Prix de l’eau: la goutte de trop pour les agriculteurs


Ils étaient environ 150 à Pau et une centaine à Bayonne. Les agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques manifestent leur ras-le-bol, ce mercredi 25 octobre. Au menu les versements PAC, la MHE, l’eau...

Manifestation d'agriculteurs avec de nombreux tracteursSolène MÉRIC | Aqui

Au pied de la Direction départementale des territoires et de la mer à Pau, les agriculteurs sont venus dire haut et fort : "La coupe est pleine!".

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 25/10/2023 PAR Solène MÉRIC

Devant la sous-préfecture de Bayonne, ou au pied de la DDTM 64 à Pau, ils sont venus à l’invitation des syndicats majoritaires FDSEA et JA, avec force tracteurs, quelques tonnes à lisiers et remorques pleines de pneus, pour laisser un souvenir de leur passage. Sur les banderoles installées à Pau : « PAC = la grande illusion » ou « On vous nourrit mais nous on crève. »

Au micro, les responsables agricoles guidés par Corinne Nousty, Présidente de la FDSEA 64, se relaient pour détailler la liste de leurs revendications les plus lourdes : redevance, prédation, GNR, MHE, PAC… Leur demande globale, exprimée auprès notamment de la DDTM qui les a reçus dans la matinée : « Nous ne voulons plus d’un soutien économique au compte-goutte et sans lisibilité durable ».

Qu’il y ait des difficultés de paiements, ce n’est pas notre problème. À la fin c’est nous qui sommes en difficulté pour payer nos échéances

« C’est très bien de vouloir installer des agriculteurs de créer des exploitations, mais il faut derrière que les agriculteurs puissent en vivre. Créer des exploitations ne suffit pas !» synthétise Sylvain Bordenave, le président des JA 64, qui pointe particulièrement les retards de mise en paiement de la PAC. « Qu’il y ait des difficultés de paiements ou des dysfonctionnements de l’administration, ce n’est pas notre problème. À la fin ce sont nos trésoreries qui en pâtissent, et c’est nous qui sommes en difficulté pour payer nos échéances ! »

Taxations en hausse

Des aides que les agriculteurs réclament d’autant plus que la conjoncture, et particulièrement depuis ces deux dernières années, entre guerre en Ukraine et conditions météo difficiles, rend d’autant plus nécessaires à bon nombre d’entre eux. Paille, fourrage, aliment, intrant, engrais, GNR agricole (Gazole non routier)…  les charges pèsent de plus en plus lourd dans les exploitations. Sans compter l’échec de la loi Egalim, dénoncé par Jean-François Lacazette : « Sur un caddie de 100 € d’alimentation, 6,20 € vont au producteur. Nous ne ramassons que les miettes ».

Sans compter l’augmentation de certaines taxes prévues par le Projet de Loi de Finances 2024 en cours d’examen au Parlement (en partie déjà adoptée par la voie du 49.3). Est notamment citée par le représentant de la FDSEA, l’augmentation de la taxation sur le GNR, mais aussi l’augmentation de la redevance sur la pollution diffuse ou encore de la redevance prélèvement sur l’eau, qui ne manque pas de faire réagir dans le département.

Les messages de colère et de lassitude des agriculteurs du département des Pyrénées-Atlantiques se lisent sur les banderoles

Pour Guy Estrade, Président des irrigants des Pyrénées-Atlantiques, cette dernière augmentation, d’ores et déjà actée par le Comité du Bassin Adour-Garonne est la goutte d’eau qui fait déborder le vase des taxes. « Racket écologique organisé », « écologie punitive organisée par les intégristes de l’écologie », le responsable agricole ne décolère pas. La raison de son courroux : « la redevance irrigation pour 2024 augmentera de 50 %, et cela même si la PLF 2024 n’est pas encore votée ».

Crise sanitaire chez les bovins

Autre reproche fait à l’État : son manque d’anticipation, et de réponse, face à la crise sanitaire MHE (Maladie Hémorragique Epizootique) qui touche très fortement les élevages bovins du département. Transmise par les moustiques, la maladie peut être mortelle si elle est traitée tardivement, avec des premiers symptômes de courbatures notamment, pas toujours évidents à remarquer. Un traitement qui coute très cher pour les éleveurs indique Frédéric Carrère, éleveur et Secrétaire général adjoint du syndicat. « Il faut compter de 500 à 1000 euros selon le nombre d’animaux touchés », sans oublier de prendre en compte le coût des analyses et les frais vétérinaires.

57 % des broutards collectés pour l’Italie se révèlent être positifs

Pour la FDSEA, la demande est que les coûts directs et indirects liés à la MHE soient comptabilisés dans des enveloppes d’aides. « On demande une solidarité à l’État, au Département, à la Région, à l’Europe… si les marchés bloqués dans un premier temps ont pu être réouverts vers l’Italie pour les broutards sains, 57 % des broutards collectés pour l’Italie se révèlent être positifs à la MHE ». C’est beaucoup qui ne partent donc pas pour leur destination. « On arrive à en placer en France et en Espagne, mais il faut être vigilant sur les prix. Et pour pouvoir continuer à le faire, il ne faut pas que la maladie s’étende plus largement que la zone actuelle », anticipe-t-il.

Face au risque de dégradation du prix des veaux dans un marché pourtant en forte demande, les agriculteurs demandent à l’État de mettre en place des mesures pour maintenir ces prix, « pour la survie de la filière bovin viande dans le département ».

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