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L'ÉDITO

 par Laura Pargade Laura Pargade
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29/04/2024

Primeurs, social, le compte est bon ?

Cette semaine dans le bordelais, il y avait ceux qui se demandaient combien ils allaient gagner, et ceux qui calculaient combien ils allaient perdre. Les propriétés qui attendaient avec impatience la note d’un célèbre dégustateur pour présager du niveau et des prix des ventes du millésime 2023 d’un côté, de l’autre ceux qui cherchaient les petites lignes dans les conditions d’obtention des primes à l’arrachage. D’un côté ceux qui mobilisaient bougies, personnel et éoliennes pour lutter la nuit contre la menace de gel, de l’autre ceux qui choisissaient quelles parcelles bénéficieraient des quelques bougies investies pendant que d’autres parcelles seraient susceptibles d’être sacrifiées, sans espoir de compensation financière, les assurances étant elles aussi hors de portée.

Une situation particulière, propre à l’économie unique des vignobles girondins et au fonctionnement de la place de Bordeaux ? Peut-être pas tant que cela. Au moment des défilés du premier mai qui n’ont que l’embarras du choix quant aux revendications sociales qui sont portées, on pourrait voir dans la viticulture locale une allégorie de la situation nationale et des écarts qui se creusent progressivement.

Car la viticulture n’est pas le seul secteur occupé à compter. L’Etat compte, principalement son déficit public, et comme on l’a vu lors du dernier Forum de la Cohésion à Bruxelles, cela le conduit à prendre des décisions qui vont parfois à l’encontre de politiques européennes visant à réduire les écarts territoriaux, équilibrer les niveaux de vie et augmenter le pouvoir d’achat dans les régions les plus en difficulté. Quant aux réductions budgétaires sur les services publics, la santé ou l’assurance chômage, on sait qu’elles ont également un fort potentiel de creusement des écarts sociaux.

Lors de la crise des gilets jaunes, on avait également beaucoup compté sur les plateaux télé. Compté les revenus et les dépenses d’une famille moyenne, compté la croissance des écarts entre les revenus les plus élevés et les plus bas, les patrons et les smicards. Depuis, la situation n’a guère changé, sont venus s’ajouter les chômeurs qui comptent les jours avant les annonces du 1er juillet, et feront partie, comme certains vignerons, de ceux qui compteront plutôt combien ils vont perdre que combien ils vont gagner.

Après les primeurs, l’actualité sociale de cette semaine pourrait donc sonner comme un rappel de ne pas oublier que tous ceux qui comptent, et peu importe ce qu’ils comptent, leur avis compte aussi.

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