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Pourquoi le roi Charles III sera à Bordeaux comme chez lui?
La prochaine visite du roi Charles III en France et à Bordeaux devrait avoir lieu en septembre même si elle n'est pas encore confirmée. Rencontre avec une couronne qui vit des relations tumultueuses avec l'Aquitaine depuis 1154. Merci Aliénor!
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/08/2023 PAR Cyrille Pitois

Bordeaux bruisse de la prochaine visite du roi Charles III d’Angleterre. Mais ni l’Elysée ni Buckingham ne confirment officiellement ce royal déplacement sur les rives de la Seine, puis une journée durant, sur celles de la Garonne par la magie d’un carrosse, non pas en forme de citrouille, mais de TGV.

Un roi anglais à Bordeaux? Voilà qui n’est pas si rare ! Charles est ici quasiment chez lui. L’Angleterre et la ville ont entretenu des relations intimes et/ou conflictuelles à de multiples reprises dans l’histoire. Mariages, Guerre de cent ans et alliances royales ont écrit l’histoire quasi rocambolesque d’une union tumultueuse.

Charles III incarne tout cela puisque son programme prévoit des visites en lien avec le patrimoine de la ville et le vin, mais aussi des préoccupations écologiques, un sujet qui lui est cher.

Charles n’est pas roi d’Angleterre

Le roi Charles III n’est pas roi d’Angleterre. Son titre exact est roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ainsi que de quatorze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Précision utile pour épater vos amis au coin du barbecue.

Petit aperçu plus anecdotique qu’historique sur l’héritage aquitain qui pèse sur les épaules du souverain. L’affaire ne date pas d’hier. Nous voici dans les années 900. L’Aquitaine est divisée entre le duché de Gascogne au sud de la Garonne et le duché d’Aquitaine, qui s’étend à la Saintonge et au Poitou avec Bordeaux comme capitale. Quelques querelles féodales plus tard, Guillaume Fièrebrace, comte de Poitiers, se fait reconnaître le titre de duc d’Aquitaine par le roi de France, Hugues Capet. L’Aquitaine s’éloigne du royaume de France. Bordeaux devient progressivement la capitale, d’une grande Aquitaine allant de la Loire aux Pyrénées.

Merci Aliénor!

Il n’est pas encore question des Anglais, lorsqu’Aliénor d’Aquitaine épouse Louis VII, roi de France, en 1137. Mais leur union est dissoute quinze ans plus tard. On n’appelait pas encore ça un divorce. Et en 1152, l’ex-reine de France toujours duchesse d’Aquitaine, se remarie avec Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d’Anjou qui coiffe deux ans plus tard la couronne d’Angleterre et devient Henri II. Joli tour de passe-passe pour Aliénor qui devient du même coup reine d’Angleterre après avoir porté la couronne de reine de France.

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C’est le début d’un incroyable feuilleton de plusieurs siècles de conflits entre les deux royaumes, avec Bordeaux et l’Aquitaine comme enjeu. En comparaison, « Les Feux de l’Amour » ne sont qu’un aimable brouillon.

La guerre de cent ans va faire vivre aux Bordelais et aux vignobles environnants une succession de batailles sanglantes, de mises à sacs et de déferlement de violences. Ce n’est qu’en 1451 qu’un traité est supposé ramené une paix durable à l’ombre du royaume de France. Traité largement favorable aux Bordelais pour leur faire aimer la France.

Mais dès l’année suivante, la création d’un nouvel impôt provoque la colère des bourgeois de Bordeaux qui n’hésitent pas à appeler leur hotline favorite : Londres ! John Talbot, à la tête de 4 000 hommes, fait une entrée triomphale à Bordeaux en octobre 1452.

L’année suivante, le Français Charles VII part à la reconquête de la ville et de l’Aquitaine. Et l’emporte.  C’est la fin de trois siècles sous couronne anglaise, mais le changement de maillot déplait à beaucoup de Bordelais qui vont continuer à commercer assidument avec les Anglais.

Après ces relations amoureuses et tumultueuses entre la Couronne britannique et le Bordelais, surfons jusqu’au XXe siècle pour faire entrer en scène le fameux Charles, en mai 1977. Il vient visiter une exposition « Peinture britannique, de Gainsborough à Bacon », organisée par la Galerie des Beaux-Arts. A la descente de l’avion bi-moteur qu’il pilote lui-même, le prince est accueilli par le maire Jacques Chaban-Delmas. Outre la peinture, il en profite pour visiter le vignoble, notamment Château Latour à Pauillac. Le jeune homme de 29 ans aux yeux bleus, laisse une onde de charme et d’élégance derrière lui. Celui qu’on appelle déjà le futur roi ignore encore à cette date qu’il devra attendre la bagatelle de 46 ans avant de débuter son règne!

Visite royale contre mouvement social

2023, année de son couronnement et d’une nouvelle visite à Bordeaux. Initialement prévue en mars, contrariée par le mouvement social contre la réforme des retraites et notamment l’incendie de la porte de la mairie de Bordeaux, elle est décalée au 23 ou 24 septembre prochain suivant un programme assez semblable à celui envisagé en mars.

Son voyage en France serait ponctué d’une visite à Paris et d’une escapade à Bordeaux. Déambulation du côté du miroir d’eau puis des rues du centre-ville pour rejoindre Pierre Hurmic, à l’Hôtel de ville. Puis une visite dans le vignoble.

Mais si les média France Info et Sud-Ouest semblent affirmatifs sur la date de cette visite royale, Buckingham et l’Elysée préfèrent jouer un concours de politesse pour coordonner l’annonce officielle.

A la préfecture de Gironde la réponse est empreinte du célèbre flegme britannique :  « Nous ne sommes pas en mesure de confirmer cette information. »

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