« Le rapport de la mission parlementaire sur les circuits courts, présidée par Jean Charles Taugourdeau, doit porter une vision alternative de l’économie sur la capacité des infrastructures locales, existantes ou à organiser pour favoriser la production locale, insiste Brigitte Allain, députée EELV de la Dordogne. Rapporteure de la mission, elle poursuit : « au cours des différentes auditions menées depuis la fin janvier, j’ai pu me rendre compte qu’à chaque fois, qu’on évoque une relocalisation de la production, on se heurte au manque de petits abattoirs locaux. »
Jeudi dans le cadre de cette mission, Brigitte Allain et Jean Charles Taugourdeau ont effectué un déplacement en Dordogne marqué par des auditions et une visite de l’entreprise d’insertion « question de culture » à Prigonrieux et à l’abattoir municipal d’Eymet, qui affiche une vraie rentabilité économique. En 2008, comme beaucoup de structures de ce type, il était menacé de disparition. Ces dernières années, de nombreux abattoirs ont fermé en France par manque de rentabilité économique, en raison de soucis d’agréments sanitaires. Malgré, des fermetures, le Sud Ouest et la Dordogne en particulier restent bien pourvus dans ce domaine. En Dordogne, il en reste cinq en activité : Thiviers qui réalise 19 000 tonnes, celui de la Sobeval à 20 000 tonnes (qui a la double particularité d’être mono produit et d’être intégré à une grosse société), Ribérac, Bergerac qui fait 7000 tonnes et enfin celui d’Eymet qui traite 800 tonnes.
Un outil nécessaire pour le territoire Le maire d’Eymet, Jérôme Bétaille s’est battu dès 2008 pour la sauvegarde de l’abattoir. « En 2008, le volume traité est tombé à 50 tonnes. Il était menacé de fermeture, aujourd’hui, ce site traite entre 700 et 800 tonnes ( des cochons, des bovins, des agneaux). Et il est économiquement viable. » Au cours de ces dernières années, la municipalité a entrepris d’importants travaux de mise en conformité, sur les bâtiments, dans l’équipement des frigos. Cela a représenté un investissement de 300 000 euros. L’environnement de l’abattoir a un bon tissu agricole avec notamment la proximité du Lot et Garonne où deux petits abattoirs, Tonneins et Castillonnes, ont fermé. Les clients sont pour trois quarts des professionnels (des artisans bouchers, charcutiers, des éleveurs qui commercialisent en direct ) et 20 % de particuliers. ils viennent du nord du Lot et Garonne, de la Gironde et du Bergeracois. Laurent Combeau, éleveur et adjoint témoigne de l’intérêt de cette petite structure : « L’abattoir répond surtout à des besoins de proximité. Il n’a pas vocation à faire des milliers de tonnes en volumes. Avec un volume de 700 à 800 tonnes, le site est viable, atteindre les 1000 tonnes serait idéal mais pas plus. Je suis éleveur sur la commune et je commercialise une partie de ma production en vente directe et c’est un atout d’avoir cet outil à proximité. J’économise des frais de transports. La prochaine étape est d’obtenir l’agrément en bio. De plus en plus de producteurs bio frappent à la porte. » Le Lot- et- Garonnais, Gérard Nusse est l’un des deux gérants du site. Il témoigne : « pour les artisans bouchers et charcutiers, cela permet d’avoir une viande de meilleure qualité , car l’animal n’a pas voyagé pendant des kilomètres avant qu’il soit abattu. »
D’autres investissementsD’autres investissements sont programmés pour assurer l’avenir et sécuriser l’activité de l’abattoir qui compte 5 emplois. « La commune a acquis le bâtiment situé en face et les parcelles avoisinnantes sont en cours d’acquisition. Car il faut qu’il y ait le moins de nuisance possible par rapport au voisinage. N’oublions pas que nous sommes à 500 mètres de la bastide classée. Parmi les projets, il existe aussi un atelier de découpe, » poursuit le maire. A terme, l’abattoir d’Eymet, actuellement municipal, devrait devenir communautaire ou inter communautaire. L’abattoir d’Eymet est un bel exemple de ce qui peut être fait pour favoriser le développement ou l’émergence d’une production locale. Cet exemple périgourdin n’est qu’un aspect de la mission parlementaire sur les circuits courts qui aborde aussi « l’étiquetage des produits de la région », ou encore la « révision des codes des marchés publics pour l’introduction de produits bio et locaux dans les cantines ».