Aéronautique, ingénierie, ou encore numérique : malgré l’importance qu’auront ces métiers demain, ces filières sont encore boudées par les filles. Pour faire face à ce phénomène, l’association Elles bougent vise à faire découvrir aux écolières, collégiennes, lycéennes et étudiantes les métiers des secteurs industriels, technologiques ou scientifiques.
Pourquoi avoir choisi ces métiers-là en particulier ?, Est-ce que vous avez fait face à des commentaires sexistes ?
Ce jeudi 4 avril, l’association organisait la 1ère édition d’Elles bougent pour demain, une journée de découverte et de sensibilisation à ces métiers et à leurs enjeux à venir. À cette occasion, 58 entreprises partenaires ont ouvert leurs portes, à travers 87 événements dans 17 régions. À Bordeaux, l’entreprise d’ingénierie Egis s’est dévoilée à deux classes de troisième du collège Cassignol.
« Qu’est-ce que vous avez fait comme études ? », « C’est quoi une alternance ? », « Pourquoi avoir choisi ces métiers-là en particulier ? », « Est-ce que vous avez fait face à des commentaires sexistes ? » … Dans la salle de réunion des locaux d’Egis, quartier Belcier à Bordeaux, 23 collégiennes s’interrogent. Face à elles, cinq collaboratrices de l’entreprise, employées au management de projet, aux travaux, au service RH, à l’environnement ou encore en tant que dessinatrice-projeteuse.
Informer et rassurer
Après avoir expliqué ce qu’est un « métier technique », elles plantent une à une le décor, en exposant leurs postes et leurs rôles. Présentes depuis deux ou dix ans dans l’entreprise, elles détaillent quels sont les avantages de leurs métiers, et à quels profils de candidates ces derniers s’adressent. Les travaux par exemple, sont faits pour « celles qui aiment l’action ». L’environnement, pour celles qui ont envie de « recréer des milieux ».
Mais surtout, après une heure de présentation et d’échanges, les équipes d’Egis tiennent à rassurer les collégiennes : « Tout vous est possible. On a tendance à croire que ce sont des métiers réservés aux hommes, mais vous pouvez y aller », affirme l’une des cinq salariées. « Il ne faut pas que vous hésitiez à vous lancer dans ces filières, parce que les garçons n’auront pas ces barrières-là », lance une autre.
« C’était intéressant, ça permet de mieux comprendre les métiers techniques », sourient Camille, Mathilde et Raphaëlle, toutes âgées entre 14 et 15 ans. Si elles n’ont « pas encore d’idées précises » du métier qu’elles aimeraient faire plus tard, certaines se verraient se lancer dans « des études de psycho », dans des « métiers scientifiques, plutôt en laboratoire », ou encore dans de « la médecine ou de la physique ». Leur professeur d’histoire-géographie semble satisfait de la rencontre. « Ça les rassure », soutient-il, tandis que la fin du collège est une période propice aux interrogations.
(Re)donner envie
Et il est vrai que malgré l’étendue des possibilités proposées par les métiers techniques, les filles y restent encore marginales. « Il y a à peine 25% de femmes dans le monde de l’industrie, depuis toujours », regrette Amel Kefif, directrice générale de l’association Elles bougent. « Le constat est qu’il subsiste encore des stéréotypes sur les métiers et secteurs d’activités, dès le plus jeune âge ». Le but avec les évènements comme celui-ci est donc de changer le regard que l’on peut avoir sur ces filières, afin de ne plus les voir comme quelque chose « de poussiéreux, d’ennuyeux, ou de redondant ».
« C’est sûr qu’il y a un aspect pédagogique », explique Eva Seel, responsable RH chez Egis et présente à l’évènement. « C’est aussi un premier réseau pour elles », soutient la chargée de recrutement, qui souligne l’aspect humain de l’opération. « Elles pourraient être nos filles, ou nos sœurs », affirme-t-elle, en confirmant que ces métiers sont désormais « pénuriques », fille et garçon confondus.