Une vice-reine couronnée entre France et Espagne


C’est une question digne du jeu des 1000 euros : quelle est l’île dont la souveraineté change tous les six mois entre la France et l’Espagne? L’île des Faisans, sur la rivière Bidasoa entre la France et l’Espagne. Explications.

Leslie Casties | Aqui
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 02/08/2023 PAR Cyrille Pitois

Depuis ce mardi 1er aout, Pauline Pottier, fonctionnaire de l’administration française, est aussi vice-reine de l’Île des Faisans. Cette île inhabitée, longue d’environ 200 mètres, agrémente le fleuve Bidassoa qui fait office de frontière entre la France et l’Espagne, entre la province Guipuzcoa et la Nouvelle-Aquitaine, entre le Pays basque nord et le Pays basque sud, entre les villes de Hendaye et Irun. 

Pauline Potier, vice-reine de l'île des Faisans.Préfecture 64

Pauline Potier, vice-reine de l’île des Faisans.

Pendant longtemps, elle hébergeait des rencontres diplomatiques et royales entre la France et l’Espagne. Le 2 décembre 1856, elle est devenue un territoire officiel et officiellement très original : le traité de Bayonne ou traité des Pyrénées, signé entre les deux pays, lui a attribué le statut de condominium (ou condo), une zone sur laquelle les deux pays sont souverains.

Un changement de souveraineté deux fois par an

A ne pas confondre avec Andorre, Etat souverain depuis l’adoption de sa récente constitution en 1993 et dont les deux co-princes, le Président de la République française et l’évêque de Urgell, sont des chefs d’Etat indivis.

L’île des Faisans est donc un cas unique au monde: si d’autres condominiums ont pu voir le jour au fil de l’histoire et des continents, celui-ci est le seul avec une souveraineté alternée. Jusqu’au 31 juillet, l’Espagne était souveraine. Depuis ce 1er août, c’est la France. Et ainsi chaque année.

Le traité signé sur l’île a nécessité une vingtaine de conférences préalables pour mettre fin à des décennies de guerre entre la France et l’Espagne. Précédemment, l’île avait accueilli le mariage entre Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche.

Une stèle plutôt que des faisans

Cinq ans après la signature du fameux traité, en 1861, la reine Isabelle d’Espagne et Napoléon III font ériger une stèle en mémoire de la paix confortée entre les deux pays.

La stèle, c’est finalement tout ce qu’il y a à voir sur cet îlot qui n’est pas accessible aux visiteurs mais que l‘histoire et la littérature ont retenu : « Il n’y a pas de faisans dans l’ile aux faisans qui n’est qu’une façon de plateau vert », décrit Victor Hugo. Stendhal évoque « Une île couverte de gazon qui sort à peine de deux pieds hors de l’eau. »  

Faible intérêt touristique mais énorme symbole de concorde entre la France et l’Espagne, l’ilot est désormais sous administration française. La souveraineté est incarnée par la directrice départementale adjointe des territoires et de la mer des Pyrénées-Atlantiques, déléguée à la mer et au littoral, Pauline Pottier, une fonctionnaire de la République qui porte pour six mois le très monarchique titre de vice-reine de l’île des Faisans.

Ce titre a été choisi à l’époque par effet miroir à la nomination du commandant de marine de Saint-Sébastien, qui était lui bel et bien vice-roi du roi d’Espagne. La France désigne donc, sans sourciller, un vice-roi ou une vice-reine au Président la République.

Une passation de pouvoirs officielle s’est déroulée en fin d’après-midi ce 1er aout, avec transport des personnalités par bateau, dont Fabrice Rosay, sous-préfet de l’arrondissement de Bayonne, caution républicaine de ce couronnement.

Longue vie à la vice-reine, qui aura peut-être davantage de préoccupations avec ses autres fonctions dans les prochaines semaines, mais qui n’oubliera pas de sitôt cette royale attribution sur son CV !

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