de côté, l’aspect « histoire de l’art », même si bien sûr, il y a des côtés plus classiques dans certaines salles du parcours, mais globalement ça nous a permis de proposer des rythmes d’accrochages assez nouveaux ».
Le Greco, Rubens, Castaing : l’Italie au centre
Au rez-de chaussée par exemple, pour une grande partie des salles, c’est l’Italie qui est à l’épicentre du parcours, « mais à chaque fois avec une porte d’entrée différente ». Les premières salles évoquent donc le voyage de formation des artistes, qui du XVI e au XVIII e siècle est un incontournable pour tout jeune artiste en devenir, avec en point d’orgue : l’Italie. Se croisent ainsi dans une même salle, des œuvres de Le Greco, Rubens, Brughel l’Ancien, puis les œuvres d’artistes dont l’espagnol José de Ribera qui comme d’autres, est allé à la rencontre de Caravage ou s’en sont inspirés.
L’Italie c’est aussi les artistes récompensés du Grand prix de Rome, qui ouvrait les portes de la villa Medicis à ces lauréats. Parmi eux un seul béarnais, en 1924, René-Marie Castaing, dont l’autoportrait toise les visiteurs. « Dans la collection, nous avons beaucoup d’artistes récompensés par ce prix très renommé qui couvre une large période du XVIII e au début du XX e siècle ».
Environ un tiers des œuvres de ce nouvel accrochage n’ont jamais été exposées ou très peu.
Ensuite, fierté locale oblige, deux salles se consacrent aux voyages dans les Pyrénées. On y croise Gustave Doré dont son tableau, Vue du trou de l’Enfer Luchon ou encore Eugène Deveria, venu s’installer à Pau pour des santé. Outre plusieurs œuvres de l’artiste, l’exposition donne aussi à voir sa palette de travail. Autre peintre des Pyrénées, le plus local de tous, formé dans l’atelier du précédent, Victor Galos, qui lui n’a jamais quitté Pau et sa région.
Mais les voyages se sont aussi les voyages intérieurs, « un pas de côté dans la sélection de l’équipe du musée », laissant place à tout un pan d’oeuvres symbolistes, dont certaines encore jamais montrées. « Environ un tiers des œuvres de ce nouvel accrochage n’ont jamais été exposées ou très peu. C’est notamment le cas de toutes les œuvres graphiques présentées en fin d’exposition sur le thème de l’art et l’exil au XXème siècle. », précise Muriel Fourcade.
Ces oeuvres qui voyagent
D’autres, à l’inverse, sont des œuvres « stars » non seulement montrées mais aussi beaucoup prêtées. Par exemple le célèbre Degas, Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, « première œuvre jamais achetée à l’artiste par une collection publique… », glisse Dominique Vazquez, responsable des collections du musée. Ici, le tableau participe à illustrer le thème de la « Révolution du transport », mais il aurait tout aussi bien pu rejoindre l’espace dédié aux « Voyages des œuvres ».
On y trouve par exemple Léon Bonnat, natif de Bayonne ou encore une oeuvre de Camille Corot qui a renouvelé l’art des paysages, et est considéré comme précurseur des impressionnistes. Fontainebleau aux gorges d’Apremont, petit format assez sombre, est en effet reconnu comme la première œuvre peinte en extérieur. La plus demandée de toutes est là aussi, la célèbre Pasie cousant au jardin de Bonneval, de Berthe Morisot, génie de l’impressionnisme. « Elle part d’ailleurs bientôt en Italie », confie Dominique Vazquez. Raison de plus pour se presser au musée. Si le nouvel accrochage est prévu pour un an, il connaitra sur ce temps un certain nombre d’évolutions, au fil notamment des prêts de certaines oeuvres.
Au long de ce voyage artistique, les visiteurs auront aussi croisé la vague orientaliste et son influence dans la société tout entière qui accompagne les débuts de la colonisation. Ils auront fait un arrêt en Espagne, anti-chambre des voyages en orient, ou encore salué les peintres bordelais de passage au Pays basque, parmi lesquels on reconnaît notamment la touche d’Albert Marquet dans ses Barques à Ciboure.
Sans aucun doute, un voyage à faire. Plaisant et surprenant à la fois.