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GENS D'AQUI !
4 min
PUBLIÉ LE 05/01/2024 PAR Cyrille PitoisA priori toutes les entreprises ont au moins une mission qui consiste à apporter de la valeur à leurs clients. Mais la loi Pacte de 2019, précise cette mission autour d’un certain nombre de valeurs. Des éléments différenciants que Franck Morisse, nouvel ambassadeur de la communauté des entreprises à mission en Nouvelle-Aquitaine, défend depuis longtemps.
Après une première vie professionnelle chez l’Oréal, Franck Morisse bascule voilà une dizaine d’années dans le monde de l’entrepreneuriat en collaboration avec trois autres personnes pour créer le cabinet Skultur qui déploie du conseil en stratégie d’entreprises. « Dès la création, nous avons embarqué parmi nous un docteur en sociologie qui nous aide à faire un pas de côté, comme une boussole pour comprendre les nouveaux modèles de sociétés, » témoigne Franck Morisse.
Quand la loi Pacte est promulguée dans les années suivantes, « nous nous sommes rendus compte que nous étions devenus, sans le savoir, des Monsieur Jourdain de l’entreprise à mission. Le gouvernement montrait avec cette loi qu’il avait compris que d’autres modèles pouvaient émerger. »
Habitué à accompagner des entreprises dans des secteurs et des configurations très variés, Franck Morisse saisit l’opportunité de convaincre. « Sans être écolo-radicaux, nous sommes persuadés que le profit ne peut plus être le seul critère, que les métriques sociales et environnementales doivent peser. On ne monte plus sur la balance avec un seul pied. Il faut regarder l’entreprise de manière beaucoup plus globale. » Une conversion que Franck Morisse veut partager : « Nous nous sommes lancés à corps perdu dans l’évangélisation autour de la société à mission. »
Responsabilité sociale et environnementale, impact, critères ESG, sociétés à mission… l’époque foisonne de modèles qui se cherchent, qui veulent intégrer plus d’humain, de social, de développement durable. Pas de quoi déstabiliser notre ambassadeur : « Tous ces mouvements émergent de façon simultanée et chacun croit en son modèle ce qui est bien normal. Cela témoigne qu’on est en train de défricher une nouvelle façon de vivre l’entreprise. Il importe que toutes ces chapelles se rencontrent plutôt que de s’opposer. »
L’audace est rare. Pourtant on sait bien qu’on ne change pas le monde avec de l’eau tiède.
Pour lui, les autres labels sont bien sûr compatibles avec la démarche de société à mission. « Au contraire du label, pour lequel l’entreprise va cocher un certain nombre de cases, on veut voir parmi les sociétés à mission des milliers de têtes différentes. La mission d’une entreprise va s’écrire en fonction de la personnalité, de l’histoire, du passé, de l’environnement de chaque société. »
L’important c’est le chemin sur lequel on s’engage : « La mission c’est s’inscrire dans une démarche pour rejoindre un objectif. Si demain Total voulait devenir entreprise à mission, cela voudrait dire que cette entreprise se fixe des enjeux sociétaux et environnementaux à atteindre et qu’elle engage de gros moyens pour y parvenir. Ce serait une très bonne nouvelle. Pour moi, la mission, c’est s’engager à mettre de l’audace, se ressourcer autour d’une mission engageante. Et l’audace c’est rare. Pourtant on sait bien qu’on ne change pas le monde avec de l’eau tiède ! »
Construire collectivement la boussole de demain
L’ambassadeur est là pour rassembler la communauté des dirigeants des sociétés à mission de la Nouvelle-Aquitaine, seulement 87 à ce jour, et favoriser le partage des valeurs qu’ils portent, qu’il s’agisse de groupes conséquents comme Maïf ou Kéolis ou des petites et moyennes entreprises qui maillent le territoire. « L’entreprise est sans arrêt soumise à de nouvelles contraintes. Il faut recoller le modèle stratégique et inventer de nouveaux process pour y répondre. »
L’ambassadeur est aussi un porte voix et une ressource: « Toute entreprise a des doutes sur sa façon de faire vivre sa mission. Il faut se mettre en tension positive, partager avec ses collaborateurs, tenter de jauger son niveau de maturité sur le sujet. La première chose c’est d’être sincère avec la démarche qu’on s’est fixée. »
La communauté s’appuie sur des chercheurs universitaires de Science Po ou des universités de Bordeaux et Pau pour bénéficier de leur regard transverse, de leur capacité à observer les évolutions de la société. « Nous construisons collectivement la boussole de demain. »
La loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte) a introduit la qualité de société à mission qui désigne les formes d’entreprise qui se donnent statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental en plus du but lucratif. Il s’agit pour l’entreprise d’affirmer publiquement sa raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. Ces éléments sont inscrits dans les statuts de l’entreprise et déclarés au greffe du tribunal de commerce. La qualité de société à mission est ainsi mentionnée au répertoire Sirene, la base de données des entreprises et des établissements.
La France compte 1330 sociétés à mission qui font travailler 700 000 salariés en France.
