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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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20/09/2023

Ce n’est pas Charles III qui remplit nos réservoirs

A Paris puis à Bordeaux, la visite royale déroule ses fastes. Les éditorialistes britanniques s'amusent de cette France, volontiers donneuse de leçons de vertu républicaine à la planète entière, qui dépense sans compter pour honorer leurs majestés.

Eh oui, nos menues contradictions, nous les assumons avec le sourire. Ce chef d'Etat, ni laïc, ni élu, ni républicain et sans pouvoirs, mérite nos petits soins. Pour avoir été presque tous, au moins une fois en Angleterre pour tenter de maîtriser la langue de Shakespeare pendant notre scolarité, nous savons à quel point ce peuple si proche de nous, est aussi si différent, si attachant et parfois totalement incompréhensible. Pour peu influent qu'il soit sur la politique britannique, Charles III est au moins plus présentable que Narendra Modi, le Premier ministre indien, invité de nos festivités du 14 juillet. L'Inde, dite première démocratie du monde est un gros client de notre industrie navale et militaire mais c'est de moins en moins une démocratie.

Revenons à notre couple d'hôtes, buveurs de thé et de Bordeaux bio. Cette visite aux dimensions XXL n'est pas un hasard. On peut parier que le gouvernement britannique l'a fortement encouragée pour redorer le blason des relations franco-anglaises. La séquence Boris Johnson étant terminée, les limites du Brexit ayant fait leur démonstration, les Anglais tressent maintenant toutes les ficelles pour renouer avec l'Europe. Une visite royale en Allemagne au printemps dernier, puis en France maintenant, c'est aussi cela les relations internationales. Si il n'a aucun pouvoir pour négocier quoi que ce soit, Charles III balise le terrain d'atterrissage à Bruxelles des fantassins du gouvernement britannique qui devront tricoter le match retour du Brexit. 

Pendant que le peuple français se passionne pour les images du couple royal qui descend les Champs-Elysées, ou arpente les rives de la Garonne, il ne pense pas au prix de son plein de carburant. Le gouvernement a cru trouver la solution en autorisant la vente à perte de l'essence et du gas-oil. Un flop monumental. Ni Total, ni les pompistes indépendants, ni les grandes enseignes de la distribution n'ont adhéré à l'idée. Pas un seul économiste pour la défendre. A croire que le gouvernement a omis de consulter avant de lancer ce ballon de baudruche. Il semble aussi oublier que le carburant est le produit le plus taxé. Donc si l'Etat faisait un petit effort provisoire sur ces taxes, le consommateur en sentirait immédiatement les effets sur son pouvoir d'achat. 

Mais les taxes sur les produits pétroliers sont parmi les plus gros pourvoyeurs du trésor. Autrement dit, plus vous passez à la pompe, plus les caisses de l'Etat se remplissent pour les routes, les écoles, les hôpitaux... Une notion qu'il faut avoir en tête à l'heure de la transition énergétique. Le gouvernement sera-t-il un jour vraiment moteur de la décarbonation des transports tant qu'elle entrainera mécaniquement une baisse de la consommation des produits pétroliers donc une réduction des recettes?  

Tout cela n'est pas le problème du roi d'Angleterre. Tiens au fait, dans les premières versions du programme de son voyage en avril, il devait parcourir la distance Paris-Bordeaux en TGV. Finalement, il est attendu à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac dès qu'il aura quitté Paris. Pas terrible pour le bilan carbone de ce petit voyage chez les Froggies.

God save the King. Mais pour la planète, il faudra attendre encore un peu. 

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