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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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19/04/2024

Pour les mioches, fini la bamboche !

Lors d’un conseil municipal, contre des enseignants ou contre des soignants, au sein et en dehors des écoles, entre bandes d'adolescents et préadolescents, la violence tous les jours contre les femmes... la liste n’est pas exhaustive. Ne fermons pas les yeux non plus sur celle exercée contre les forces de l'ordre sciemment organisée en marge de manifestations républicaines, ni à l’inverse, celle parfois disproportionnée de la violence dite légitime, qui quasi automatiquement en provoque de nouvelles.

La violence se généralise et se banalise traduisant un rapport à l'autre à base de mépris et de haine qui progressivement se substitue au respect de l'autre, clef de notre vivre ensemble.

A chaque fois on répond au cas d'espèce par des coups de menton, des déclarations péremptoires et des nouvelles lois d'opportunité... toujours aussi peu efficaces. L'affichage public d’un mépris qui a pu être, plusieurs fois, constaté au plus haut de notre hiérarchie institutionnelle.

A propos de lois d’opportunité, les dernières annonces en date ciblent la violence chez les jeunes, et particulièrement les mineurs, nouvelles terreurs du gouvernement. On n’a pas encore parlé de « karcher » ni de « racaille » dont il faudrait se « débarrasser ». Ça n’a pas tellement bien fonctionné la dernière fois, pourtant c’était déjà le début d’un indice, la violence appelle la violence. Attal lui, s’essaye à un autre style, plutôt ordre et autorité, à la mode des années 50 ou 60, ante 1968 s’entend. On a aussi vu sur la longueur ce que ça a donné.

L’hôte de Matignon, a même pris soin de préciser que sa nouvelle version des travaux d’intérêt généraux pour enfants perturbateurs, son invention du casier judiciaire scolaire, sa réinvention sous le nom de « contrat » du règlement intérieur des établissements scolaires ou encore de l’internat comme mesure d’éloignement, visent « une minorité » de la jeunesse. Une minorité de mineurs si féroces (et parfois ils le sont, l’actualité récente nous le rappelle), qu’ils ne méritent d’ailleurs même plus la désignation d’enfants dans la bouche du premier ministre.

Mais dans le fond, son discours, rythmé d’uniformes et d’amendes aux parents dépassés, s’adresse bien aux mêmes que Sarkozy à l’époque. À ceux dont lui et son camp ne voudraient pas que les bulletins filent à l’extrême droite lors des prochaines européennes. Les deux sujets n’ont bien sûr rien à voir mais, combien de ces électeurs-là votent réellement aux européennes pour les européennes ? C’est un autre débat.

En tout cas, à l’occasion de ces vacances scolaires, souhaitons aux enfants, donc, qu’ils en profitent au mieux, car après ça « la bamboche, c’est terminé !» Quant à penser à réellement solutionner les problèmes, on verra plus tard.

Osons quelques pistes tout de même : Former et recruter des assistantes maternelles dans les crèches pour qu’elles puissent s’occuper de tous les enfants, sans en laisser devant des écrans mal venus ; soutenir vraiment à la parentalité notamment en direction des familles monoparentales ; prévenir le décrochage scolaire par des accompagnements suivis des élèves ; lutter plus encore contre le harcèlement ; donner plus de moyens aux établissements et aux enseignants. Réussir d’abord à attirer plus d’enseignants pour des classes moins surchargées…

Quant à amener des classes à une audience de tribunal (réelle ou fictive), chiche ! Non pas en présentant l’institution comme une menace de ce qui les attend dans leur destin tout tracé de futur délinquant, mais comme une ressource d’éducation à la citoyenneté et au fonctionnement de notre République. Un lieu où le juge n’est pas là que pour punir mais aussi dans nombre de procédures, pour résoudre des conflits de toute nature, parfois à l’amiable, parfois non, pour accompagner et soutenir des personnes en difficultés, dont justement des familles et les enfants... Un lieu qui montre qu’il existe réellement d’autres voies que la vengeance et la violence pour régler ses comptes. Et qui sait, ça fera peut-être même naître des vocations ? Le ministère de la Justice en a bien besoin.

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