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GENS D'AQUI !
3 min
PUBLIÉ LE 05/07/2023 PAR Cyrille PitoisInutile de taquiner Daniel Hiribarren en lui faisant remarquer que la création d’une fondation est un bon levier pour défiscaliser. « Si on additionne tous les coûts réels et le temps passé… Il y a beaucoup mieux pour poursuivre cet objectif. D’ailleurs payer des impôts ne me choque pas, tant que l’Etat n’exagère pas. »
Rien ne prédestinait cet entrepreneur basque à faire fortune dans l’immobilier. Plus jeune, quand il se cherche un avenir professionnel après quelques hésitations, sa mère Carmen, lui confie les clés d’une succursale de sa marque de prêt-à-porter éponyme, à Madrid. Ce n’est pas le coup de foudre professionnel. Ensemble, mère et fils engagent une première diversification, une opération immobilière fructueuse à Hendaye.
« Mais travailler avec sa mère, ce n’est pas toujours fluide. J’ai voulu partir. Elle m’a dit de rester et c’est elle qui s’est retirée sur sa seule activité de vêtements. » Daniel Hiribarren bâtit le groupe Carmen à partir de 1991 et ne va pas tarder à s’imposer sur le marché basque, sans se focaliser sur la clientèle premium. « Mon créneau a toujours été d’aider une clientèle middle à se loger, même si on sait s’adapter aux demandes exceptionnelles. »
Notre métier de l’immobilier ne sera jamais disrupté en totalité. On n’achète pas son logement sans le visiter en vrai.
Carmen se développe à l’ombre de la Rhune et n’a jamais renoncé au maillage physique en multipliant les enseignes presque dans chaque ville du territoire. « On n’achète pas son logement sans l’avoir visité en vrai, avec une personne qui vous le présente. Pour certaines étapes de la vie, le virtuel et le numérique ne remplacent pas l’humain et la proximité. Notre métier ne sera jamais disrupté dans sa totalité. »
Il rachète un réseau d’une demi-douzaine d’agences dans les Landes, se diversifie avec la plateforme de locations saisonnières Poplidays.com, la gestion locative, la conciergerie, puis investit dans des projets d’hôtellerie-restauration comme la Vinotek à Hendaye. Son plus gros coup: une promotion immobilière à 60 millions d’euros en plein cœur de Saint-Jean-de-Luz. Un hôtel et un restau-garage en gestion propre, des logements sociaux et des maisons individuelles sur le toit. « Jusqu’ici notre record c’était 10 millions d’euros. »
Mais il ne joue pas les gros bras. « C’est un métier stressant, difficile, avec toujours la menace d’une nouvelle crise qu’on n’a pas anticipée. » L’entrepreneur jongle entre la préparation du coup d’avance et des arrières qu’il faut sans arrêt assurer et réassurer. A 57 ans, il pourrait compter ses succès, oublier ses échecs et poursuivre les expériences gastronomiques qu’il adore. Mais se reposer sur ses lauriers n’est pas ce que lui a enseigné Carmen.
Avoir notre nom sur les maillots de l’Aviron Bayonnais n’a aucun intérêt pour moi.
Après avoir réorganisé ses sociétés, travaillé avec ses presque 300 salariés sur une vision d’avenir et une nouvelle identité -désormais le groupe Hetzi (Etzi signifie après-demain en Basque, l’ajout du H évoque l’enracinement à Hendaye)- il se lance dans la philanthropie. Se lance ? En fait comme la prose de M.Jourdain, la démarche n’est pas nouvelle pour lui. « Quand vous avez des succès professionnels, beaucoup d’amis et que vous êtes un peu généreux, vous êtes très sollicités, » sourit-il. Façon pudique d’évoquer les fonds distribués depuis des années à des petits clubs et autres associations de la région. « Mon fil conducteur, c’est l’enfance, l’éducation par le sport et la santé. Voir notre nom sur les maillots de l’Aviron Bayonnais ou du Biarritz Olympique n’a aucun intérêt pour moi. »
Depuis le mois de mai est née la Fondation Hetzi, sous couvert de la fondation de France. « J’aime bien être contrôlé, ça évite de faire des erreurs. » Hetzi s’est engagée à verser 200 000 euros sur 5 ans, dont 65 000 dès cette année, auxquels s’ajoutent d’autres dons de particuliers.
Objectif : préparer après-demain en favorisant l’éducation et la santé des plus jeunes. Daniel Hiribarren attend avec gourmandise la première réunion en septembre du comité stratégique qui décidera deux fois par an de l’attribution des fonds. Pour cette mission, il s’est entouré de Nelly Guilhemsans, violoniste, professeure de musique à Cambo-les-Bains, et créatrice de bodytaps et autres flashmobs à gros succès sur les réseaux sociaux, avec la complicité des enfants du choeur des Colibris. Et aussi de Philippe Mayte, directeur du groupe scolaire Largenté à Bayonne et vice-président du conseil de développement du Pays basque.
Un trio qui veut tricoter autre chose que le désespoir envoyé ces derniers jours par les gamins des quartiers délaissés.
En quelques mots...
Né en 1966
Diplômé de l’école française des attachés de presse
Fondateur de Hetzi qui regroupe depuis trente ans Poplidays (tourisme numérique garanti par les professionnels), Carmen (immobilier particulier et entreprises), Le concierge immobilier, et différentes activités liés l’hotellerie-restauration: Le Garage à Saint Jean-de-Luz, Vinotek à Hendaye.
Le groupe comptera 300 salariés avant la fin de l’année.
