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PUBLIÉ LE 13/11/2023 PAR Solène MÉRICDébat et vote sur la proposition de renouvellement et d’approfondissement de la feuille de route régionale Néo Terra, dont la première version avait été adoptée en juillet 2019. Voilà le programme du jour dans l’hémicycle de l’Hôtel de Région à Bordeaux. Comme dans la version 1, restent au coeur des ambitions de cette feuille de route, la préservation des ressources naturelles, l’accélération des transitions agroécologiques et alimentaires, l’innovation économique et industrielle ou encore les déplacements et l’habitat.
De nouveaux défis
« La Région Nouvelle-Aquitaine poursuit son engagement systémique, systématique, ambitieux, dans la bifurcation que suppose, dans les politiques publiques, la crise climatique », synthétise Alain Rousset qui rappelle que l’Aquitaine puis la Nouvelle-Aquitaine « reste la seule région de France à ce jour à avoir mobiliser 400 scientifiques sur ces questions » d’analyse et d’anticipation des conséquences du réchauffement climatique à l’échelle de son territoire. Un étroite relation au monde scientifique établie depuis plus d’une décennie, qui se concrétisera à nouveau à l’occasion de cette plénière.
Quatre scientifiques de renom, interviendront en amont du débat et du vote des élus sur la nouvelle feuille de route. A la tribune : Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe no 1 du GIEC de 2015 à 2023, François Dubet, sociologue, professeur à l’Université de Bordeaux, l’économiste Jean Pisani-Ferry, professeur à l’Institut de Politique Economique de Paris et Président de l’institut de l’économie pour le climat (I4CE), ainsi que Gilles Boeuf, biologiste renommé ancien président du Museum d’histoire naturelle.
Des interventions qui permettront d’aborder quelques uns des nouveaux défis envisagés par la nouvelle feuille de route.
Car outre, la prise en compte de l’accélération du réchauffement, Néo Terra 2, qui pose, à l’image de son premier opus, un objectif global de décarbonation des activités et de préservation des ressources, vient aussi prendre en compte deux nouveaux défis. D’une part, l’impact du dérèglement climatique en terme de santé (dans une approche globale « one health » liant santé humaine, animale et végétale) et d’autre part, la conciliation nécessaire entre transition environnementale et sociale, au regard des inégalités que la première peut engendrer sur la seconde. A l’image « du mouvement social considérable des Gilets jaunes, né en réaction à une mesure en phase contre le réchauffement climatique », illustre notamment Alain Rousset.
Néo Terra 2 : Le nouvel espace temps de la transition écologique
Pour Guillaume Riou, vice-président aux transitions écologique et énergétique, Néo Terra 2 présente « un nouveau rapport au temps et à l’espace », avec « la nécessité d’accélérer les réponses à donner en termes de résilience et de protection des Néo-aquitains et des relocalisations à mettre en oeuvre en termes énergétique, industriel, d’agriculture, et donc d’alimentation, et en termes de ressources au sens large ». Manière de pointer que loin de la décroissance, transition environnemental et développement humain vont de paire avec le développement économique. « L’économie verte pèse 350 000 emplois en Nouvelle-Aquitaine », précise la Région, et l’ambition est d’aller plus loin.
Concrètement cette nouvelle feuille de route, « fruit d’une concertation considérable auprès de toutes les formations politiques, et de toutes les organisation professionnelles » se présente en 6 ambitions « structurées, claires et imagées », appuie les deux élus. « Nous avons voulu un document pédagogique, informationnel et nourri d’exemples.» En d’autres termes, un document accessible aux six millions de Néo-aquitains.
En complément d’une campagne de communication envisagée au 20 novembre, la Région s’attachera dès le début de l’année 2024 à décliner en solutions les orientations révisées de Néo Terra : « des cahiers des solutions doivent orienter, donner à voir les politiques ; ils seront aussi des outils de dialogue avec les territoires et les parties prenantes ». Une manière d’infuser la méthode Néo Terra sur l’ensemble du territoire régionale.
Une plénière sous tension ?
Suite au courrier d’une partie de l’opposition dénonçant un déroulé de séance laissant peu de place au débat démocratique sur la feuille de route Néo Terra 2, à partir de 18h00, après les interventions des scientifiques, Alain Rousset s’est dit « très surpris et amer. Un courrier indécent, estime-t-il, par rapport au travail accompli et la concertation mise en place depuis 18 mois. Je trouve ça immonde et d’une fainéantise démocratique totale! », s’agace-t-il. À la menace des élus de ne pas participer à la plénière, il répond fermement : « Il n’est pas question qu’on lâche quoi que ce soit. S’ils sont fatigués à 18h, j’en prendrai acte. »
Si un communique EELV en date du 10 novembre laisse entendre que les élus de ce parti en tout cas participeront finalement, malgré tout, à cette séance plénière, « tout en refusant de venir faire simplement de la figuration », le débat s’annonce aussi houleux sur le fond. Les premiers commentaires à l’égard du texte sont sans concession: « La nouvelle feuille de route Néo Terra proposée par la majorité est pleine d’incohérences et d’insuffisances. Le greenwashing et le “néo blabla” ne sont plus de mise, on dirait du “en même temps” à la Macron. On ne peut plus se contenter de bonnes intentions ! »
Au total, 40 amendements ont été déposés par les élus des différentes formations politiques. Les débats pourraient bien jouer les prolongations jusque tard dans la nuit.
