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Paysan herboriste: Laurent Pasteur, la nature comme officine
Originaire de Rancon, Laurent Pasteur est revenu dans son hameau familial de La Courcelle après une vie à Paris dans la communication et le management. Avec une envie chevillée au corps, cultiver des plantes médicinales et en partager les secrets.
Corinne Merigaud

Laurent Pasteur cultive plus de 320 plantes médicinales, tisanières et aromatiques dans son jardin botanique "L'Or des Simples" situé dans un hameau de Rancon.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2024 PAR Corinne Merigaud

Il a laissé la vie parisienne derrière lui pour écrire une nouvelle page de sa vie. Depuis dix ans, Laurent Pasteur est revenu au hameau de La Courcelle, à Rancon. Sur une partie de son domaine agricole, il a créé un jardin botanique où poussent plus de 320 plantes médicinales et tisanières. « L’Or des simples », ce jardin bio privé est unique en Haute-Vienne. « Il y a peu de jardins botaniques en France avec 300 plantes médicinales, peut-être une dizaine en tout signale Laurent Pasteur, mon but est de faire prendre conscience aux gens qu’ils côtoient tous les jours des plantes ayant des vertus pour la santé. Quelque 80 % des médicaments sont issus des plantes.»

À 57 ans, retour au lycée !

La cinquantaine venue, Laurent Pasteur a choisi de vivre en harmonie avec la nature. En accord avec sa philosophie de vie. Il est devenu paysan herboriste et apiculteur, une reconversion qui correspond à ce qu’il a toujours recherché. « J’ai voulu réorienter ma vie professionnelle vers la nature et le monde rural indique-t-il. Je m’intéressais depuis longtemps à la paysannerie, l’apiculture, la médecine douce, la botanique et aux plantes tisanières. » A 57 ans, il décide de préparer un BPREA au lycée agricole des Vaseix, près de Limoges. Il complétera sa formation en maraîchage bio et apprendra aussi les vertus des plantes médicinales au CFPPA d’Ahun en Creuse.

Sur sa propriété d’environ 20 ha, il a créé un jardin botanique de 600 m² qui compte plus de 320 plantes médicinales, aromatiques et tisanières. En France, la culture des plantes médicinales est très réglementée et seules quelques variétés sont autorisées en vente libre. « Le paysan herboriste comme le paysan boulanger produit et transforme la matière première remarque-t-il, mais le métier d’herboriste est interdit en France depuis 1941. La vente de plantes médicinales est réservée exclusivement aux pharmacies. Une dérogation a été accordée pour 148 plantes aromatiques et pour faire des tisanes.»

Depuis le 1er janvier 2024, nous avons obtenu la reconnaissance provisoire du métier de paysan herboriste.

Il souhaite que la loi évolue et milite pour être autorisé à donner des conseils. « C’est déjà le cas en Allemagne, par exemple, alors que les allégations médicales sur les vertus des plantes sont interdites chez nous remarque-t-il. Depuis le 1er janvier 2024, nous avons obtenu la reconnaissance provisoire du métier de paysan herboriste. Cela va permettre de mettre en place une formation pour faire valoir la reconnaissance effective de ce métier ».

Transformés en hydrolats et tisanes

Dans ce jardin botanique ouvert aux visiteurs, on peut découvrir toutes les variétés de plantes qui poussent naturellement en Limousin. Chacune est présentée avec son nom courant, complété par son nom latin et en occitan. « Les visiteurs sont contents de retrouver les noms en occitan » constate-t-il.

En plus des plantes de la région, il a choisi de cultiver les variétés les plus couramment employées pour des tisanes ou comme aromates, soit une cinquantaine. Il a renoncé aux plantes tropicales. Il est intarissable surtout lorsqu’il parle de ses coups de coeur qui ont « un intérêt culturel ou local comme la Mandragore, une plante qui ne pousse qu’ici insiste-t-il, c’est compliqué d’en trouver chez les pépiniéristes. J’en ai réussi trois cette année.»

Laurent Pasteur maîtrise sur le bout des doigts les vertus de chacune. Et elles sont parfois surprenantes, comme l’herbe de l’immortalité très prisée en Chine. « Elle augmenterait la durée de vie de dix ans si on en boit tous les jours comme le dit la tradition chinoise » relate-t-il. Certaines variétés exotiques s’acclimatent bien sous nos latitudes comme le gingembre japonais, le basilic du Kenya, le mûrier de Chine ou le figuier d’Inde « qui résiste très bien au gel. » C’est le cas également du pavot bleu de l’Himalaya, du chèvrefeuille du Japon et du basilic du Kenya, très parfumé et camphré.

le chemin des simplesLaurent Pasteur

Le Chemin des Simples ouvrira le 28 juin pour s’immerger au coeur de la nature en parcourant un sentier de 2 km, mais aussi enlacer des arbres et admirer de jeunes ginkgo biloba.


Près du jardin botanique, une cinquantaine de variétés de plantes sont cultivées sur 5 000 m² afin de préparer tisanes sur mesure et hydrolats. Une fois séchées, il transforme les feuilles dans son laboratoire. La feuille d’artichaut a, par exemple, des vertus hépatiques en tisane. Le cassis est très chargé en antioxydant et s’avère excellent en complément nutritionnel. Les petits fruits sont bien représentés avec l’arbousier aussi appelé l’arbre aux fraises, l’amandier, l’argousier, le lycium qui donne les baies de Goji ou encore l’airelle très bénéfique pour la santé. Les fruits sont transformés en confitures, compotées ou gelées. Un grand verger conservatoire a aussi été planté, fin 2019, et comprend plus d’une centaine de variétés anciennes de pommiers, poiriers et pruniers. Les ruchers sont installés au milieu de ses cultures.

« Les gens pourront enserrer les arbres »

Pour s’immerger dans la nature, Laurent Pasteur a aménagé un cheminement en pente douce, d’un peu moins de 2 km, qui longe la rivière Gartempe. « Le Chemin des Simples » sera ouvert à partir du 28 juin. Les visiteurs se baladeront en toute sérénité et admireront une cinquantaine d’espèces botaniques dont des arbres médicinaux du monde entier. « Des pins parasols, des séquoias géants mais aussi des ginkgo biloba que j’ai plantés cet hiver précise-t-il, j’ai conçu ce cheminement bien-être sur le concept de la sylvothérapie. Les gens pourront toucher les arbres, les enserrer, faire une pause pour admirer des paysages reposants, toucher des plantes à la douceur et au parfum exceptionnels, écouter les sons de la nature, le bruit d’une cascade, prendre leur temps.» Un moment pour déconnecter et se ressourcer.

En mars, ce passionné a également planté une oliveraie sur 1 ha, vraisemblablement la première en Haute-Vienne, avec 200 oliviers de cinq variétés qu’il compte tester avant d’en planter davantage. « L’huile d’olive est excellente pour la santé assure-t-il, c’est aussi une manière de s’adapter au changement climatique car je ne suis pas sûr qu’il y ait encore des pommes ici dans cinquante ans ! » Un véritable pari sur l’avenir climatique…

Visites guidées en individuel ou en groupe 7 j/7 sur rendez-vous au 06.19.94.74.34. (Durée 2h)

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