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PUBLIÉ LE 05/04/2024 PAR Corinne MerigaudMaillon de la chaîne logistique, la logistique urbaine part du producteur et va jusqu’au consommateur final avec une problématique, le dernier kilomètre pour distribuer les produits aux clients. Pour trouver des solutions, la Communauté urbaine a adhéré, fin 2021, au programme national InTerLUD porté par l’ADEME et le CEREMA (Centre d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), Logistic Low Carbon et Rozo.
« L’objectif était d’accompagner les collectivités et leurs partenaires dans la co-construction d’une charte logistique et nous y sommes arrivés aujourd’hui annonce Jean-Marie Lagedamont, vice-président de Limoges métropole en charge de la logistique urbaine. Pour mener à bien ce projet, nous avons organisé plusieurs ateliers qui, à chaque fois, ont fait l’objet d’une assiduité remarquable. »
Pour élaborer cette charte de logistique urbaine durable, un bureau d’études a établi un diagnostic sur les pratiques dans le périmètre concerné qui comprend Limoges, le parc d’activités Océalim à Couzeix, Les Quatre Vents à Boisseuil, les Portes de Feytiat et Buxerolles en zone industrielle nord de Limoges.
Neuf actions à mettre en place
Un programme d’actions en trois axes sera mené pour réaliser neuf actions. Le premier axe concerne la réglementation et les aires de livraison. Le second, le développement d’un écosystème de logistique vertueux et le troisième, l’aspect foncier et les outils afin de proposer des solutions alternatives.
Corinne Merigaud | Aqui Signée le 29 mars, la charte de logistique urbaine durable prévoit neuf mesures concrètes pour décarboner la livraison du dernier kilomètre.
Parmi les actions à venir, les transporteurs et commerçants devront s’associer pour mettre en œuvre de nouvelles modalités de livraison, ce qui implique de repenser les espaces de livraison tant sur leurs emplacements, leurs dimensions et leurs aménagements. Il est envisagé de développer les livraisons en horaires décalés, dans le respect de la réglementation sur les nuisances sonores, ainsi que le foncier logistique pour favoriser des livraisons du dernier kilomètre plus vertueuses (cyclo logistiques ou autres). Les services de retrait de petits colis dans les principaux pôles d’échange et commerces devraient également se développer. « On a la base, maintenant on va travailler pour mettre en place ces actions » poursuit l’élu confiant au regard de « la forte mobilisation » sur le sujet.
Un projet ambitieux qui satisfait également le maire de Limoges. « Cela fait dix ans que qu’on souhaite qu’il y ait un dernier kilomètre décarboné remarque Emile Roger Lombertie. Il faut des plateformes pour l’ensemble de nos gros transporteurs et nous devons travailler à l’échelle de l’agglomération. Nous devons trouver des solutions économes, pratiques et efficaces. C’est un challenge permanent de décarbonation des transports contre la ZFE, même si on s’en éloigne un peu. »
112 véhicules électriques à La Poste
La Poste n’a pas attendu cette charte durable pour livrer le courrier et les colis en véhicules électriques, ce qui lui a valu le label Limoges durable. « Nous avons mis en mode doux tout le centre-ville de Limoges indique Carine Bourrel, déléguée régionale du groupe La Poste. Nos filiales Chronopost et DPD sont aussi en électrique comme la branche courrier et colis, y compris nos camions. » Quatre vélos cargos sont en service depuis le 20 novembre et six de plus circuleront en juin. « On est en train de développer la distribution du courrier. À partir de juin, 90% se fera en électrique sur Limoges Métropole grâce à 112 véhicules électriques. » Sa flotte comprend ainsi 50 Kangoo, 33 Master, 19 vélos et 10 vélos cargos.
Corinne Merigaud | Aqui Raphaël Gaillard directeur de Mespoulet Distribution et Jean-Jacques Mespoulet, président, sont en train d’adapter leur flotte de véhicules pour livrer les débits de boissons.
Les poids lourds électriques ne sont pas au point
Société incontournable pour les gérants de bars et restaurants Mespoulet Distribution, créée à Limoges en 1932, a signé cette charte qui la contraint à adapter son modèle. « Quelque 80 % de notre chiffre d’affaires est concentré sur Limoge Métropole, donc nous sommes particulièrement concernés, remarque Jean-Jacques Mespoulet, le président. On livre nos clients une fois par semaine parfois deux. L’accès au centre-ville sera plus difficile à l’avenir. Nous livrons des produits consignés comme les fûts de bière mais, à la différence d‘autres transporteurs, nous reprenons les emballages. La logistique du retour et du dernier kilomètre, on sait ce que c’est. »
De fait, les projets de plateformes de logistique ne correspondent pas au fonctionnement de cette société à cause de la problématique du retour. « Nous sommes en train d’adapter notre parc de véhicules à la charte explique Raphaël Gaillard, mais les poids lourds électriques ne sont pas au point. Ils sont trop lourds et avec peu d’autonomie et il faut chiffrer ça, puis les amortir. »
L’entreprise a investi dans des véhicules légers thermiques Crit’Air 1 et elle envisage d’en acquérir d’autres. « On aura deux fois plus de véhicules donc on sera deux fois plus encombrant signale Jean-Jacques Mespoulet, c‘est paradoxal mais c’est la seule solution pour le dernier kilomètre. » Bonne nouvelle, trois embauches sont envisagées.
