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GENS D'AQUI !
4 min
PUBLIÉ LE 04/05/2023 PAR Manon GazinUne « grande kermesse » et non pas « une grosse manifestation » : même lorsqu’il parle du festival ODP, dont il est le directeur depuis sa création en 2015, Sébastien Lussagnet sait rester humble. Pourtant, l’évènement solidaire a réuni au total 30 000 personnes lors de son édition 2022. Et a, par la même occasion, battu son record, en donnant plus de 50 000 euros à l’Oeuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).
« Humble », c’est bien le mot qui peut décrire le sapeur-pompier originaire du Lot-et-Garonne. Comme il aime à le rappeler, « ce n’est pas Sébastien Lussagnet qui porte ce festival à lui tout seul. Il est très très bien accompagné », affirme-t-il. Si ODP a pu prendre cette ampleur, c’est grâce aux personnes qui l’ont soutenu ainsi qu’à son équipe, selon lui.
« Sans égoïsme, faisons pour nous »
Quand le soldat du feu âgé de 42 ans ne s’occupe pas d’organiser le festival, il est à la caserne de Bruges (Gironde). Une double casquette « pas forcément simple » à porter, selon lui, et pleine de « pics », positifs comme négatifs. « Depuis un mois, on rentre dans une phase où ça représente deux jobs. Mais autant côté pompier qu’associatif, c’est du plaisir », sourit-il.
Le but du festival ODP est de soutenir la cause des orphelins de sapeurs-pompiers qui ne sont pas reconnus Pupilles de la Nation. Une cause qui tient particulièrement à coeur à Sébastien Lussagnet, même s’il avoue « ne connaître personne » pris en charge par l’association de l’Oeuvre des Pupilles Orphelins. Créée au début du XXème siècle, elle vise à soutenir psychologiquement, matériellement et scolairement ces orphelins, jusqu’à leur entrée dans la vie active.
J’ai toujours vu de loin ce qui se faisait dans cette association. J’ai été sensible à ça.
« Les pompiers font beaucoup de choses pour les autres. Et notre Oeuvre, même si on a la chance d’être une corporation connue et reconnue de la population, est très méconnue ». C’est un regret, mais aussi un moteur de son engagement : « Sans égoïsme, faisons pour nous. Faisons une fête autour de cette cause tellement belle, mais qui n’intervient que dans des moments tragiques ».
Une immersion dans le monde du spectacle
Alors qu’il s’engage à 16 ans, celui qui est maintenant adjudant-chef est alors déjà porté par des valeurs de solidarité, et mène des événements caritatifs dans la caserne locale de son petit village. Notamment des rencontres sportives inter-pompiers au profit de l’Oeuvre des Pupilles. Puis il se met à organiser des évènements au profit du Téléthon, ce qui lui met « le pied à l’étrier ». « On a rencontré Eric Jean-Jean, un de nos parrains, qui nous a invité à trouver une solution pour mettre de la musique dans nos défis sportifs », explique-t-il. « C’est comme ça qu’on a connu le monde du spectacle et des concerts, et ce que c’était d’accueillir des artistes, de les produire, de prendre en charge une fiche technique », explique-t-il.
« Surtout, on s’est aperçu que quelle que soit la cause que l’on défend, heureuse ou malheureuse, la musique permet, à chaque fois, de finir dans le bonheur ». C’est ainsi qu’est né le festival ODP. « Ce festival est arrivé tout seul, ça coulait de source », raconte-t-il.
« Attaquer de manière sérieuse »
La volonté est alors « d’attaquer de manière sérieuse, avec déjà des moyens techniques forts, du bon son, en plus d’avoir une certaine esthétique musicale », affirme l’adjudant-chef. Il a donc fallu trouver une solution permettant d’engager des artistes « de renom » dès la première édition du festival. Tout en ne prenant pas de risques financiers trop importants.
Il imagine un projet « qui mêlait les pompiers sur la partie bénévoles et associative, en s’associant à un producteur professionnel, qui avait le réseau et les contacts ». Un arrangement avec la société 3C et son représentant Christophe Bosque, avec qui le festival collabore jusqu’en 2019. La recette fonctionne: les risques sont limités et la programmation compte des artistes renommés. Au terme de sa troisième édition, en 2017, le festival arrive à être bénéficiaire.
Aujourd’hui, le festival ODP réunit plusieurs milliers de personnes par soir, et pas moins de 1 100 bénévoles : pompiers et leur famille proche. Mais également « des dizaines, voire des centaines » de Pupilles, qui passent un week-end de fête avec les organisateurs et les artistes. « On ne s’y attendait pas, et pour nous c’est mieux que l’argent », explique fièrement Sébastien Lussagnet. « Ça rebooste pendant les mauvais moments. C’est eux qui nous font dire qu’il ne faut surtout pas baisser les bras ».
Nico Pulcrano Le festival est désormais un lieu de rencontre et de fête pour les orphelins de sapeurs-pompiers, qui y passent des moments privilégiés avec les organisateurs et les artistes.
« C’est de la lutte pour exister »
Malgré son succès, l’évènement fait face à des instabilités financières, selon son directeur. « On a subi dernièrement un retrait de subvention d’une collectivité qui était très significatif. Aujourd’hui, on sait qu’on sera dans le dur quoi qu’il arrive. C’est de la lutte pour exister », déplore-t-il.
Pour Sébastien Lussagnet le plus important reste la mise en valeur de la cause, et les bons moments que passent les Pupilles durant le festival. « Le sujet financier concerne uniquement l’organisation, pour pouvoir exister. Aujourd’hui on arrive à faire rayonner l’oeuvre des Pupilles au niveau national grâce à ce festival, et c’est déjà très bien. L’argent, il y en aura si c’est rempli « . Sur ce point, le directeur du festival semble rassuré par le probable succès de l’édition 2023 d’ODP. « C’est très bien engagé », sourit-il. On a une billetterie qui fonctionne bien, on peut déjà avancer qu’il y aura du monde dans le parc. Assez pour que la fête soit belle ».
L’info en plus :
Festival ODP Talence – 8ème édition
Du 8 au 11 juin 2023 – Parc Peixotto
Infos et billetterie : www.festival-odp.com
