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Marjolaine pétillante libraire de nouvelle génération
Elle s’appelle Marjolaine Pétillon et son patronyme lui va comme un gant. Elle est pétillante ! Enthousiaste, dynamique, et entière. La jeune femme au rire facile, est la nouvelle libraire de Morlaàs en Béarn. Son mot d'ordre, la lecture libérée.
Marjolaine Pétillon, libraire à Morlaàs pose dans sa librairie "Chez Gustave"Solène MÉRIC | Aqui

Marjolaine Pétillon, et un des livres qu'elle conseille pour l'été : "Sois jeune et tais toi" de Salomé Saqué. "Un livre qui donne un autre regard sur la jeunesse, à l'encontre de nombreux a priori négatifs", commente-t-elle.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/07/2023 PAR Solène MÉRIC

Le village situé au Nord Est de Pau, n’a pas été choisi par hasard pour cette Basque d’origine qui du haut de ses 30 ans, a déjà vécu et travaillé à Paris, Londres et Montréal. Diplômée de deux masters en marketing digital, c’est naturellement dans le milieu du marketing et de la publicité qu’elle a débuté sa vie professionnelle.

Au Canada, le Covid débarque et avec lui son lot de questions, et de quête de sens. « Je gérais une équipe de développeurs pour faire des sites internet. C’était intéressant mais ça ne me « drivait » pas. Je ne pense pas que ce soit d’utilité publique de vendre des motos-neiges ; même au Canada ! » Après trois années canadiennes, la décision est prise de rentrer, de se rapprocher de sa famille et de réaliser son « rêve de petite fille, ouvrir une librairie. Partager autour des livres, ça, ça a du sens ! »

4300 âmes, 2 maisons d’édition, zéro librairie

Une nécessaire formation à l’Ecole de la librairie (Paris) plus tard, la voilà donc à Morlaàs, Béarn, depuis le 14 mars dernier.  C’est un de ses professeurs,  ancien propriétaire de la librairie l’Escampette bien connue des Palois qui l’a conseillée. « Il connaissait le coin,  il m’a dit qu’il y avait sans doute quelque chose à y faire, et il avait raison ».

Et pour cause, le village de 4 300 et quelques âmes, aux deux maisons d’édition mais zéro librairie, voit sa population croître de manière régulière. Bien que proche de Pau, Morlaàs reste assez éloigné des librairies du centre-ville, et ses habitants « ont un vrai pouvoir d’achat car beaucoup travaillent à Pau, chez Total ou Turbomeca par exemple », glisse Marjolaine… Puisque « le libraire est aussi gestionnaire », appuie-t-elle, ce genre de détail compte pour se lancer, surtout quand on est accueillie à bras ouvert par la mairie et la communauté de communes. 

Les quelques cafés pris au centre-bourg « pour découvrir le lieu et s’imaginer y vivre », finissent de convaincre la jeune femme. Ce sera à Morlaàs, que Marjolaine partagera son amour des livres, né dans les lectures que lui faisait son arrière-grand-mère. Même si elle reconnaît que « le vrai déclic pour la lecture, c’est Harry Potter. Après ça, je ne pouvais plus m’arrêter ! ». Une jeune femme de son temps.

Pourquoi critique-t-on les jeunes qui lisent des BD japonaises? Toute forme de lecture est à encourager !

Son pêché mignon ce sont « les BD, et notamment les manga, la littérature jeunesse, les univers un peu fantastiques qui m’emmènent loin. J’aime les beaux dessins, les formats assez courts et les longues séries », avoue-t-elle volontiers. Un aveu pas si courant sans doute chez les libraires. Mais Marjolaine ne triche pas ; cette passion, c’est même un sacré atout dans sa relation avec les jeunes collégiens qui passent la porte de sa librairie, le mercredi après-midi. « Quand ils voient que je lis des manga, ça les accroche beaucoup plus facilement. Si lire un roman ne les tente pas, je leur propose autre chose. On ne dit jamais aux amateurs de BD belges qu’ils ne sont pas des lecteurs ! Je ne comprends pas pourquoi on critique les jeunes qui lisent des BD japonaises », s’emporte-t-elle. « Toute forme de lecture est à encourager ! » Avec deux écoles et un collège au sein du village, c’est une mission dans laquelle elle compte bien s’investir.

D’ailleurs son commerce est généraliste. Le soufflet de la colère retombe aussi vite qu’il est monté quand elle évoque son fond : « Ici, il y a de tout pour tous les goûts ! De la littérature contemporaine, du feel good, du polar, des BD et manga, des ouvrages de sciences humaines et vie pratique… et même un peu de carterie et de papeterie », sourit-elle avant de préciser que d’ici à 5 ans son souhait est d’aménager une partie jeunesse et manga un peu plus conséquente dans ce qui est aujourd’hui la réserve

Les clients conseillent la libraire

Depuis qu’elle est libraire, Marjolaine reconnaît qu’elle a changé sa manière de lire, « beaucoup plus et plus tard le soir », et elle glisse un autre aveu : « ce qui n’est vraiment pas ma tasse de thé ce sont les polars et les thrillers. Ça me stresse, je n’y arrive pas ». Ce léger inconvénient professionnel, elle en a fait un atout : « je fais confiance à mes clients. Ils viennent me dire tel ou tel polar est très bon… ça m’aide dans mes choix, et ça crée aussi une communauté autour de la librairie. » Une complicité des clients pas peu fiers de conseiller la libraire !

« Partager, échanger et désacraliser la relation au livre », une résolution à laquelle elle donne aussi libre cours lors de clubs de lecture qu’elle organise au café d’en face.« On peut parler livre et lecture tranquillement autour d’un verre ou d’un café, et pas forcément dans un lieu qui serait dédié à ça ! ». Ainsi, elle fait aussi vivre la librairie sur les réseaux sociaux, son site internet et son blog afin de maintenir le lien, présenter des coups de coeur, annoncer des rendez-vous.

Gustave le chat

Marjolaine fait aussi peu à peu sa place au sein des bibliothèques et collèges. « Les bibliothèques du coin qui ne se fournissaient que chez Leclerc passent désormais leurs commandes chez moi. Les autres, se sont excusées de ne me passer qu’une partie de leur commande… Elles n’ont pas à le faire, l’essentiel est d’abord de faire travailler les libraires indépendants, moi ou un autre ! ».

Sa librairie, en face de l’église, elle l’a baptisée « Chez Gustave ». Ce n’est  un clin d’oeil ni à Flaubert, ni à Eiffel, mais à son chat qui l’a suivie dans ses pérégrinations d’expat. Gustave n’est plus, mais il aura toujours son chez lui, au milieu des livres et des pensées de Marjolaine.

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