Dès l’ouverture mercredi, les visiteurs se pressaient nombreux à 9 h dans les allées et sous les chapiteaux du salon professionnel Tech-Ovin à Bellac. Près de 250 exposants étaient prêts à les recevoir à grands renforts de café, viennoiseries et autres produits locaux. Pour les personnes sans pass sanitaire, l’Agence Régionale de Santé propose des dépistages gratuits devant l’entrée, une quarantaine effectué à 13 h. La crise sanitaire ne semble pas avoir freiné le flot de visiteurs au vu des files d’attente devant les salles où sont proposées 60 mini-conférence. A midi, le restaurant, les stands gastronomiques et les food-truck étaient pris d’assaut. Il reste encore une journée pour profiter de cet événement ouvert au grand public.
Les ovins dans toute leur diversité, voilà le programme riche et varié proposé par l’équipe de Claude Souchaud. Eleveurs, lycéens, organisations professionnelles, coopératives, syndicats, constructeurs, chacun a une bonne raison pour être à Tech-Ovin. Au pôle Avenir animé par les JA, 650 jeunes sont attendus en provenance du Centre Val de Loire, de Franche Comté, d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine à l’instar de ces deux classes de Bac Pro du lycée professionnel agricole de Montmorillon qui ont assisté à une conférence sur l’accompagnement bancaire. « Nous formons de futurs agriculteurs, et Tech-Ovin est une opportunité de rencontrer toutes les organisations agricoles professionnelles, explique Catherine de Roquefeuil, professeur de gestion. Dans la filière ovine, 50 % des éleveurs seront à la retraite dans dix ans, nous sensibilisons les élèves sur les opportunités de reprises d’entreprises. La filière est attirante, la conjoncture très bonne depuis quatre ans, les cours soutenus avec une demande des consommateurs. »
Un éleveur de plus en plus connecté
Nouveauté du salon, un village connecté a pris place entre les deux grands chapiteaux. Les éleveurs peuvent découvrir une exposition de nouvelles technologies, en service ou en développement, et assister à des démonstrations avec du matériel innovant comme ce convoyeur automatique qui permet de réaliser plusieurs taches à la fois. « L’idée est d’informer les éleveurs, de créer un lieu de discussion et d’échanges en présence de certains constructeurs, précise un technicien de l’Institut de l’élevage. Pour la première fois sont présentées les clôtures virtuelles, testées sur des fermes expérimentales en France, mais utilisées en Australie et Nouvelle-Zélande ». En cours de développement, l’imagerie 3D permet de configurer un animal pour connaître son état corporel et prédire son poids de finition.
Si la pénibilité et le temps consacré aux tâches quotidiennes peuvent rebuter les futurs éleveurs, des trucs et astuces parfois peu onéreux peuvent être mis en place pour travailler mieux et moins. C’est ce qui est présenté sur le pôle Travail, deuxième nouveauté de Tech-Ovin. « Ce stand a pour but de sensibiliser les éleveurs et de conseiller les étudiants sur la question du travail et de la durabilité sociétale assure Sophie Chauvat de l’Institut de l’élevage. Quand un éleveur travaille mal, il est fatigué, surchargé, il peut arrêter ». L’estimation d’un seau de concentré, porté maintes fois dans une journée, fait partie de la sensibilisation aux gestes répétitifs pénibles. « Sur 300 éleveurs interrogés, la pénibilité n’arrive qu’en troisième réponse après le travail administratif et le manque de vacances poursuit-elle, des solutions pour s’équiper ou alléger la charge de travail comme la trémie mobile pour ne plus porter les seaux, la distribution automatique ou la trémie jockey semi-automatique à bricoler soi-même avec une brouette. On peut s’organiser mieux et simplifier les taches avant d’investir 20 000 € dans un tracteur ».
Le chien de troupeau partenaire idéal
Compagnons de l‘éleveur, les chiens de troupeaux seront en démonstrations à 11h et 15h30. L’occasion de découvrir le travail du réseau des formateurs de l’Institut de l’élevage qui transmet sa méthode depuis 40 ans. « L’objectif est que le chien devienne un partenaire, si beaucoup d’éleveurs l’utilisent, une marge de progression importante existe dans l’acquisition des compétences précise Barbara Ducreux, coordinatrice du réseau Idele, nos 16 formateurs assurent 800 journées par an soit 1 500 éleveurs formés, un chiffre qui augmente. Mais les éleveurs ne se rendent pas compte de tout ce qu’ils pourraient faire avec leur chien pour être moins stressés, avoir davantage de sécurité et de confort au travail donc moins de pénibilité en gagnant du temps ». En partenariat avec la MSA d’Auvergne, le chien virtuel de conduite de troupeaux « Idele » est présenté pour la première fois. Objectif : mettre les éleveurs en situation de dressage, un exercice pas évident.
Le Mouton d’Ouessant sauvé de l’oubli
C’est le mouton star du salon ; sur les 36 races présentes, le mouton d’Ouessant attire les visiteurs sous le chapiteau Races et génétique. Sa petite taille 46 cm pour la brebis adulte et 49 cm pour le bélier rassure les enfants. « Nous avons l’habitude témoigne Jean-Louis Langlais, membre du groupement GEMO. A Paris, nous demandons un stand en angle pour avoir deux côtés ». Il ne restait que 250 moutons d’Ouessant en 1976, une race sauvée par des châtelains qui l’utilisaient pour entretenir leur propriété. « Le GEMO a permis de sauver la race qui compte environ 10 000 animaux dont 4 000 détenus par nos 250 adhérents ». Un organisme de sélection a été créé voilà un an avec les deux autres races locales, Belle île et Landes de Bretagne. Ce mouton est utilisé pour entretenir espaces publics et privés ou des friches industrielles. « Il y a un engouement pour cette race, 40 % de nos adhérents ont moins de 5 moutons, la vocation du GEMO est de maintenir la race dans son état génétique d’origine. » Jocy Dardennes file au rouet devant les visiteurs et confectionne chapeaux, casquettes et objets de décoration. Un belle manière de valoriser leurs toisons noires mais aussi blanches, grises ou brunes.