22 243 gigawatt-heure. Cela ne vous dit peut être rien comme ça, mais ce chiffre désigne la consommation d’électricité en Aquitaine en 2014. Elle était de 23 321 GWh en 2013, soit une baisse effective de 4,6%, contre -0,4% pour la consommation annuelle française. Une baisse qu’explique Jean-Claude Reitan, délégué RTE (Réseau de Transport d’Electricité) : « C’est essentiellement dû au facteur climat, puisque ces deux derniers hivers ont été particulièrement doux », souligne-t-il. Cependant, selon des données graphiques présentées par le responsable, la consommation aurait tout de même augmenté de 7,2% entre 2008 et 2014, contre +2,9% en national, augmentation essentiellement dûe à la croissance démographique de la région. La consommation du secteur industriel, elle, est restée stable par rapport à 2013. En région, la consommation des PME/PMI, particuliers et professionnels a enregistré une baisse de 4,8%. « La moyenne annuelle couvre 1,2 fois la consommation de la région », souligne le délégué.
Photovoltaïque : des progrès notablesQuand on s’intéresse à la production par filière (et c’est là que le bas blesse pour les amateurs d’écologie), on constate que le nucléaire représente toujours 85% de la production d’électricité en Aquitaine, contre 76,9% au niveau national. La production d’électricité d’origine thermique, renouvelable et solaire connaît une hausse de 16,7%, et atteint ainsi 6% de la production régionale. Mieux, selon les données de RTE, l’Aquitaine est en 2014 la région qui accueille le parc photovoltaïque le plus important de France (770 MW) devant la région Provences-Alpes Côte d’Azur (766 MW) et Midi-Pyrénées (575 MW). Ce qui a pour conséquence directe une augmentation de la production d’électricité d’origine solaire (+45%). Cette hausse est compensée par une chute de la production hydraulique (-9,8%) et thermique fossile (-30%). Si, comme indiqué, l’Aquitaine devient le premier parc photovoltaïque de France, le chantier de Cestas, finalisé en octobre prochain (qui deviendra le plus grand parc photovoltaïque d’Europe) devrait poursuivre la marche. Autre fait notable, la région possède le second parc en matière de bioénergies (154 MW) mais tout de même largement derrière l’Ile-de-France (326 MW).
Des investissements nombreuxRTE, qui a investi 110 millions d’euros en 2014, essentiellement destinées à installer et consolider les lignes souterraines dans les Landes et en Gironde, se montre confiant. « Si on se fie à la force des intempéries des tempêtes de 1999, alors nous sommes prêts à y faire face. Si on est face à une tempête plus forte, on compte bien assurer la remise en place du réseau en cinq jours. En tout, c’est 60 000 volts qui ont été sécurisés en 2014, on l’a évidemment fait dans l’ordre des priorités ». En tout, c’est environ 80 millions d’euros qui ont été utilisés pour l’adaptation du réseau électrique d’Aquitaine en 2014, contre environ 100 millions par an habituellement. On peut imaginer que les chantiers de Cestas et les lignes sous-marines qui relieront Bilbao au nord de Bordeaux à l’horizon 2020 y sont pour beaucoup dans cette petite baisse des investissement pour renforcer les infrastructures déjà existantes.
Le gros point faible de la région reste évidemment le réseau éolien : il représente 3,1% de la production par filières en France, et n’apparaît même pas dans les graphiques aquitains. « Des projets sont en court, notamment sur le Médoc. Mais pour investir, on se base sur du tangible. Il est clair que la région à des ambitions concernant l’éolien, mais si des centaines de projets sont proposés, très peu voient le jour au final ». Quand à savoir si la grande région risque de bouleverser les plans de RTE, là aussi, Jean-Claude Reitan reste mesuré : « il faudra peut-être s’adapter pour couvrir Poitou-Charentes. Le constat que l’on fait, c’est que ça commence à devenir un grand territoire, mais il ne devrait pas pour autant y avoir de grand bouleversement dans l’expansion et la couverture du réseau ». Quand aux détracteurs du nucléaire, sa remise en cause ne semble pas être une priorité pour les installateurs : « C’est compliqué de jouer avec ça. Nous sommes vigilants. Mais si des décisions se concrétisent, c’est bien évident qu’on les intègrera dans notre modèle », confie le porte-parole.