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PUBLIÉ LE 28/11/2023 PAR Solène MÉRICCe n’est pas sans une certaine solennité que François Bayrou présente le projet architectural de réhabilitation de l’immeuble historique des Galeries Lafayette à Pau. Il faut dire que depuis 2016, le bâtiment à la façade style art déco en plein coeur de la ville, a des airs de maison fantôme. Mais d’ici « 3 ans et demi à 4 ans », l’immeuble sera de nouveau occupé et plus beau que jamais, ou presque.
« Ou presque » car le projet retenu dans le cadre du concours architectural lancé par la mairie, devenue entre-temps propriétaire des lieux via la société d’économie mixte Pau-Pyrénées, s’inspire plus que grandement de l’histoire architecturale tourmentée du bâtiment depuis sa construction au début du siècle. Un jeu de piste « d’archéologie architecturale » auquel s’est volontiers prêtée l’architecte Chamss Arouise, lauréate du concours et qu’elle raconte avec passion pour expliquer les fondements de son projet.
Ornements, courbes et marquise
« Nous avons trouvé de nombreux plans très précis du bâtiment, tant de sa façade que de son architecture intérieure », raconte-t-elle. Au-delà du foisonnement de plans et documents créés à l’époque par les architectes Lavoisière, son équipe constate surtout la richesse disparue d’un immeuble, et notamment de sa façade, « plein d’ornements et de courbes très typiques de l’art déco, auxquels était en plus adjointe une magnifique marquise ».
Si la façade actuelle reste impressionnante, les Palois le savent, elle est beaucoup plus sobre que cette belle description. Disparus les ornements, envolée la marquise et coupée la tête arrondie de l’immeuble au profit d’une tête plate et aux angles droits. Un architecte viennois reconnu, avec pour unique vision la « modernisation » du bâtiment, est en effet passé par là ; un certain Adolf Loos. Son combat à la veille des années 30 : « libérer l’humanité de l’ornement superflu ». « Un drame ! », selon Chamss Arouise, qui constate aussi que l’intérieur avait aussi beaucoup perdu de sa superbe initiale ; les propriétaires commerciaux étant sans doute au fil du temps de plus en plus en quête d’espaces à valoriser.
L’escalier monumental des plans de Lavoisière, n’était par exemple déjà plus là avant l’incendie de 2016. Celui-ci est venu mettre un point final à « cette falsification progressive du bâtiment tel que conçu par ses architectes » en détruisant, ou tordant, les poutres et poutrelles Eiffel qui subsistaient à l’intérieur comme derniers éléments du cachet du début du XXème siècle de l’immeuble.
studio Chamss Arouise Image de synthèse permettant de donner à voir l’intégralité du bâtiment telle qu’imaginé par l’architecte. A l’arrière le bâtiment pouvant accueillir le scénario d’un site à vocation mixte.
L’architecte lauréate, constate aussi que ce grand bâtiment, de par son emplacement géographique, constitue « un véritable vaisseau, un tunnel », qui fait le lien entre le Hedas (quartier historiquement populaire de Pau) et la très chic place Clémenceau. Une « transversalité fondamentale ». Si fondamentale que désormais l’arrière du bâtiment aura aussi une façade travaillée en verre gauffrée donnant sur un patio. Une touche de modernité qui donnera à voir et à ouvrir ce tunnel d’un quartier à un autre. Autre élément architectural nouveau et marquant apporté par Chamss Arouise, une coupole, sur le bâtiment « pour recevoir un restaurant panoramique », suggère-t-elle, tout en redonnant de la monumentalité au bâtiment.
15 millions d’euros de travaux, c’est le moins cher des 4 projets en concours
Quant à son unique et longue façade latérale visible, qui est pour l’heure un mur nu car, historiquement mitoyen à une construction désormais disparue, elle va aussi gagner en superbe et « en lyrisme », entièrement retravaillée, « par une trame répétée mais ornée de détails multiples ». Manière aussi, assume l’architecte de réserver la dimension économique du projet. Des travaux chiffrés pour l’heure à 15 millions d’euros (hors honoraires, démolitions, taxes, finitions…). « Le moins cher des quatre projets en concours », note François Bayrou visiblement enchanté de la proposition.
Celle-ci devant par ailleurs contenir une option architecturale à vocation mixte, c’est à dire non uniquement commerciale, mais comprenant aussi des espaces complémentaires à déterminer (tertiaire, logements, hôtel…) le cabinet de Chamss Arouise a imaginé un deuxième bâtiment à l’arrière dont la façade côté Hédas, reprend dans sa globalité, en la surélevant un peu, un des plans historiques d’une façade postérieure de l’immeuble commercial qui a complètement disparue de nos jours. Une façade qui plus est adaptable à de l’habitat, de l’hôtellerie ou autre, assure l’architecte.
Studio Chamss Arouise Le futur immeuble rénové du bâtiment des Galeries Lafayette à Pau avec une coupole permettant d’accueillir un restaurant panoramique – image de synthèse
Au total, la surface commerciale pré-existante de 4000 m² environ est conservée. C’était une des volontés de la SEM dans le cadre de la réhabilitation de l’immeuble. Et pour cause, François Bayrou insiste sur son choix de réinstaller là des commerces, et de redonner à ce bâtiment un nom de « Galerie(s) ». De là à voir le retour des Galeries Lafayette dans les locaux… peut être. « Retrouver la configuration à laquelle nous étions habituée serait l’idéal. Je parle avec eux », affirme le maire de la ville, bien conscient des difficultés et tensions économiques du groupe. L’hypothèse donc ne semble pas totalement exclue par les Galeries Lafayette elle-même.
Quelle que soit l’issue de ces échanges, les candidats commerciaux souhaitant venir s’installer dans ce totem du commerce palois, en plein coeur de ville ne manquent pas, assure François Bayrou. Une seule enseigne, plusieurs, à l’image de la Galerie des Grands hommes à Bordeaux, citée par Francois Bayrou. « Il y a beaucoup de volontaires, après il faut discuter du prix ». Quant à l’idée du restaurant panoramique, elle fait briller l’oeil du maire, qui, perçoit-on, aurait sans doute apprécier d’avoir eu cette idée le premier.
Calendrier prévisionnel
Novembre 2023 à novembre 2024 : une phase d’études estimée à une année comprenant le montage de l’opération, programmation, pré-commercialisation…
Décembre 2024 à juin 2026 : phase d’études, permis de construire…
Juillet 2026 à fin 2027 : travaux.
L’opération pourrait donc être livrée début 2028. « Nous allons essayer d’aller plus vite » , commente le maire de Pau.
