Baïnes: sauveteurs et chercheurs ensemble contre les noyades


Le projet Swym, mené entres autres par l'INRAE, vise à mieux comprendre les risques associés à la baignade dans l'océan, pour mieux les prévenir. Pour cela, l'étude mêle sciences physiques, océanographie, et sciences humaines et sociales.

Jeoffrey Dehez

Le projet Swym vise à mieux comprendre les risques associés à la baignade dans l'océan et les prévenir, alors que la noyade est la troisième cause de mortalité accidentelle dans le monde.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/08/2023 PAR Manon Gazin

Mieux connaître, pour mieux anticiper : voilà l’objectif du projet Swym, qui vise à analyser les risques de baignade à l’océan en Nouvelle-Aquitaine. Le danger principal ? Les baïnes, ces courants puissants qui piègent et entraînent les baigneurs au large, parfois jusqu’à 500 mètres. Malgré les « alerte baïnes » qui se succèdent désormais chaque été, ces courants sont responsables de 80% des noyades constatées dans le Sud-Ouest en période estivale. 

Pour avoir une approche globale du risque, Swym met en relation sciences physiques, océanographie, mais aussi sciences humaines et sociales. Le tout en se concentrant sur le cas de la plage de la Lette Blanche, à Vieille Saint-Girons, dans le sud des Landes. L’étude est menée par des chercheurs de l’INRAE, en partenariat avec l’université de Bordeaux, le CNRS, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Syndicat mixte de gestion des baignades landaises (SMGBL). Le projet a été lancé en 2022, et son rapport final sera publié à l’automne 2024. 

 

Étudier le facteur humain

Durant l’été 2022, les chercheurs ont mené un important travail d’analyse des comportements humains, en soumettant un questionnaire aux baigneurs. Une manière de d’établir des « typologies d’usagers, » selon Jeoffrey Dehez, chargé de recherches en économie à l’unité ETTIS (Environnement, Territoires en Transition – Infrastructures – Société) du Centre INRAE Nouvelle Aquitaine Bordeaux, et responsable du suivi du projet Swym pour INRAE.

Jeoffrey Dehez

722 baigneurs ont participé au questionnaire soumis par les chercheurs à la plage de la Lette Blanche, afin de dresser des typologies de profils, durant l’été 2022.

« Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Est-ce qu’ils sont jeunes, vieux ? Que connaissent-ils des baïnes et de la plage ? Est-ce que ce sont des gens qui, dans la vie de tous les jours, prennent beaucoup de risques? » détaille-t-il. Leur degré d’appréciation de la dangerosité, au moment où ils étaient interrogés, a aussi été demandé, sur une échelle de 1 à 5. Et ce, que la mer soit agitée ou calme. « Toutes ces attitudes vis-à-vis du risque, on essaie de les utiliser pour étudier les comportements des gens, » explique Jeoffrey Dehez. L’été dernier, 722 questionnaires ont ainsi été soumis aux baigneurs de la plage de la Lette Blanche. 

Décortiquer les interventions les moins graves

Cet été, et jusqu’au 31 août prochain, c’est une autre donnée qui est récupérée par les chercheurs : le suivi précis des interventions réalisées par les sauveteurs. Leurs interventions les plus graves (celles qui conduisent à une prise en charge par le système de santé), sont celles qui sont le mieux documentées, alors qu’elles sont largement minoritaires.

« On a essayé de recenser toutes ces interventions qui échappaient aux bases de données médicales, » affirme Jeoffrey Dehez. Pour ce faire, les chercheurs ont équipé les sauveteurs de tablettes numériques. Ces dernières leur permettent de recenser la totalité de leurs interventions, ainsi que leurs conditions associées.

Jeoffrey Dehez

1244 observations ont été collectés au 22 août 2023, afin de mieux comprendre les interventions de sauveteurs qui ne nécessitent pas un suivi médical, très majoritaires.

Ces données complètent d’autres indicateurs, comme les relevés topographiques qui mesurent la nature des fonds et les coordonnées de capteurs GPS installés sur des bouées pour suivre les courants. Ou encore des drones et des caméras installés pour étudier les courants de surface et la fréquentation de la plage. 

« On avait chacun une pièce du puzzle »

Une méthodologie innovante, dont se réjouissent les chercheurs : « C‘est la première fois qu’on a toutes les composantes du problème. Qu’on est en capacité de regarder le problème sous tous ses angles, de façon simultanée, » affirme Jeoffrey Dehez. « On s’est tous retrouvés, et on s’est rendu compte qu’on avait chacun une pièce du puzzle. »

Même si cette étude, focalisée sur la commune de Vieille-Saint-Girons, peut vite montrer ses limites. « Nos résultats vont être conditionnés par la configuration de ce type de plage là. On en est conscient. Le but, c’est de monter en généralités, » explique Jeoffrey Dehez. « L’objectif, pour avoir cette approche pluridisciplinaire, est de tous travailler au même endroit. » Cet été, les données transmises par les sauveteurs ont également été collectées à Biscarosse (à la plage du Vivier), à Mimizan (plage sud), et à Hossegor (plage centrale et plage du sud),  non loin de Vieille-Saint-Girons. 

Les scientifiques comptent étendre ces recherches au reste de la Nouvelle-Aquitaine, puis sur d’autres façades littorales, comme la Bretagne ou la Méditerranée. Depuis cet été, des sauveteurs de Charente-Maritime expérimentent notamment la collecte de données de leurs observations. 



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