En fin de semaine dernière, à l’initiative de la chambre d’agriculture de la Dordogne, une demi-journée d’échanges autour de l’agriculture biologique et de son avenir a été organisée dans les locaux du pôle interconsulaire de Coulounieix-Chamiers (24). L’occasion de présenter les chiffres périgordins, en pointe par rapport aux nationaux, mais aussi d’évoquer le contexte économique autour de ce système de production, et son avenir.
Après la présentation des chiffres de l’agriculture biologique en Dordogne (voir ci-dessous), et des dispositifs de soutien et d’accompagnements à l’agriculture biologique existants au niveau national, régional, et départemental, le débat a été rythmé des nombreuses questions d’une assistance fournie, composée en grande majorité d’exploitants convertis en bio. La question de l’équilibre des marchés a été centrale.
Pour certains, la réflexion doit se concentrer sur l’objectif de globaliser les pratiques vertueuses à l’ensemble de l’agriculture, pour tendre vers 100 % des exploitations en agriculture biologique. Pour d’autres, à l’opposé, face à un manque de demande sur les marchés, les questions doivent se poser sur l’intérêt de maintenir par exemple une aide à la conversion en bio… Un paradoxe prouvant le doute qui habite la filière.
L’agroécologie, une obligation
Des doutes, Marc Dufumier, agronome, longtemps enseignant-chercheur d’AgroParisTech, n’en a pas sur la suite à donner. « L’enjeu, c’est celui d’une alimentation de grande qualité nutritionnelle, sanitaire, et gustative, sans antibiotique dans la viande, sans perturbateur endocrinien dans les fruits, les légumes, et les céréales, et sans pollution majeure ou dégradation du cadre de vie, de l’environnement », commence-t-il.
Pour lui, une seule réponse peut être apportée : l’agroécologie, en considérant que l’agriculture n’est pas une production mais plutôt un écosystème complexe où interagissent la plante, le sol, l’animal. Pour répondre aux défis qui sont déjà présents, emprunter la voie de l’agroécologie n’est pas un choix, mais une obligation pour ce dernier. Cela passe par une refonte de la façon de penser une production, un système cultural.
Je parle d’une agriculture intensive à l’hectare
Face à des ressources qui se raréfient, il faut faire appel à l’énergie solaire, dont la plante se nourrit pour produire une énergie alimentaire, au carbone de l’air, à la captation dans le sol de l’eau de pluie, au retour des arbres autour et dans les parcelles, pour apporter des éléments minéraux du sol aux cultures. Il faut développer les légumineuses dans les assolements, travailler à la reconstitution de l’humus des sols…
« Je parle d’une agriculture intensive à l’hectare, associant plusieurs cultures sur les mêmes parcelles, reliant agriculture et élevage, demandant un gros besoin de main-d’œuvre. Cela va demander aussi une capacité à rémunérer le travail, et une capacité à rémunérer le service environnemental », conclut Marc Dufumier.
En chiffres
La France compte plus de 60 000 fermes en bio, soit 14 % de ses fermes. Le chiffre est similaire en Nouvelle-Aquitaine (environ 9 000 fermes en bio, soit 14 %). Mais la Dordogne fait bien mieux, avec 1 448 fermes en bio, soit 23 %.
Les observations sont les mêmes en se penchant sur les surfaces. La France compte 2,9 millions d’hectares en bio, soit 10,7 % de sa SAU (Surface Agricole Utilisée). En Nouvelle-Aquitaine, le chiffre est de 377 830 hectares en bio (9,7 % de la SAU). La Dordogne fait mieux là aussi, avec 47 321 hectares en bio, soit 16 % de sa SAU.