Avant qu’elle ne commence, entouré de deux historiques du club, Dospital, l’ancien international et Jean Saussié, qui fut en 2000 à l’époque du président Sallagoity un des pionniers de l’Aviron Pro, Manu Merin (notre photo) voyait le chapiteau de l’espace club affaires se remplir. Ils étaient 500 attendus, il en vint 878, vêtus des couleurs ciel et blanc pour la majorité. Quand le président monta sur scène, il fut copieusement hué et accompagné de « Mérin démission » sur l’air des lampions.
« Il s’agit pour moi d’un exercice difficile, coupait-il. Je ne me suis jamais exprimé devant une telle foule. J’ai accepté cette charge de président,qui est lourde, à la demande de Jean Grenet -NDLR. l’ancien maire de Bayonne qui fut aussi président de l’Aviron Bayonnais- et veux expliquer ce projet pour unir nos forces avec le BO… » « C’est Blanco qui est à la manoeuvre » lance un supporter et la bronca de se déchaîner… Le président du BO sera souvent cité et sifflé par la foule. Manex Meyzenc, un des présidents des clubs de supporters d’entre Nive et Adour venu en force veut calmer l’auditoire à l’invitant à écouter les explications de la présidence. Ce qui ne l’empêchera pas plus tard de poser la question de sa démission si le projet échoue…
A Biarritz, le couperet tombe…Ce n’était pas si bien dire. Démission! En fait c’est à Biarritz, qu’elle va intervenir de la part du président Serge Blanco -entre 1995 et 1998 et depuis 2008, après 10 ans passés à la tête de la Ligue nationale de rugby- (notre photo lors de sa conférence de presse en mai). En effet, alors que l’on en est aux explications à Bayonne, c’est jour de vote à Biarritz. Malgré un tifo de 50 m aux couleurs rouge et blanche déployé sur la Grande Plage par l’association des supporters Aupa BO (Allez le BO) dimanche après-midi, exprimant sa différence avec le futur grand club, on est confiant. Sur les 21 sections du BO omnisports, 20 de ses dirigeants ont voté pour ce projet. Et ce mardi soir, ses 224 membres passent au vote à bulletins secrets. Mais selon les statuts du club, il faut que les deux tiers des votants soient pour cette fusion. « Une aberration, dénoncait en fin de semaine Jean Grenet. Ce sont les amateurs qui font la loi quand les pros apportent les subsides et les subventions Nous avons une société privée, l’Aviron Rugby Pro qui finance l’association amateur, mais c’est elle qui décide du sort de celui qui donne l’argent. Ubuesque! »
Démonstration en sera faite hier soir donc à Biarritz à l’heure du vote à bulletin secret de 246 votants. 242 votes exprimés, 136 oui, 105 non. A la simple lecture du dépouillement on peut penser que l’élection est gagnée. Et bien non. Selon les statuts du BO Omnisports, il fallait une majorité des deux tiers, c’est à dire 161.
« Serge Blanco est furieux, annonce sa démission et qualifie la campagne d’Aupa BO « d’opération de piratage en règle. Un orgueil mal placé de la part de gens qui n’ont jamais mis la main à la poche. » Rejoignant ainsi les propos de Jean Grenet… L’appréciation était fusionnelle.
Un argument que tempère Henri Etcheto, conseiller municipal d’opposition de Bayonne et par dessus tout issu d’une famille dont l’histoire est intimement lié à l’Aviron: « Les associations supports que sont le Biarrirtz Olympique amateur et Aviron Bayonnais amateurs sont d’autant plus légitimes à décider de l’avenir de leur club qu’elles en sont les dépositaires et les garants moraux. »
A Bayonne, Manu Merin est effondré. Certes, il avait dit qu’un plan B pouvait repousser cette indispensable association mais avec le risque que « les pépites formées au club qui étaient décidées à tenter l’expérience de ce projet pourraient partir. » « Ce sont des professionnels et déjà les clubs s’interessent particulièrement à eux… Avec quelle équipe fonctionner demain? » Manu Merin avait donné sa parole à des joueurs qu’il les autoriserait à partir en cas de capotement du projet. La messe est quasimement dite et le vote tant redouté des supporters bayonnais apparement plus orthodoxes envers leurs couleurs que les voisins n’aura pas lieu. « Un naufrage du rugby basque », commentait dépité et avec justesse Manu Merin. En effet, les échafaudages financiers élaborés risquent de s’effondrer rapidement. Afflelou a retiré ses dernières billes, Capgemini et son président Serge Kampf était partant sur la fusion et a toujours suivi Serge Blanco. Pour lui le BO sans Blanco ne sera pas Aupa BO.
On peut même penser que cette issue pourrait aussi créer une certaine tension au sein de l’agglomération que ses cinq maires souhaitaient une et indivisible. Entre les élus de Biarritz et de l’Aviron Bayonnais, Jean-René Etchegaray et Michel Veunac par exemple qui avaient un point de vue différent sur le sujet.