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Rachel Lencroz, à contre-courant du libraire grincheux
Rachel Lencroz a repris, en mars 2022, la librairie jeunesse indépendante « Rêv’en pages » située à Limoges avec une idée en tête : ouvrir largement ce temple de la culture au plus grand nombre. Surtout les jeunes lecteurs!
Corinne Merigaud | Aqui
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/04/2023 PAR Corinne Merigaud

Le décor est resté intact. « Rêv’en pages » fait partie du paysage culturel limougeaud. Ses albums ont bercé des milliers d’enfants qui s’endormaient en écoutant l’histoire racontée par maman ou papa, rêvant de mondes imaginaires.

La seule librairie jeunesse indépendante du département a ouvert ses portes en 1985. Avant d’en reprendre les rênes, Rachel Lencroz, en a poussé la porte. « Ce n’est pas juste un rêve d’enfant, c’est le rêve de ma vie. Un vrai accomplissement… à 28 ans » reconnaît-elle avec un sourire aux lèvres. Le coup de pouce est venu de son père, instituteur à la retraite, qui lui a transmis l’amour des livres. « Mon père m’a permis de prendre confiance en moi car c’est un projet énorme, c’est plus facile avec lui. »


« Conseiller les jeunes fait sens »


En voyant que la librairie était en vente, il n’a pas hésité longtemps avant de lui lancer « je te suis dans le projet.» Comme dit le proverbe africain « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.» C’est donc ensemble qu’ils ont décidé de partager les risques. Rachel n’est pas partie sans bagages en poche.

Après un Master édition à l’Université de Limoges et un stage à la librairie « Page et Plume », elle poursuit son cursus en 2018 à l’Ecole de la librairie de Maisons-Alfort en alternance deux ans dans une librairie généraliste. « J’avais déjà une appétence pour la littérature jeunesse admet-elle, c’est ce qui fait sens pour moi, conseiller les jeunes, les amener vers la lecture. » Après un passage comme salariée chez un éditeur corrézien, la vente de « Rêv’en pages » tomba à point nommé. «  La gérante, une bibliothécaire qui avait repris la librairie en 2017, voulait retourner à son métier. J ’ai d’abord été salariée et il n’y a pas eu de surprise. Cependant, c’est plus compliqué de reprendre que de créer une librairie. »

Un endroit où on se sent bien


Rachel voulait apporter sa patte personnelle à ce lieu figé dans le temps. Créer un endroit pour flâner, s’attarder, sans forcément acheter un album. « Pour passer du bon temps, rigoler, un endroit joyeux pour que les gens ne se sentent plus gênés ». La jeune femme a mis en place des animations, gratuites pour la plupart, des lectures pour les bébés et enfants jusqu’à 7 ans, des jeux, des activités manuelles autour du livre. Elle a même ouvert un petit coin, à l’abri des regards, pour que les ados s’y sentent à l’aise. « Pour eux le libraire ressemble à un vieux croûton pas très avenant assis derrière un bureau ! Je veux changer cette image du libraire grincheux, créer un espace de vie où on se sente bien… même à 15 ans. »

Un pouf incite à se poser et partir dans de nouvelles histoires à dormir debout. « Si un jour ils ont besoin d’un livre, ils viendront dans un endroit où ils se sentent bien. Je veux être plus qu’un commerce. Sortir de la relation monétaire.» Rachel Lencoz n’a pas ménagé ses efforts et cela commence à se voir. Les clients n’ont pas pris leurs jambes à leur cou. « Le nombre de passages a augmenté mais le ticket moyen a baissé résume-t-elle, je suis consciente d’être privilégiée dans le contexte économique actuel. »


« Un commerce essentiel »


La librairie a musclé sa présence sur les réseaux sociaux pour « être remarquée et se démarquer ». Elle sort aussi des murs pour aller à la rencontre des lecteurs sur des marchés, des festivals locaux comme « Bande de bulles », « La folie des mots », « Urbaka », les « Bandafolie’s » de Bessines mi-juillet dont elle est native… Une manière ludique de faire connaître la librairie et de déclencher des commandes.

Elle édite une newsletter et propose ses coups de coeur sur son site. « Les réseaux sociaux ont un vrai impact sur les ventes qui augmentent même si cela représente moins de 10 % du chiffre d’affaires, remarque-t-elle. Les gens réservent et la plupart récupèrent leurs livres en librairie. Il y a aussi les achats coup de coeur. Les gens demandent notre avis, nous avons un rôle de conseil important d’où la nécessité de lire des livres. » Les deux salariées à temps complet, l’apprentie Léa et la gérante lisent cinq albums par jour et une vingtaine de romans par mois.
Les habitués, plutôt des parents et grands-parents, sont restés mais elle a capté une clientèle plus jeune. Personne n’a oublié la mobilisation lors de la fermeture des librairies durant la crise du Covid. « Les gens se sont rendu compte de l’importance des librairies, un commerce essentiel, revendique-t-elle. Les gens ont besoin, de discuter.» 

Le décor est resté intact ce qui ravit les habitués et les nouveaux lecteurs.

La prochaine occasion leur en sera donnée lors de « Lire à Limoges » du 12 au 14 mai. Trente auteurs dédicaceront leurs albums sur son stand dans un lieu inédit… la patinoire. A la rentrée, elle gardera le cap sur les animations autour du collectif d’auteurs « Sarbacane ». Et proposera une nouvelle bourse aux livres des clients « avec toujours cette idée d’accès à la culture pour tous. »

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