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GENS D'AQUI !
3 min
PUBLIÉ LE 10/03/2023 PAR Corinne MerigaudAprès avoir enseigné l’éducation physique à des élèves puis à des étudiants en STAPS, Franck Linol a passé quinze ans à l’IUFM de Limoges à former les enseignants. Retraité depuis dix ans, il poursuit sa carrière d’auteur auprès de son acolyte le commissaire Dumontel. Il a écoulé plus de 60 000 exemplaires de sa série.
« C’est une chimère de croire que les écrivains sont profs de français même s’il y a une petite relation, admet-il. Il faut être connecté sur la vie sociale pour témoigner de la manière dont on vit dans la société aujourd’hui. Le milieu enseignant vit dans un ghetto. J’ai découvert la vraie vie quand je me suis mis à écrire » Voilà qui est dit…
Débuts laborieux
L’écriture n’est pas arrivée par hasard dans sa vie. Plutôt à un moment disons opportun sur lequel il ne s’étendra pas . « J’ai toujours aimé raconter des histoires et à un certain moment de ma vie, j’ai ressenti la nécessité d’écrire. D’abord pour moi et assez vite pour être lu. » Les débuts sont laborieux, les portes des grandes maisons d’édition restent fermées. « Une trentaine, toutes celles qui publient des polars » se souvient-il.
C’est Geste Editions basée à La Crèche (Deux-Sèvres) qui publiera son premier roman La Cinquième victime en 2010. Le plus vendu à ce jour. « Les gens qui ne me connaissent pas commencent par le premier pour connaître la vie de Dumontel, j’en ai vendu plus de 15 000 et il a été publié en format poche, l’an dernier, chez J’ai lu comme mon deuxième roman. » L’éditeur a flairé le bon coup avec ce personnage de série. « Il est forcément inspiré de moi mais il est très vite devenu autonome, assure-t-il. Cet ancien prof en avait ras le bol de l’ambiance Éducation Nationale. Par concours interne, il est devenu flic. Je cherche toujours à être crédible, c’est la base. »
Un épicurien, un type ordinaire qui nous ressemble
Dumontel n’a pas le profil du flic modèle, solitaire, sans illusions sur la vie. Et il aime les bons vins. « C’est le fil conducteur de la série avec les vins qu’ils dégustent au fil des histoires, avoue Franck, c’est un épicurien, un type ordinaire qui nous ressemble, il prend des médicaments, il fait des insomnies et il a un regard critique sur notre société. » Le personnage explique en partie le succès de sa série, tout comme les décors dans lesquels se reconnaissent ses lecteurs. L’auteur puise en effet son inspiration localement, à Limoges ou dans des villages haut-viennois. « Beaucoup s’identifie à Dumontel d’où le succès, il est limousin, il est très amoureux des beautés de sa région, de ses paysages et de son histoire. Il ne faut pas s’amuser à brocarder sa région ! »
Pour donner corps à ses aventures, Franck Linol se plonge dans des lieux qu’il affectionne après un gros travail de repérage. Les lecteurs se projettent facilement. « Des lectrices en majorité, corrige-t-il. Elles me disent qu’il doit moins boire, elles le trouvent sympa tout comme l’ancrage régional, les noms des bistrots, des restos, des villages, c’est très réaliste.» Dans son dernier roman Tout va bien darling ! , Dumontel va partir à la retraite, on le suit sur sa dernière enquête. Pas vraiment, car le romancier est entrain d’écrire son 18 ème roman où le commissaire tente d’élucider une vieille affaire.
Linol et Nivard, « Les Boileau Narcejac limousins »
Franck Linol a co-écrit trois polars à quatre mains avec son ami Joël Nivard récemment disparu. « Il cherchait le pitch, on en discutait et on écrivait à tour de rôle un chapitre en corrigeant ce que l’autre avait écrit. Il faut être très amis, avoir une confiance totale, je ne le ferai plus. Avec nos deux styles très différents, on en a inventé un troisième. On nous appelait les Boileau et Narcejac limousins ! ». Le troisième Meurtre en Corrèze sortira pour Lire à Limoges du 12 au 14 mai.
Dans son travail de romancier, Franck Linol a été influencé par Henning Mankell, Jean-Claude Izzo et René Frégni. Il écrit un à deux romans par an. « Je ne suis pas un fonctionnaire de l‘écriture, je peux écrire une heure le matin et deux heures l’après-midi ou rien. Il faut le plaisir, l’envie et l’inspiration. » Outre l’écriture, il organise des Cluedo géants avec la Compagnie « Asphodèle » qui rencontrent un vrai succès. Il animait des apéros polars avec Joël Nivard, lisant des extraits de leurs romans. Il continuera sans son binôme.
