Le Muséum – sciences et nature de Bordeaux s’associe au Jardin Botanique pour présenter « deux expositions complémentaires et indépendantes » d’après les dires du commissaire de l’exhibition, Laurent Charles, mettant à l’honneur la zoologie sur la rive gauche et la botanique sur la rive droite. Une collaboration avec un objectif commun : mettre en avant l’esthétique remarquable des illustrations scientifiques des ouvrages de leurs bibliothèques.
Une collection d’ouvrages illustrés à la perfection
Que ce soit en entrant au sous-sol du Muséum d’histoire naturelle ou dans les salles d’expositions du Jardin Botanique, le rapprochement des disciplines scientifique et artistique fait immédiatement sens. Jusqu’au 30 juin, l’exhibition présente une collection d’ouvrages illustrés à la perfection, à tel point que l’on « touche à la limite entre les deux domaines » selon Laurent Charles. Sur la rive droite, les âmes artistes seront ravies de découvrir les différentes techniques d’illustrations utilisées pour représenter les végétaux (gravure sur bois, sur cuivre, chromolithographie…).
Nombre de botanistes sont aussi de formidables dessinateurs. Certains jouent même sur les deux terrains comme Pierre-Joseph Redouté (1759 – 1840). À l’origine peintre du cabinet de la Reine Marie-Antoinette, il est considéré comme l’un des plus grands illustrateurs botaniques après s’être initié à l’exercice aux côtés de L’Héritier de Brutelle (1746-1800). Son œuvre a même « dépassé les frontières du milieu scientifique » d’après Véronique Dauphin, co-commissaire de l’exposition.
L’art de la perfection
Ce mélange astucieux offre aux visiteurs deux niveaux de lecture. Au Muséum- sciences et nature, les non initiés aux disciplines scientifiques présentées (ornithologie, entomologie, paléontologie…) se raccrocheront à la beauté graphique des représentations et aux nombreux animaux naturalisés issus de la collection du Muséum de Bordeaux. Quant aux plus aguerris, les exposants se sont donné le défi de « ne pas les décevoir » en évitant une vulgarisation du sujet.
Le Jardin Botanique met aussi en valeur le magnifique travail de deux botanistes bordelais. Avec l’ambition de promouvoir la nature de la région, Jean-François Latterade (1784 – 1858) est le premier à recenser la flore girondine. Sa recherche donne lieu à un ouvrage novateur publié en 1811. Il est aussi le fondateur de la société linnéenne bordelaise quelques années plus tard (1818), une première en France. Elle regroupe aujourd’hui 300 membres, botanistes, zoologistes ou encore géologues, en communication avec des chercheurs français et du monde entier, dans le but de développer la recherche scientifique.
Parmi ses membres historiques, Armand Clavaud (1828 – 1890), bordelais d’adoption après avoir quitté sa Charente natale, est particulièrement mis à l’honneur par la bibliothèque du Jardin Botanique dont il devient le premier conservateur en 1877. Vingt planches signées de sa main, utilisées pour donner des cours de botanique au muséum d’histoire naturelle de la ville, sont observables. Les formes représentées à l’encre ou au crayon intriguent et attirent l’œil. À tel point qu’il n’est pas étonnant d’apprendre son rôle dans la formation de l’artiste-peintre, lui aussi bordelais, Odilon Redon. Avec son maître Clavaud, le symboliste s’intéresse à la nature et apprend des représentations du botaniste dont « l’objectif est d’être le plus fidèle à la réalité » rappelle Véronique Dauphin.